Un album conceptuel est la dernière chose que l'on attendait de BUCKCHERRY, le groupe d'éternels adolescents qui chante encore la débauche après bientôt 20 ans de carrière, mais c'est pourtant ce qu'il vient de faire avec « Confessions ». Le concept du disque se déploie autour du thème des 7 péchés capitaux, que nous retrouvons donc tout logiquement dans la track-list de l'album avec des titres comme « Gluttony », « Sloth », « Envy »...
Un album, mais aussi la bande son d'un film racontant la vie semée d'embûches du chanteur du groupe qui devrait voir le jour dans les prochaines années, même si « Confessions » nous en donne déjà beaucoup, ce qui est une bonne chose en soit...
Vous avez dit narcissisme ? Dans tous les cas, c'est cet aspect précis qui donne tout de suite une dimension particulière à ce disque, car même si BUCKCHERRY a parfois fait face à la réalité qui fâche, on se souvient de la déchirante « Check Your Head » parue en 1999, l'intelligence n'est pas la première qualité qui vient en tête quand on parle du groupe californien. Et c'est le point fort de cet album, avec des titres comme « Greed » ou « Pride », nous découvrons un BUCKCHERRY lucide, qui range sa désinvolture habituelle au placard et prend la vie par les cornes. Sur « Wrath » par exemple, et son riff agressif comme il en est rare chez BUCKCHERRY, le chanteur Josh Todd déballe un texte haineux et concerné sur la société qui l'entoure, les yeux injectés de colère, entouré par des guitaristes étincelants, ainsi qu'une basse omniprésente. Et là n'est pas la seule surprise de ce « Confessions », car avec «'Sloth'», BUCKCHERRY est, on peut le dire, méconnaissable. Grande ballade surpuissante au piano rejoint par des guitares électriques, les notes s'écrasant sous la frappe massive de Xavier Muriel, sans compter la présence d'une section de violons (!!), cela tient du numéro d'équilibriste, et le groupe signe le sans faute dans cet exercice qui lui était étranger jusqu'à présent.
On retrouve tout de même le BUCKCHERRY classique à plusieurs reprises, et d'une manière toujours aussi efficace avec « Seven Ways To Die » par exemple, sur laquelle Todd ressort son bon vieux tambourin, qu'il enverra sûrement voler dans les premières minutes en live, et où Keith Nelson retrouve même son bottleneck rappelant le hit en puissance « Lit Up » qui a enflammé la carrière du groupe à ses débuts. Même constat avec « Lust » qui ne feint pas de nous faire taper du pied, et dispose même d'un riff typique à la AC/DC sur son break au grand potentiel live encore une fois. Mais aussi la ballade « The Truth », certes étouffante de douceur, mais terrain de chasse du groupe, sur le chemin imprévisible de la confiance amoureuse.
En dents de scie, c'est ainsi que se dessinait la courbe de mon enthousiasme à chaque écoute d'un album de BUCKCHERRY jusqu'à présent, excepté l'album « All Night Long » (2010), où là j'ai failli quitter cette terre, malgré plusieurs massages cardiaques. Je me souviens encore de ma première rencontre avec l'album « 15 » (2006) comme si c'était hier, d'avoir été déboussolé par cette atmosphère ingrate et puissante à la fois qui se dégageait de titres comme « Crazy Bitch » ou « Next 2 You », mais aussi de buter et de me retrouver face à un mur d'incompréhension en découvrant des ballades telles que « Sorry » ou des essais de mauvais punk commercial comme « Related » sur l'album éponyme.
« Confessions » est différent, et j'ai d'ailleurs bien du mal à le comparer aux autres albums précédemment cités car la cohérence sur lequel il se construit est sans précédent dans la carrière de BUCKCHERRY, ici chaque chanson est un épisode, si bien qu'en enlever une serait comme souffler sur un château de cartes, et réduirait son intérêt à néant...
Un gros coup de coeur, je vous le confesse...