21 novembre 2015, 23:22

FEAR FACTORY + ONCE HUMAN @ Paris (Le Trabendo)

Depuis plus de vingt ans que j'assiste à des concerts, jamais je n'avais eu peur, jamais je n'avais hésité. Mais il faut reconnaître que la décision d'aller voir FEAR FACTORY ce soir n'a pas été simple à prendre et que ce n'est pas le courage, mais l'envie de retrouver les amis présents qui a surtout motivé mon choix. C'est donc un peu tardivement et très tendue que j'arrive au Trabendo. Ce n'est pas facile de se mettre dans l'ambiance et mon attention est tout de suite attirée vers ces petits détails qui font la différence. Une fouille à l'entrée beaucoup plus rigoureuse, les issues de secours et des consignes de sécurité affichées un peu partout dans la salle, un public encore assez clairsemé alors que le concert affichait complet.



Ne vous fiez pas à l'apparence de Lauren Hart, la chanteuse de ONCE HUMAIN. Sous ses airs angéliques se cache en réalité une furie qui ensorcèle la scène, ponctuant chaque phrase d'une pluie de « Fuck » et qui, vu la façon dont elle hurle, doit probablement se gargariser au gravier le matin au petit déj'. A ses côtés, le public parisien retrouve avec plaisir Logan Mader, ancien SOULFLY, mais surtout MACHINE "Fucking" HEAD dont le groupe reprendra un fucking “Davidian” explosif. Après un set metal rugissant, les musiciens vont à la rencontre de leurs fans dans la salle en attendant l'arrivée sur scène de FEAR FACTORY.

« Nous sommes FEAR FACTORY ! Vive la France ! » C'est avec ces quelques mots que Burton C. Bell entame la première partie du set, consacrée, comme annoncé, à l'interprétation de l'intégralité de l'album « Demanufacture ». Ce sera la seule allusion à l'actualité douloureusement chargée de ces derniers jours. Certains jugeront peut-être que c'est un peu court. Mais n'est-ce pas aussi une façon d'essayer malgré tout de conjurer le sort et de continuer à avancer ? Car soudain, plus d'appréhension, plus d'hésitation. Les morceaux tellement familiers nous plongent dans une bulle où plus rien d'autre que la musique n'existe. Comme à chaque concert, le public crie, lève les mains, chante, danse, sourit, pogotte. On en prend plein les yeux, les lights sont magnifiques. On est ailleurs, ça fait du bien.



Difficile de croire que « Demanufacture » est sorti il y a vingt ans tant ses thèmes sont toujours d'actualité et tant son style reste intemporel. Le groupe joue les titres dans l'ordre de l'album, accompagné par tout le public qui scande les refrains avec conviction. Au moment de “Replica”, on a du mal à croire que l'on se trouve dans un Trabendo pas vraiment plein, on frôle la folie pure. Attendu sur les passages en chant clair, Burton Bell ne s'en sort pas si mal. Dino Cazares, bondissant sans arrêt (si si) se démène à la guitare. Raymond Herrera était très fort, mais officiant désormais derrière les fûts, Mike Heller est loin d'être manchot.

Un bon concert de FEAR FACTORY ne saurait être complet sans une petite dose d'« Obsolete ». Nous avons donc droit à “Shock” et “Edgecrucher” et à quelques titres du nouvel album « Genexus ». La soirée s'achève par un retour aux origines du groupe avec “Martyr”. Pour ce soir, je suis tentée de rebaptiser le groupe "NO FEAR FACTORY" car en ces temps troublé, il a réussi à exorciser nos peurs pour nous offrir un moment de répit. Nul doute que nous nous souviendrons tous de notre premier concert "après". Pour ma part, je suis contente que ce soit celui-là. Il était mémorable à plus d'un titre et me donne simplement envie de dire merci au groupe pour avoir maintenu cette date.

J'aimerais terminer en dédiant modestement cette chronique aux victimes des attentats parisiens, dont le seul crime était de profiter de la vie, à tous ceux qui en ont fort heureusement réchappé, parfois de peu, et plus particulièrement à mes amis, V et M.


Photos (date de Strasbourg) : © Hard Force / Christian Ballard - DR


Blogger : Juliette Legouy
Au sujet de l'auteur
Juliette Legouy
Juliette Legouy, passionnée de metal sans concession, a été un pilier essentiel de la rédaction du magazine HARD FORCE de 1996 à 2000 et a réalisé de très nombreuses interviews, des reportages et des dossiers majeurs pour cette publication.
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