« This Is Not Supposed To Be Positive » est le quatrième album des Parisiens HANGMAN’S CHAIR, enregisré et mixé par Francis Caste (Studio Sainte Marthe, Paris). La mélancolie vous envahit dès les premières notes de ce chef-d’œuvre musical. Exit l’anhédonie (perte des capacités à prendre du plaisir), exit l’aboulie (perte des capacités à prendre des décisions), exit aussi les symptômes de cette forme grave de dépression annoncée, l’auditeur est absorbé par une euphorie calme en réponse aux émotions distillées tout au long de cet album au titre négativement positif.
La batterie de Mehdi Birouk Thepegnier est proche d’un groupe d’éléphants d’Afrique qui se déplacent, dirigé par une matriarche qu’est la voix de Cédric Toufouti. Les guitares BLACK SABBATHiennes, DOWNiennes, CUREsque, TYPE O NEGATIVEsque, hyper heavydoomesques rythment à souhait le spectacle avec cette basse ronflante et hypnotisante de Clément Hanvic (ESPRIT DU CLAN).
"Drippin Low" ouvre le bal low psycho-tempo. La mélodie sur des guitares à la ALICE IN CHAINS est prenante. "Cut Up Kids" poursuit l’incision mentale et vous accroche à la musique des HANGMAN’S CHAIR. "Requiem" est mélodique à souhait avec cette voix à la Jim Morrison des temps modernes, à la Jeff Buckley un peu plus sombre. Les émotions sludgesques desespérées sont présentes et les lamentations de Cédric sont puissantes. La séquence rythmique METALLICA-like de la fin de la chanson rappelle plein de bons souvenirs. "Your Stone" est un poème hippie des années 2000 sous nouveaux produits de synthèse (A ne pas consommer bien évidemment). Une expérience de plaisir musical barré imminente, une ballade qui s’intensifie progressivement. "Save Yourself" a une atmosphère écrasante avec ce chant sorti tout droit de l’hôpital psychiatrique de « Vol au dessus d’un nid de coucou ». Le final musical est dingue. Un titre instrumental fait suite, "Les Enfants des Monstres Pleurent leur Desespoir". Son architecture sonore PINK FLOYDienne est mélodico-dépressive unipolaire à souhait. Des samples en langue française habillent le titre en son milieu. Une seconde partie est portée par des arpèges plus positifs. Le groupe donne l’impression de sortir d’un marasme dépressif et de revivre. Je n’avais jamais ressenti ça à l’écoute d’un instrumental. "Flashback" sort tout droit des années grunge de SOUNDGARDEN, ALICE IN CHAINS et consorts. Le morceau est lourd comme il faut dans le style. "No One Says Goodbye Like Me" prolonge le titre précédent. Cette continuité conceptuelle est étonnante. Le riff de guitare à la Tommi Iommi accompagné de guitares clean scotche, cloue, éclate les neurones, provoquant des saccades épileptiques de la tête. "Dope Sick Love" a des guitares bien heavy, prenantes. Le chant de Cedric est bourré de spleen, une overdose de Maupassant sludgy. Le titre est aérien, t’envoie dans une autre dimension avec son solo de guitare bluesy. Le refrain est mélodique et surprend par son côté radio-friendly. L’album s’achève sur un second instrumental au titre en français : "Le Rouge pour le Sang, le Bleu pour la Grâce". Structure sonore dérangeante, chaotique, le morceau se termine sur un phrasé samplé parlant de façon bipolaire de Paris. « Tout s’éteint, Tout revit ».
« This Is Not Supposed To Be Positive » est heavy, hyper heavy, mélodique, écrasant, atmosphérique, soniquement hédonique, spleenoïde, psychopop complexe. Le groupe joue pharmacologiquement avec votre cerveau et les émotions produites. L’architecture musicale et les lignes de chant sont un bloc mélodique pachydermique homogène et addictif. L’artwork réalisé par Dave Decat est en corrélation parfaite avec les 10 titres de ce sublime album. Le côté symétrique de la guillotine avec cet homme qui part est la description parfaite de la direction musicale de l’album.
Avec leur quatrième enfant, les HANGMAN’S CHAIR s’imposent comme l'un des leaders du Stoner/Doom au niveau national et rejoignent les plus grands au niveau international. Un coup de coeur !
