6 octobre 2025, 18:55

RAGE

"A New World Rising"

Album : A New World Rising

Il est des groupes qui empêchent les chroniqueurs de glander. RAGE à lui tout seul alimente depuis des années mes nuits blanches. A peine l’excellent double album « Afterlines » digéré que déboule « A New World Rising ». « Au turbin mon Tintin », me glisse mon rédacteur chef.

Une cyber intro annonce l’arrivée de ce nouveau monde. Des hauts parleurs portent l’écho de médias catastrophiques mondiaux, les instruments s’accordent, puis des guitares hennissent en mode SLAYER sur "Innovation", tandis que la rythmique se met à claquer sauvagement, de façon presque punk, avec toutefois le cachet RAGEux typique, musique rapide et cette voix éraillée de Peavy Wagner. Ca claque, ça tabasse, mais toujours avec un groove catchy et des refrains accrocheurs. Un titre adopté dès la première écoute.
"Against The Machine" hausse encore le ton avec une musique véhémente et revancharde, avec une agréable déclinaison symphonico-arabisante dans son break. RAGE aime lâcher des hymnes, et nous voilà à nouveau bien servis. Rebelle attitude pour un "Freedom" aux riffs en forme de salves de canons panzer de 88 millimètres et des « ho ho hooo » fédérateurs, le message passe crème sans en saisir les paroles tellement ce heavy thrash interpelle tout naturellement nos tripes.

Après une bousculade dans les règles, "We’ll Find a Way" est en effet speed et huileux à souhait, avec cette voix si prégnante et ce duo basse-batterie qui se déchaîne sans vergogne, il est question d’un lâcher prise très électrique et furieux, ne nous y trompons pas, Peavy a toujours le feu sacré et délivre un "Cross The Line" qui fait mouche avec un excellent crossover heavy et classique metal. La rugosité huileuse façon RAGE. Quant à "Next Generation", voilà un morceau qui mêle la hargne à une indéniable volonté de séduire, tant la voix interpelle avec sincérité. Avec également des déclinaisons bienvenues, telles "Fire In Your Eyes" plus poignant et où pointe une nostalgie hard rock subtilement eighties. Une mise à nue que l’on apprécie avec bonheur. La sensibilité à l’allemande, c’est une réalité trop méconnue, « goethe mit uns » pourrait-on affirmer.

"Leave Behind" nous fait chevaucher sur un rythme improbable de gigue, avec un goût rock d’asphalte australien qui nous mènerait jusqu’à un PARKWAY DRIVE si on se laissait aller. "Paradigm Change" échange le roadster contre un deux roues débridé pour foncer plein sud, vers une pure liberté rock. On adhère, et pas qu’au bitume. Une réelle virée hors des sentiers battus du heavy historique, ou quand RAGE livre un metal moderne que reflète ce "Fear Out Of Time" abrasif aux intéressantes variations vocales. Cet album fait fi de toute routine. Alternances, retour au heavy bourrin du début sur "Beyond The Shield Of Misery", généreux riffs hurlants et tabassage furieux de saigneur. L’étrange et protéiforme "Straight to Hell '25" est un au-revoir groove heavy très moderne, le titre synthétise à merveille l’esprit multiple qui habite le moment que nous venons de vivre.

RAGE est un groupe habité par un esprit metal transtemporel, ce monde émerge sur la musique séculaire metal, une badass attitude qui trompe l’ennui avec subtilité et furie, RAGE n’a pas fini de meubler mes nuits blanches !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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