
Alors que RESOLVE s’apprêtait à jouer au Trabendo le 6 décembre dernier, complet pour l’occasion, pour la date finale de la tournée « Human » qui dure depuis 2023, nous avons pu nous entretenir avec Anthony Diliberto (chant), Antonin Carré (guitare) et Robin Mariat (basse) afin de parler de leur expérience sur cette tournée, mais aussi d’évoquer le futur de RESOLVE. Le groupe, de plus en plus populaire en-dehors de nos frontières, a en effet beaucoup à faire en 2026, à commencer par une tournée européenne en janvier avec WINDWAKER, ASHEN et TROPIC GOLD, et le Hellfest le 21 juin...
Vous vous apprêtez à jouer au Trabendo qui affiche complet et ce concert marque la fin de l'ère « Human » pour le groupe. Comment avez-vous abordé ce concert et celui de Lyon il y a quelques jours ?
Antonin : C'est un peu difficile à concevoir, c'est-à-dire que pour l'instant, ce sont nos plus gros concerts en tant que tête d’affiche ! Donc on est super contents et très excités. C'est toujours un peu particulier de jouer à Lyon parce que c’est la ville du groupe. Mais aujourd’hui, on est à Paris dans une salle qui a une plus grande jauge, et pourtant on l’a remplie, c’est complet ce soir ! C'est dingue d’y penser, ça vient récompenser pas mal d'années de travail. C'est super cool !
Anthony : C'est vrai qu’à Lyon, il y a nos familles et nos amis. C'est un peu différent des autres dates. On tourne toute l'année, on a l'habitude de jouer tous les soirs mais quand on joue à Lyon, c'est différent parce que c'est un peu hors du temps : ce n’est pas comme un concert classique parce qu’on joue pour des gens qu’on connaît. Mais c'est vrai que c'est cool. On est vraiment très contents de faire un Trabendo complet. On a aussi hâte de l'étape suivante parce que ça promet d'aller encore plus haut. Par contre, pour être franc, je n’ai pas l’impression d’arriver à la fin d’un cycle parce qu'on est tout le temps en tournée en ce moment et ça sera encore le cas dans les mois qui viennent. Ça fait juste partie du calendrier. On sait pourquoi on le fait, les gens vont le ressentir comme la fin d’un cycle mais la vérité, c'est que cette fin va encore durer un temps avant qu'on passe à la suite. On n’arrive pas à se déconnecter du fait qu'on est en tournée toute l'année donc c'est presque comme une petite pause. On est contents de jouer à la maison. Enfin, en France en tout cas. Mais voilà, c'est un peu triste à dire, mais c’est juste un jour de plus au bureau (rire) !
Antonin : Mais c’est quand même un bureau magnifique (rire) !
Anthony : Oui, on est super contents ! La dernière fois qu'on a fait un concert en tant que tête d’affiche à Paris, c'était à la Maroquinerie qui peut accueillir la moitié du Trabendo. Ça nous satisfait beaucoup parce que ça prouve que l'album a porté ses fruits et qu'on a été capable de doubler l'affluence qu’on peut ramener à Paris sur le même album avant même de sortir celui d’après !

Vous avez également pu vous développer à l'international. Vous avez tourné avec LANDMVRKS aux États-Unis, MAKE THEM SUFFER en Europe et ERRA en Australie. Qu'est-ce que vous retenez de ces expériences un peu différentes de la France ?
Anthony : L’avion (rire) !
Antonin : Ah j’aurais dit le café (rire) !
Anthony : L’Australie. Je pense que c'était une des meilleures expériences qu'on a eues en tant que groupe parce que c'est si loin que ça dépayse beaucoup.
Antonin : On a passé une journée complète dans les aéroports ou dans l'avion.
Anthony : Dès l’atterrissage, tu as conscience que tu es à l'autre bout de la planète : l'atmosphère n’est pas la même, la saison n'est pas la même non plus !
Antonin : C'est bête mais si tu regardes la végétation, c'est pas du tout la même chose. Et c'est bête parce que c'est logique, mais…
Anthony : Tant que tu ne le vois pas de tes propres yeux… Tu le vois sur Internet, mais une fois que tu y es, ça n’a rien à voir. On a beaucoup de chance de pouvoir voyager partout dans le monde grâce à la musique. En réalité, c'est plutôt récent pour nous parce qu’on n’est allé qu’une fois en Australie et aux États-Unis. On va beaucoup retourner dans ces deux pays. En fait, plus on avance, plus on a de chouettes opportunités. Ça nous permet de voir le monde et plus ça va, plus on vit des expériences enrichissantes. Mais en même temps, on se fatigue aussi, parce qu'on travaille beaucoup.
Antonin : C'est vrai qu’on a enchaîné les tournées avec WHILE SHE SLEEPS, ERRA, etc. Au bout d'un moment, on est un peu en burn-out. Mais en même temps ça prouve que ça va dans le bon sens, qu'on fait ce qu’il faut pour aller dans ce sens et on a envie que ça continue.
Anthony : Je pense qu’actuellement, on est rincés, super fatigués et le rythme est vraiment dur. Ça va aussi avec le fait que le groupe évolue et on est très contents de ça. Mais on travaille énormément et ça nous fusille beaucoup. Je pense que ce qu'il en ressort, c'est que malgré tout ça, on a toujours envie, on pense toujours à la suite et on est toujours en train de travailler pour ce qui va venir. Donc ça prouve bien qu’on a beaucoup de résilience et qu'on a très envie d'aller plus loin. Parce qu'on pourrait aussi se dire : « Les gars, on est morts, on fait une pause ». Mais on ne fait pas de pause et on continue de faire des dates. Il y en a beaucoup qui ne sont pas encore annoncées. On en a dans tous les sens ! On a tellement de tournées encore, on va annoncer tellement de choses...

Il y a déjà une tournée en Europe qui commence le mois prochain.
Anthony : Oui c’est déjà important, d’autant plus que c'est une tournée en tête d'affiche. Ensuite, on tourne en Scandinavie, mais après il y a d'autres choses qui ne sont pas encore annoncées. Il y en a beaucoup.
Est ce qu'il y a un pays qui vous a surpris par ses habitudes de concerts ou son enthousiasme ?
Anthony : Les États-Unis et l’Australie où on sent que ça n’est pas la même chose.
Antonin : L’ambiance est bonne et ils sont sympa. C'est cool, mais on pourrait voir ça dans un autre endroit. En général, c'est l'Angleterre qui me marque.
Anthony : Il nous a fallu du temps pour l'Angleterre mais ça commence à avoir de l'allure pour nous. On y est souvent allé et c'est vrai que c'est dur. Ça va peut-être être dur encore quelques fois.
Antonin : Le public anglais voit passer tellement de gens, tellement de groupes qui sont super bons, qui sont mauvais, qui sont plein de choses… Finalement, c’est un public qui a l'habitude de tout ça, mais maintenant, ça commence à être vraiment bien.
Anthony : Je crois qu’on a été très marqués par l'Australie et les États-Unis où les habitudes, notamment pour la consommation de merch, sont très différentes. Les gens sont de très gros acheteurs de merch là-bas. Ça fait une grosse différence pour nous parce que notre écosystème tourne autour de ça. Donc forcément, quand on fait des concerts où on vend deux fois ce qu’on vend en Europe, on voit qu'il y a un vrai potentiel pour développer le groupe dans ces pays. Au-delà du fait de gagner de l'argent, car on ne gagne pas plus d'argent, on sent un vrai potentiel dans ces pays-là. Ça n'enlève rien au fait qu'on adore l'Europe, mais c'est intéressant de voir ce qui se passe un peu là-bas aussi.
Comme vous le disiez, la fin d'une ère précède le début d'une nouvelle. Qu'est-ce que vous allez garder de « Human » et quels éléments resteront propres à cet album ?
Anthony : Dans « Human », il y avait des choses en commun avec « Between Me And The Machine ». Il y a des influences et notre façon de faire, qui seront toujours présentes sur le prochain album. Je pense que malgré nous, on va encore faire une sorte de suite. Pour moi, « Human » était une suite de « Between Me And The Machine » dans la musique, mais aussi dans pas mal de textes et d'histoires. Je pense qu'on va en écrire la suite. On est tous un peu branchés science-fiction, cinéma, etc. et le but, c'est de raconter une histoire sur l'entièreté de notre carrière. Je ne sais pas quand elle s’arrêtera, mais si on passe notre huitième ou dixième album, je suis sûr qu’il y aura encore des similitudes avec les précédents pour continuer de créer un "lore", toute une histoire autour de tout ça. Je pense que la musique sera encore plus définie que ce qu'elle a été avant. Forcément, on a évolué, grandi, et on sait de plus en plus où on veut aller. Mais l'univers, à mon avis, sera reconnaissable.
Antonin : C’est vrai que quand on a la trentaine, c'est un peu difficile de changer du tout au tout, de changer de prisme. Mais finalement, on finit peut-être toujours par raconter la même chose sous des angles différents.
Anthony : Je ne sais pas. Je pense aussi que c'est parce qu’on apprend à se connaître, on sait ce qu’on veut et ça prend du temps de trouver une personnalité ou de savoir que quelque chose nous correspond vraiment, que c'est ce qu’on est et qu’on a envie de développer avec son groupe. Je trouve que c'est une bonne chose de ne pas vouloir constamment tout changer et tout redéfinir, mais plutôt peaufiner l’identité du groupe. Je n'ai pas de désir de tout redéfinir et rechanger. Au contraire, je pense qu'on a trouvé une formule qui nous plaît et on est capable de faire encore mieux. Le public nous le dira quand on sortira le troisième album, mais je pense que ce sera ça.

Quel a été votre moment préféré du cycle « Human » ?
Antonin : Je trouve que la tournée avec MAKE THEM SUFFER était très très cool. C'était très agréable. C'était aussi très gratifiant parce qu’on avait l'impression de vraiment récolter le fruit de notre travail en Europe. De manière générale, c'était aussi une bonne tournée : c’était sympa et ça a marché. On trouvait que chaque concert fonctionnait vraiment, que c'était toujours super. Et puis quand on est en première partie, c'est toujours un peu plus décontracté : on n’est pas vraiment au centre des enjeux de la tournée, c'est plutôt pour le groupe en tête d'affiche, mais on est quand même assez important dans ce "branding" de tournée. C’est pour ça que je trouve que c'était vraiment une super tournée.
Anthony : Je dirais que c’était la toute première tournée qu'on a faite quand l'album est sorti : beaucoup de dates affichaient complet et c'était nouveau pour nous. Ça se passait bien sur le premier album : on vendait déjà suffisamment de tickets pour que les concerts soient chouettes mais on ne faisait pas encore de concerts qui affichaient complet. Là, il y en avait quelques-uns et tous les concerts étaient vraiment cool. Ça donne beaucoup d'énergie de voir le fossé entre le premier album et le deuxième, à quel point les gens répondaient, à quel point ils étaient contents de nous voir, etc. Ça fait un peu oublier toutes les difficultés qu’on peut rencontrer pendant la création d’un album et de tout ce qu'il y a autour, des clips, des histoires, etc. Et je suis d'accord avec Antonin : la tournée avec MAKE THEM SUFFER qui a été très dure pour moi, ce qui est dû au fait qu'on soit cramé. Mais par contre, chaque concert était incroyable. Et tous les soirs, si MAKE THEM SUFFER ne jouait pas juste après nous, on pouvait presque croire qu’on était la tête d’affiche. Il y avait une atmosphère tellement folle dans la salle qu’on voyait vraiment la différence entre maintenant et avant tout ça. Donc je suis assez d'accord avec Antonin.
Quelle chanson de votre set-list actuelle correspond le mieux à votre humeur aujourd'hui ?
Antonin : J'ai bien envie de jouer un petit "Molotov". Je le sens dans mes doigts. Je ne sais pas pourquoi.
Anthony : "Pendulum" pour moi ! Je me dirigerais plutôt vers les titres un peu tristes et ceux qui parlent de remise en question. Parce qu’avant un concert comme ça... C'est Paris, donc ça a un sens assez fort, ne serait-ce que pour notre évolution et pour les gens. C'est complet donc il y a une pression supplémentaire et on a toujours une forme de remise en question avant d'y aller. En tout cas, j’en ai toujours une. Je me demande : « Est-ce que je vais en être capable ? ». Et puis ça se passe toujours bien mieux que ce que j'imaginais. Je pense qu'à la fin du concert, je serai d’une humeur différente mais tant qu'on n’est pas sur scène et que je ne me dis pas : « Putain, on est en train de faire un truc bien ! », j'aurai toujours ce petit doute. Mais je pense que le fait d’avoir ce petit doute avant de monter sur scène, c'est naturel chez plein de groupes et d'artistes.
Quelque part, c'est ce qui fait que tu te donnes à fond.
Anthony : Oui, c’est peut-être du bon trac !

Vous allez jouer au Hellfest cet été. Que peut-on attendre de ce concert-là au niveau du show ?
Anthony : Je pense que ma réponse ne va pas être la plus sexy : de notre côté, de la sécurité. Parce que c'est une super opportunité de faire la Main Stage. On a déjà joué au Hellfest en 2023, mais là on va être en Main Stage. C'est une forme de "statement" (en anglais dans le texte, ndlr). Quand on joue sur cette scène, c'est important d'arriver et de s’imposer. Parce que si on est là, c'est pour une bonne raison et il faut qu'on le prouve. Je pense qu'on fera la forme du set qu'on maîtrise le mieux parce qu'on va se présenter devant beaucoup de gens et il faut qu'on soit convaincants. Ce n’est pas le moment de prendre un risque bête à vouloir jouer quelque chose de nouveau qu’on sort de notre chapeau. Je pense qu'on va essayer de présenter un set qui soit le plus carré possible, avec le plus de charisme et d'aisance possible. Donc concrètement, on ne fera rien de plus que d’arriver en étant solides et en faisant le meilleur spectacle qu'on sera capable de faire à ce moment-là.
J'ai remarqué que vos concerts sont toujours très carrés, très maîtrisés. Est-ce que quand vous composez un album, vous pensez à la scénographie, à la manière de le présenter sur scène, etc ?
Robin : Pas du tout. Peut-être pour un riff où on s’est dit : « C'est stylé » mais c’est tout.
Anthony : C’est vrai, on ne compose pas comme ça. On le fait avec le cœur quand même. Mais c'est vrai que plus on fait de tournées, plus on a cette habitude. En fait, plus on se professionnalise, plus on y pense parce qu'on sait qu'à un moment, ça va être présenté. Maintenant, notre but en faisant un album, c'est de le présenter à un maximum de personnes. Donc Robin a raison, ça nous traverse de plus en plus l'esprit. Mais au départ, on ne réfléchissait pas du tout comme ça.
Antonin : Je pense qu'il y a aussi une forme de rationalité. Quand on écrit sa musique, on se demande si elle va être compréhensible ou pas. Et la réaction du public, c'est le retour sur la compréhension de ce qu’on est en train de faire et de ce qu’on a écrit. Donc forcément, c'est important d'écouter le public parce que s’il ne réagit pas, ça veut dire qu’on n’a pas réussi à retransmettre notre propos. Le problème, c’est que ça peut venir de la sono ou de plein d’autres choses, mais "in fine", on n’a pas réussi à transmettre notre propos. Donc ça veut dire qu'il y a quelque chose à revoir de notre côté.
Anthony : Sur quelques chansons, oui : il y a parfois eu des chansons auxquelles on croyait beaucoup alors que quand on les a jouées une ou deux fois pour des gens, on s’est rendu compte que ça ne marchait pas comme on l’avait prévu. Donc on en joue d’autres parce que le but d’un concert, c’est que les gens soient avec nous à fond. Mais ça n’arrive pas beaucoup. Il y a quelques chansons où on s'est dit : « Tiens, peut-être que là-dessus ça va le faire ». Mais je pense que sur ce qu'on joue un soir, il n’y en aura pas une qui ne fonctionnera pas : on a réussi à créer suffisamment de chansons avec lesquelles les gens se lient, sinon on n’aurait pas rempli le Trabendo ! Mais oui, c'est vrai que pour le futur, la lisibilité de notre propos et celle de la musique, c’est important. Donc on ne partira pas trop dans tous les sens comme on a pu le faire parfois.

Et après avoir fait ce Trabendo complet, avoir ouvert pour LANDMVRKS à l'Olympia et avoir tourné dans toute la France, quel est votre prochain horizon ?
Antonin : Je pense que c'est d’être plus global et peut-être d'aller un petit peu plus aux États-Unis.
Anthony : Maintenant qu’on y a mis un pied, on va développer les États-Unis parce qu'on sait très bien qu'il y a un potentiel là-bas et que les gens nous y apprécient beaucoup donc ce serait dommage de s'en priver. Et au-delà de ça, on a toujours le même objectif pour la France et l'Europe : aller plus haut ! C'est sûr qu'on ira plus haut en France, surtout après un Trabendo complet. On fera l’étape d’après, c'est déjà dans les tuyaux. On va le faire et j'espère que cette étape-là se passera aussi bien que le Trabendo et qu’on pourra arriver à l’étape suivante. Je pense qu'on continuera de se battre jusqu'à ce qu'on atteigne notre plafond. Et ce plafond n'est pas définissable tout de suite.
Antonin : Le plafond c’est le Stade de France (rire) !
Anthony : Le plafond c’est l’espace (rire) ! On verra, on va juste donner le maximum, continuer d'apprécier ce qu'on fait et aussi continuer de donner.
Où en êtes-vous justement sur l’étape suivante en termes de process d'album ?
Antonin : Je pense que c'est un peu trop tôt pour en parler.
Anthony : C'est trop tôt, je suis d'accord.
Antonin : Mais nous, on est toujours plus ou moins en train de composer.
Anthony : Pas d'inquiétude. Ça viendra bien assez tôt et je pense qu'on est très contents de ce qu'on a actuellement. Selon nous, ça sera le meilleur de RESOLVE. C'est très cliché, mais comme on est plus fort grâce à nos albums précédents, je pense qu’on fera encore mieux. En tout cas, je suis très très fier de ce qui est actuellement sur notre Dropbox cachée et j’ai hâte de partager tout ça, mais pas tout de suite. Il n’y a pas d’album pour l’instant.