
La progression continue que connaît VOLBEAT dans notre pays depuis des années a paru un temps contrariée par la contre-performance réalisée il y a presque trois ans au Zénith de Paris : non pas un mauvais concert, mais une affluence pas du tout à la mesure du poids du groupe. VOLBEAT et son tourneur, GDP, retentent pourtant l’expérience ce dimanche et, cette fois, c’est un succès : en configuration certes réduite, la salle s’avère quand même nettement plus remplie qu’en 2022.
Peut-être la présence d’une première partie attractive, BUSH, y est-elle pour quelque chose ? Rôle que n’a certainement pas joué le groupe évoluant avant BUSH, WITCH FEVER, un quatuor féminin britannique, dont le rock noisy et abrasif nous fait fuir vers le bar, comme bien d’autres spectateurs.
Ce dimanche soir, les choses sérieuses débutent donc pour nous avec BUSH, pas vu sur une scène parisienne depuis 2012 et un concert en ouverture de NICKELBACK, déjà au Zénith.
Depuis, la formation a sorti plusieurs albums, opté pour un virage nettement plus metal, avant de revenir sur le dernier, « I Beat Loneliness », vers des ambiances plus électroniques.
Bonne surprise, BUSH choisit sur cette tournée de monter le volume à fond. C’est même un véritable tir de barrage sonique auquel se livrent les quatre musiciens, qu’on ne savait pas autant inspirés par le nu-metal.
Rythmique colossale, riffs de guitare tranchants, chanteur en pantalon de jogging sautant en permanence sur place, ça ne vous rappelle rien ?
BUSH démarre avec son tout premier tube, l’entraînant "Everything Zen", toujours aussi addictif, dont le guitariste Chris Traynor restitue avec maestria les parties de slide figurant sur la version studio. Après le non moins puissant "Bullet Holes", place à la première nouveauté de la soirée, "The Land Of Milk And Honey", qui tient bien la rampe. Le chanteur et parfois guitariste, Gavin Rossdale, le seul à être présent depuis le début, s’aventure immédiatement sur l’avant-scène, et tente parfois de s’exprimer en français, « on va rentrer l’an prochain », sûrement comprendre « on reviendra en 2026 »…
La partie est gagnée à mi-parcours, lorsque BUSH s’attaque au patrimonial "Come Together" des BEATLES, un choix approuvé bruyamment par le public. Le groupe peut désormais se permettre un écart, à savoir "Swallowed", ballade qui avait cartonné en 1996, livrée en mode intimiste, juste Rossdale et des chœurs féminins pré-enregistrés.
"I Beat Loneliness" et "Flowers On A Grave" concluent le set, ne nous donnant qu’une envie : enfin revoir BUSH lors d’un concert entier !

Avant d’entrer sur scène à 21h05, VOLBEAT projette sur les deux écrans verticaux disposés de côté un petit film montrant une fillette et un bouc.
Un petit coup de satanisme de pacotille, ça ne fait jamais de mal, et ça chauffe un peu plus la salle, impatiente de revoir les Danois.
Michael Poulsen, qui possède un sens de l’humour jamais démenti, débarque en tee-shirt Jean-Michel Jarre, tandis que son deuxième guitariste, l’intérimaire Flemming C. Lund, qui tourne avec le groupe depuis 2023, a lui choisi de faire la promotion de KREATOR...
L’essentiel, c’est cependant que VOLBEAT fasse du VOLBEAT. "The Devil’s Bleeding Crown" pour débuter, "Lola Montez" pour confirmer, le groupe est chaud, et le public tout autant. Lorsque Poulsen estime que la foule n’a pas chanté assez fort lors de la fin de la deuxième chanson, ses musiciens et lui reprennent ce coda, et Poulsen délivre son satisfecit : « Mais pourquoi vous n’avez pas fait ça la première fois ? », rigole-t-il.
Il s’amuse bien également avant "Sad Man’s Tongue", jouant à la guitare acoustique le premier couplet du "Ring Of Fire", de Johnny Cash, lui rendant hommager et se déclarant coupable : « On lui a tout volé pour cette chanson, et on en est fiers », plaisante-t-il avant de lancer "Sad Man’s Tongue", il est vrai assez proche de l’hymne du countryman en noir.
"Demonic Depression" n’est peut-être pas le morceau le plus intéressant du dernier album, « God Of Angels Trust », sorti en juin dernier, mais c’est quand même lui que choisit VOLBEAT pour révéler la première nouveauté du jour, un titre rapide et percutant.

Après "Fallen" et "Shotgun Blues", nouvelle séance de stand-up, ou presque. Guitare acoustique en bandoulière, Poulsen demande au public s’il peut répéter d’un trait le titre de la chanson qu’il s’apprête à interpréter. Sachant que c’est, merci le "copier-coller" de Word, "In The Barn Of The Goat Giving Birth To Satan’s Spawn In A Dying World Of Doom !" C’est sûr que "La Chèvre", c’était déjà pris.
Poulsen délire un moment là-dessus, avant de conclure que VOLBEAT n’est pas là pour prêcher une religion, quelle qu’elle soit : « Nous ne croyons qu’en papa, maman, et une bonne glace ! » Un concept qui se défend...
Après "By A Monster’s Hand", place au riff imparable de "Heaven Nor Hell", et à une initiative sympa : Poulsen annonce que le bassiste, Kaspar Boye Larsen, offrira un tee-shirt au premier slammeur qui arrivera à ses pieds sur ce morceau.
Et un client heureux, un de plus !
Bref, il se passe toujours quelque chose sur scène, entre les facéties du maître de cérémonie, et les mélodies ultra-mémorisables de "The Devil Rages On", "Die To Live", "Black Rose" ou encore "For Evigt".
Seule petite faiblesse, à notre goût, le plus calme "Time Will Heal", qui fait retomber un peu trop la pression.
Comme sur le reste de la tournée, et à la différence des concerts parisiens précédents, VOLBEAT joue son répertoire sans s’arrêter, sautant l’étape du rappel. Ce sont donc les excellents "Still Counting", et son début reggae, puis l’enchainement "A Warrior’s Call" et "Pool Of Booze, Booze, Booza", ponctué de quelques « fight, fight, fight » lancés à pleins poumons par les spectateurs, qui concluent en apothéose le concert. Une heure et demie pile qui efface facilement le souvenir du show plus mitigé de 2022.
