Visionnaires respectés par toute la scène punk et hardcore, REFUSED ont participé à former la scène actuelle avec un mélange de styles détonnant, avec pour cœur un esprit hardcore et DIY dévastateur. Mais le temps ayant fait son effet, les problèmes de santé de Dennis Lyxzén, frontman du groupe ont mené à une tournée d’adieux, qui a conclu la série de concerts parisiens du groupe le 8 octobre dernier, en compagnie de QUICKSAND et BLEAKNESS au sein du légendaire Elysée Montmartre. C’est donc pour une soirée de célébration que nous découvrons une dernière fois le groupe sur scène, en compagnie des fans pour lesquels le groupe a compté le plus.
Cette soirée qui pourrait être solennelle, se veut une célébration, et c’est donc avec le groupe français BLEAKNESS que la soirée commence ! Avec une énergie qui fait plaisir à voir, le trio propose un mélange de punk-rock teinté de rock gothique sans artifice et sans transitions, dédiant tout de même un single ("Resurrection Kills") aux gens qui essaient de rendre le monde meilleur en ces temps sombres. Une attention qui aura trouvé écho dans les acclamations du public, de plus en plus investi dans le set. Le groupe expliquera d’ailleurs au cours de celui-ci avoir été repérés par Dennis Lyxzén en Suède, qui aurait personnellement recommandé le groupe pour ouvrir cette soirée d’adieu. Une ouverture réussie, et on retournera certainement voir BLEAKNESS avec plaisir.

Légendes de la scène hardcore de New York dans les années 90, et innovateurs effaçant les limites entre les styles musicaux, QUICKSAND sont également très attendus ce soir par les fans du style. C’est donc avec bienveillance que nous voyons le trio monter sur scène en toute détente, mélangeant un côté BEASTIE BOYS et un style de riffs à la NIRVANA à leur hardcore. Le jeu de scène est simple, restreint par les pieds de micro (le fait de chanter en jouant de la guitare ou de la basse limitant les mouvements), mais on gardera un sourire accroché durant le set complet de 10 titres, qui aura su nous préparer doucement avant la tempête de REFUSED qui suit.

Quicksand © Aurélie Renault

Aussi nonchalants qu’à leur habitude, REFUSED entrent simplement en scène devant un backdrop normal, un drapeau palestinien posé sur l’ampli de basse. Dennis Lyxzén lâche un « ‘sup Paris ? » avant de lancer progressivement le chaos sur le classique "Poetry Written In Gasoline". La set-list sera composée de classiques toute la soirée, c’est clair dès le début, et encore plus après l’enchaînement entre "The Shape Of Punk To Come" et "The Refused Party Program". Absolument déchaîné, le groupe suédois n’est pas venu prendre de prisonniers et se donne comme s’il s’agissait de son dernier concert.
Le frontman adressera d’ailleurs quelques messages, à commencer par « si vous pensez que les personnes trans ou LGBTQ sont un problème, vous êtes le problème ». REFUSED n’est pas un groupe pour tout le monde, et dont les membres ne craignent pas de faire savoir leurs opinions aussi énergiquement qu’ils jouent leurs riffs ! "Economy Of Death" aura droit à un chant pro-Palestine par le public, avant le très attendu "Refused Are Fucking Dead", morceau ayant donné son nom à la tournée.
Paris aura droit aussi à quelques surprises également, comme "I Want To Watch The World Burn", issu de « War Music », ou encore "Soft", deux titres rares que les connaisseurs auront su apprécier, en particulier le deuxième, véritable brûlot hardcore qui aura déchaîné le pit ! Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et les deux hits "Elektra" et "New Noise" s’enchaînent tels des clous dans un cercueil, humidifiant les yeux de fans hurlant les paroles à tue-tête.
Pour conclure le set principal, REFUSED a prévu un de ses morceaux les moins accessibles, mais les plus cathartiques : "Tannhauser/Derivè", aussi complexe qu’attendu par les amateurs de "The Shape Of Punk To Come". Le silence se fait absolu alors que le groupe enchaîne les passages de ce single sombre et magnifique, avant une ovation titanesque saluant la carrière du groupe suédois. Une courte pause puis le groupe revient. Dennis Lyxzén ironisera d’ailleurs sur le fait que les concerts sont trop longs pour leur âge, et qu’il faudrait des sets de 20 minutes pour les groupes de 30 ans de carrière également, puis il finira sur un morceau de choix : "Coup d’Etat", classique purement hardcore au titre français, issu de « Songs To Fan The Flames Of Discontent ». Quoi de plus adapté pour saluer une dernière fois le public français ? Après un dernier adieu, une pensée nous vient : « REFUSED are fucking dead », longue vie à REFUSED.
Photos © Aurélie Renault
