
Imaginons que vous n’ayez pas réussi à remporter le précieux sésame pour la prochaine édition Hellfest 2026 et, qu’après tout, parcourir quelque 1500 kilomètres vers le nord de l’Europe ne vous rebute pas s’il s’agit d’allier metal et tourisme sur fond parfumé de soufre. Depuis quelques années, Julia Nikiforova, notre photographe et correspondante dans les contrées scandinaves parcourt les festivals nordiques et vous explique maintenant comment le Copenhell est devenu, à Copenhague, une alternative intéressante à Clisson si vous n’êtes pas chanceux ou un complément indispensable, si vous avez la santé et les finances. Direction l’enfer… à la danoise !
COPENHELL 2025 : 666 raisons de se jeter dans la folie sonore danoise
Les portes de Refshaleøen - ce recoin isolé de beauté industrielle à la lisière de Copenhague - se sont refermées en juin dernier, après avoir libéré sa tempête familière de son, d’acier et d’émotions.
A travers la nouvelle campagne "666 Reasons to Party", lancée en 2026, Copenhell rappelle que le metal au Danemark n’est pas seulement vivant, mais qu'il y prospère, avec une petite singularité entre puissance, intimité et coolitude.
Voici six raisons d’y aller - mais une fois sur place, les 660 autres se révéleront d’elles-mêmes : 666 moments de bruit, de rires, de verres trinqués, de sueur, de riffs et de pure libération.
Avant de se tourner vers PAPA ROACH, IRON MAIDEN, BRING ME THE HORIZON et le reste du line-up annoncé pour 2026, petit flashback sur la poussière soulevée et les décibels crachés au Copenhell 2025.
Six raisons de savourer l’été à Copenhell
Il y a bel et bien 666 raisons de faire la fête à Copenhell - en voici six qui en capturent l’esprit et ouvrent l’appétit.
1 · Parce que l’ordre y côtoie le chaos
Ou comment organiser l’Enfer… C’est calme, propre, efficace - et complètement dément à la fois. Un type en corpse paint crache du feu à côté d'agents de sécurité souriants, le son est impeccable, et pourtant tout semble prêt à exploser à tout instant. On peut danser jusqu’à l’aube au metal disco du Beergarden, se marrer à Copenhell CON et même rejoindre la nouvelle Rock Academy si on est accompagnés de ses enfants. Ou alors, vogue simplement de scène en scène sous l’immense panneau Copenhell qui brille sur la colline comme un Hollywood nordique. C’est ça le paradoxe : le souci du détail et la folie, main dans la main.
2 · Parce que l’île devient vivante
Refshaleøen n’accueille pas Copenhell - elle le devient. L’endroit ressemble à un chantier naval post-apocalyptique transformé en œuvre d’art : flammes, grues, chaînes et camions à bière. Chaque recoin pourrait servir de décor à un clip. Et quand la nuit tombe, l’île brille comme une forge. Le sol vibre au rythme de la basse ; même le vent bourdonne en drop-D. De jour, c’est acier et sueur ; de nuit, lumière rouge, silhouettes, et un battement de cœur collectif.
3 · Parce que chaque groupe compte
Ce n’est jamais qu’une question de têtes d’affiche - c’est une question de qui saigne pour la scène. De SLIPKNOT à MNEMIC, d’ABBATH à MYRKUR, chaque artiste monte sur scène comme s’il défendait son territoire. Les petites scènes frappent aussi fort que les grandes - surtout Gehenna, nichée dans la forêt, où le son devient personnel, où tu peux voir le blanc des yeux du chanteur.

4 · Parce que c’est comme se sentir à la maison, dès la première fois
Il y a dans l’air quelque chose qui dépasse le simple bruit. Une sensation d’appartenance t’envahit à Copenhell, surtout quand tu y reviens chaque année. Tout le monde arrive avec le même état d’esprit : parler aux inconnus, partager des bières, rire en plein moshpit, aider celui qui tombe - et en quelques heures, tout devient familier. Ce n’est pas juste un festival ; c’est une réunion de famille que tu ignorais attendre. Du métal avec du cœur - une famille forgée dans la distorsion.
5 · Parce que c’est d’une diversité folle
Ces dernières années, Copenhell s’est réinventé. Le changement est clair : une plus grande diversité de genres, d’artistes et de voix - sur scène et en dehors. Le death metal croise l’attitude punk, le prog mélodique glisse vers l’indus grinçant, une légende des années 80 ravive la nostalgie avant qu’un groupe underground ne déchire la nuit. Des riffs numetal lourds, des danses rock’n’roll : un chaos soigneusement orchestré, bruyant, éclectique, mais harmonieux.
Tu peux chanter en chœur avec DIZZY MIZZ LIZZY, puis dix minutes plus tard, voir THROWE fracasser la scène comme si la fin du monde approchait. Chaque genre, chaque époque, chaque son - s’entrechoquent, coexistent, et finissent par trouver un sens.
6 · Parce que c’est le miroir du Danemark
Copenhell, c’est le Danemark qui se regarde dans un miroir et se sourit. C’est l’équilibre parfait du pays — politesse et passion, design et crasse, sécurité et feu - condensé en un long week-end rugissant. C’est ce qui le rend unique : il reflète les Danois tels qu’ils sont quand personne ne regarde. Travailleurs, drôles, humbles - et bruyants comme l’Enfer.
Six raisons de moins, 660 encore à découvrir.
Têtes d’affiche et moments forts de 2025
Quatre jours de délire danois et de décibels
Tandis que les médias internationaux saluaient les grands noms, ceux qui étaient dans la fosse ont ressenti Copenhell 2025 comme un organisme vivant. SLIPKNOT a déchiré la soirée dans une fureur pyrotechnique - et quand Corey Taylor a crié que Copenhague était sa ville préférée, la foule a explosé. KREATOR nous a recouverts de riffs et de confettis rouges - un enfer death metal déguisé en déclaration d’amour. Tu aurais dû voir ce moshpit : des corps qui s’entrechoquent, brutaux mais bienveillants, bougeant au rythme des riffs tandis que les flammes rugissaient derrière eux.

ABBATH a transformé Refshaleøen en carnaval black metal jusqu’au bout de la nuit, tandis que MYRKUR apportait un calme éthéré à une foule rugissante - c’est son pouvoir. Sa voix et son talent changent l’air en un instant ; le champ s’est tu, des gens ont pleuré - vraiment écouté.
FIT FOR AN AUTOPSY a frappé la scène Pandæmonium sous un soleil écrasant : pas d’ombre, pas de pause, juste du mouvement. Le circle-pit pendant "Pandora" était irréel : chaotique mais joyeux, une spirale humaine en parfaite synchronicité. Chaque breakdown tonnait comme le tonnerre.
POWERWOLF, c’était du théâtre pur - une messe de lumière et d’obscurité à échelle de cathédrale. Des fans venus d’Allemagne chantaient et sautaient à l’unisson ; leurs visuels gothiques, leurs refrains choraux et leurs expressions démentes ont transformé la scène principale en autel sacré.
Puis vint MNEMIC, pour un retour à la maison plein d’émotion - les poings levés, le cœur lourd : l’indus danois renaissait. Billy Idol a ensuite rassemblé tout le monde : des hymnes d’amour et de rébellion, intemporels. Le revoir en chair et en os après tant d’années ? Surréaliste. Et oui, on est toujours un peu amoureux.
Et puis THE PRODIGY - une détonation sonore totale. Leur fusion de rythme, de chaos et de feu électronique a secoué la scène principale jusqu’à la moelle. Sauvage, incontrôlable, inoubliable.
Rolling Stone India l’a parfaitement résumé :
« Le principal festival de heavy metal et de rock du Danemark… plus de 70 groupes venus d’Australie, de Colombie, de Singapour et des États-Unis déchaînant un chaos sonore sur la capitale danoise. »
Des fans en battle-vest dès 10h du matin ? Exact. L’ambiance ? Chaos pur, humour et dévotion.
Copenhell 2025 a confirmé ce que tout le monde soupçonnait : ce n’est plus un festival d’un seul genre. C’est un spectre complet - du metal pur et sale pour les puristes, du metalcore léché pour les jeunes, et des pépites underground pour les curieux. C’est pour ça qu’il y a 666 Reasons to Party : 666 impressions musicales, 666 sourires, 666 bières, et sans doute 666 histoires de crowd-surfing - toutes différentes, toutes inoubliables.

Lignée danoise : le feu local
Copenhell reflète la scène danoise dans toute sa splendeur : brute, diverse, authentique. Cette année encore, il a capté cette énergie sauvage et plurielle qui définit l’identité heavy du pays.
On a tout eu : du punk crasseux à l’obscurité théâtrale. Tu pouvais plonger dans le chaos moite de GABESTOK, GORILLA ANGREB et A MESS - une tempête féministe sans peur, pure attitude et adrénaline - ou dans le hardcore et deathcore brut de KŌYA, THROWE et CABAL, transpirant sur la scène Gehenna.
Puis vinrent les moments de grâce. MYRKUR, majestueuse, sur la deuxième grande scène - chœur, a cappella, brume flottante, et cette voix phénoménale traversant la nuit. THROWE a lâché une énergie brute, plongeant dans la fosse, suant avec le public - du hardcore vrai, honnête, viscéral. ASHES OF BILLY a attiré une foule énorme, prouvant que le grunge et le rock’n’roll ne sont pas morts : ces jeunes ont les chansons, le talent, et les tripes. Et MNEMIC, de retour là où tout a commencé, a prouvé que le metal industriel peut évoluer sans perdre les crocs.
Et puis il y avait KING DIAMOND - le monarque noir du Danemark - dont la précision théâtrale et le charisme glacial ont rappelé à tous où le metal danois a été forgé. Son set : une leçon magistrale de narration et de mise en scène. Parmi les favoris du week-end, STRYCHNOS a frappé fort : du death metal enraciné dans l’histoire - brutal, intellectuel, percutant.
En photographiant ces concerts, ce qui m’a le plus frappée, c’est la fierté des fans danois devant leurs artistes, tenant tête aux géants internationaux. C’était un retour aux sources collectif - féroce, confiant, et indéniablement danois.

Vers l’avenir : 666 raisons et plus encore
L’an prochain sera plus fort, mais le cœur restera le même.
Avec IRON MAIDEN confirmé comme premier headliner 2026 et la campagne "666 Reasons to Party" adoptant une esthétique de cinéma zombie, la prochaine ère de Copenhell s’annonce monstrueuse - dans le meilleur sens du terme.
Le line-up déjà annoncé promet la diversité du festival : PAPA ROACH et leur énergie explosive, P.O.D. et leur groove californien chaleureux, BRING ME THE HORIZON avec leur intensité émotionnelle et leurs refrains d’arène, TRIVIUM et leur précision lyrique, SEPULTURA pour le poids brut qui ancre le week-end, TWISTER SISTER pour la nostalgie bien dosée, et BABYMETAL pour le chaos joyeux et décalé.
Mais ce qui enthousiasme le plus, ce ne sont pas seulement les légendes de retour - c’est le pouls souterrain qui bat sous leurs pieds. Copenhell relie désormais les générations : les vétérans en quête de souvenirs, les nouveaux venus découvrant leur premier pit, et les photographes traquant ce moment parfait, insaisissable, dans la fumée.
L’été prochain, nous reviendrons tous, dans le même cercle de lumière et de feu - fans, artistes, amis - pour découvrir encore quelques-unes des 666 raisons qui nous ramènent toujours ici.
Portfolio Copenhell 2025 © Julia Nikiforova
