Le 22 juillet dernier, on apprenait sans trop y croire la disparition d'Ozzy. Le Madman. Le Prince des Ténèbres. Le chanteur de BLACK SABBATH, sans qui la face du metal aurait été tout autre. Le survivant aussi qui, sans l'implacable Sharon, son épouse et manageuse, serait allé grossir depuis des décennies les rangs des musiciens foudroyés, victimes de leurs multiples excès. On le savait bien sûr très diminué, quasiment incapable de se déplacer et de rester debout depuis qu'une grave chute chez lui, sept ans plus tôt, l'avait privé de l'ultime tournée – le “No More Tours 2” au titre étrangement prémonitoire – qu'il rêvait de faire. Et il souffrait également de la maladie de Parkinson, comme Glenn Tipton, guitariste de JUDAS PRIEST, qui a dû renoncer aux concerts depuis plusieurs années.
On savait également que jusqu'au dernier moment, même si le chanteur s'était entraîné physiquement et préparé du mieux qu'il le pouvait, ce fameux “Back To The Beginning” à Birmingham, là où tout avait commencé pour lui et pour BLACK SABBATH à la fin des années 60, pouvait ne pas avoir lieu compte tenu de sa santé chancelante. Mais le 5 juillet, son chant du cygne a bien eu lieu. Et quelle apothéose ! Des dizaines de groupes et de musiciens parmi les plus connus, parmi les plus grands de la scène metal et hard rock, étaient sur scène pour rendre hommage à Ozzy et au Sabbat noir avant que la soirée ne s'achève avec le maître de cérémonie. Installé sur un trône noir, accompagné de Zakk Wylde, Mike Inez, Tommy Clufetos et Adam Wakeman, il a interprété cinq des titres les plus emblématiques de sa carrière solo : “I Don't Know”, “Mr. Crowley”, “Suicide Solution”, “Mama I'm Coming Home” et l'hymne “Crazy Train”. “No More Tears” figurait également sur la setlist en tant que rappel potentiel, mais n'a pas été joué…
Une célébration suivie en livestream par des millions de fans dans le monde entier, qui a généré plus de 160 millions d'euros de recettes qui seront reversés à part égales à trois ONG choisies par Ozzy. Et même si ce final était indubitablement doux-amer, d'un point de vue personnel, il a permis au chanteur de réaliser son rêve. Et au passage, backstage, d'accepter de donner la main de Kelly, sa fille, à son fiancé Sid Wilson, DJ de SLIPKNOT et père de son petit garçon.
Avec cet adieu à la scène en fanfare, on pouvait – pourquoi pas ? – espérer une nouvelle chanson en studio un de ces jours. D'autant que le double O avait des projets et avait même envoyé un SMS à Jake E Lee, son guitariste sur « Bark At The Moon » (1983) et « The Ultimate Sin » (1986), invité après avoir été blacklisté par Sharon pendant près de 40 ans, lui disant qu'il aimerait le revoir et rattraper le temps perdu.
Le destin en a décidé autrement. Dix-sept jours plus tard, Ozzy a été victime d'un malaise chez lui. Les urgentistes ont tout tenté pour le ranimer pendant près de deux heures. En vain. Peut-être qu'après être allée jusqu'au bout, après avoir réalisé son ultime rêve, la machine s'est tout simplement arrêtée. C'est ainsi que la légende nous a quitté(e)s, à l'âge de 76 ans, et nous a toutes et tous un peu laissé(e)s orphelin(e)s, simples fans comme musiciens. C'est un monstre sacré qui est parti, une des rares légendes encore en activité, que l'on a aimé autant pour sa musique que pour son personnage. Un peu lunaire, un peu paumé, même si on le soupçonne d'en avoir un poil rajouté, l'humour chevillé au corps, désespérément “dépendant” de sa Sharon et tellement attachant.
Hier 31 août, neuf jours après sa disparition, Ozzy a été inhumé sur le terrain de son manoir situé dans le Buckinghamshire, un comté dans le sud-est de l'Angleterre. La cérémonie, privée, a réuni une centaine de personnes, pour la plupart issues du monde de la musique et pour la plupart présentes le 5 juillet dernier au “Back To The Beginning” – des membres de BLACK SABBATH à Zakk Wylde, en passant par Robert Trujillo, James Hetfield, Corey Taylor, Rob Zombie, Manson, Yungblud et Sir Elton John. On n'en sait évidemment pas grand-chose, si ce n'est qu'il a été enterré à côté d'un lac de sa propriété et qu'il y avait une couronne de roses qui disaient “Ozzy fuckin' Osbourne”… Comme pour dédramatiser un peu l'instant.
La veille, un cortège funèbre, en présence de la famille du défunt chanteur – Sharon et leurs enfants, ainsi que son fils de son précédent mariage –, avait été organisé à Birmingham, afin de permettre à des milliers de fans de faire leurs adieux à la dépouille mortelle de celui dont le nom demeurera à tout jamais gravé dans les Tables de la Loi du metal. Un événement financé entièrement par la famille Osbourne et retransmis en livestream (voir en fin de news), qui a vu le corbillard transportant son cercueil rejoindre le Bench and Bridge BLACK SABBATH (le banc et le pont BS), où les fans avaient déposé bouquets, souvenirs et hommages depuis l'annonce de son décès, le 22 juillet. La famille a promis de tout récupérer et de lire chaque lettre.
Une version de 100 minutes de “Back To The Beginning”, devenu doublement historique, sera projetée en début d'année au cinéma. Quant à Last Rites, un livre documentant les sept dernières années du combat d'Ozzy contre la maladie – mais pas que, il sera publié (en anglais) le 7 octobre.
En juin dernier, Liquid Death avait mis en vente 10 cannettes d'ice tea contenant des traces d'ADN d'Ozzy, ce dernier les ayant bues sans paille. Ce qui signifie qu'elles contenaient des traces de salive. « Une fois que la technologie et la loi fédérale le permettront, les fans pourront utiliser cet ADN pour cloner Ozzy dans le futur et en profiter pendant des centaines d'années » disait avec humour le communiqué de presse de la marque de boissons californienne. Chaque cannette recyclable, scellée et portant la signature du Madman, coûtait 450 dollars (environ 390 euros). Parmi les heureux possesseurs, on compte un certain Travis Barker, batteur de BLINK-182, qui a également joué au “Back To The Beginning”…
See you on the other side, Oz. En attendant, on a des centaines d'heures de ta musique à réécouter.
[ADDENDA 8 août 2025] : Précisons que la vidéo virale qui tourne depuis plusieurs jours sur le Net et affirme que Les Simpson, dont les créateurs ont été visionnaires pour bien des événements, ont prédit la date de sa mort dans un épisode diffusé en 1998 est un fake. Il s'agit en effet d'images générées par IA après sa disparition et si le Prince des Ténèbres est effectivement apparu dans la célébrissime série, c'est dans le 22e épisode de la saison 11 diffusé pour la première fois en mai 2000 aux USA et 15 mois plus tard en France sous le titre “Derrière les Rires”. Fuck l'IA !
