11 février 2016, 0:00

SKUNK ANANSIE

"Anarchytecture"

Blogger 2857
par alexisnico@hotmail.com
Album : Anarchytecture

Alors que je me remémorais ce matin avec délice et passion la tournée estivale à laquelle j’ai pris part, à l’été 2015, dans le but inavoué de toucher les parties les plus tendres, charnues et apparemment percées de Lenny Kravitz, je me suis surpris à tenter de me souvenir de ce petit groupe que j’avais découvert lors de la première partie de celui qui était alors toujours dans la course en 1996 dans un Bercy archi-bondé et suffocant qui ne s’appelait pas encore « Hôtel de la Gare » du même nom. Cette jeune formation m’avait fait forte impression ce soir-là, si bien que je décidais d’un commun accord avec moi-même de me déclarer souffrant le lendemain au lycée afin de me procurer le précieux sésame menant à la jouissance auditive qui avait été mienne la veille au soir, en me précipitant sur ce  disque dont le contenu m’avait tant pris aux tripes. L’auditeur que j’étais découvrit alors un quatuor inspiré, instinctif, presqu’animal, mêlant habilement mélodies envoutantes et énergie phénoménales dues, en partie, à sa petite et frêle chanteuse au nom évocateur : Skin. Avec ses amis de SKUNK ANANSIE, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, Skin fut une partie de la bande son du dessin animé de la vie des moins de 25 ans dans les nineties, s’inspirant autant d’un hard rock parfois métallisé (feu Lemmy n’était d’ailleurs pas avare en litanies élogieuses à l’égard de la formation britannique à la sortie de ses deux premiers albums) que du punk ou de la funk. Quelques années d’une gloire ô combien méritée qui s’achèveront sur un "Post Orgasmic Chill" (1999) déstabilisant pour certains fans de la première heure car considérablement adouci, mais totalement jubilatoire pour qui aime les mélodies sublimées par la voix de Skin et les relents drum’n bass de l’ensemble.
S’ensuit une séparation à l’amiable à la suite de laquelle chacun vaquera à ses occupations au travers d’albums solos de plus ou moins bonne facture (Skin et Ace Martin, le guitariste) ou de nouvelles formations (on se souvient encore avec une émotion non dissimulée du projet regroupant entre autre Cass Lewis, basse, et Gary Moore sous le nom de SCARS en 2002). Et puis le groupe se retrouve, se recentre et se ressoude autour de sa charismatique frontwoman en revenant sur la pointe des pieds avec deux albums dont les critiques furent dans leur ensemble très encourageantes et un live acoustique enregistré à Londres. A l’automne 2015, SKUNK ANANSIE annonce la sortie de son sixième album, le bien nommé "Anarchytecture", pour le début 2016 ainsi qu’une tournée pour le printemps avec une halte à Paris, annoncée pleine d’émotions et de plaisirs divers et variés, à l’image de la musique proposée par le groupe.
Car oui, cette livraison nouvelle à la pochette pourvue d’une couleur différente pour chacun des membres du groupe, à l’instar de Tinky Winky, Dipsy, Laa-Laa, nos amis Télétubbies dont la tête de gondole n’est autre que Po (Skin, donc... indéfectible leader des Quatre Fantastiques) n’en manque pas, de plaisir, d’émotions, de tendresse mais aussi de fureur et de hargne contrôlées. A l’écoute du premier morceau, "Love Someone Else", l’auditeur est immédiatement happé par ce son robotique, quasi-hypnotique qui n’est pas sans rappeler GOSSIP par certains aspects (une constante tout au long de l’album). Et puis là, le choc ! "Po" délivre une prestation vocale sublime, comme à son habitude, mais qui vous prend dans un tourbillon ascensionnel d’émotions d’entrée de jeu cependant que ses petits camarades tissent une toile digne d’un peintre impressionniste. Tour à tour suave, sensuelle et imbibée d’un feeling qui se sublime sur un refrain totalement irrésistible, "Po" est impériale et majestueuse de bout en bout sur cette musique teintée d’électro-pop prononcé sur une bonne majorité du disque. Cet album qui promet d’être surprenant à plus d’un titre, ainsi que les chansons suivantes en attestent, se poursuit avec "Victim" et son intro digne du "Host" de PARADISE LOST et un "Beauty Is Your Curse" où les guitares saturées font une apparition remarquable et remarquée. On assiste à l’écoute de ces 11 titres à un énorme travail sur les sons qui se superposent (ah ce son de basse bourdonnant sur "In The Black Room" ! Mais pas que…) cependant que la guitare d’une manière plus générale se veut moins incisive que par le passé, ce que certains pourraient peut-être regretter.
L’ensemble de l’œuvre de nos héros juvéniles se veut être un parti pris, celui de travailler les ambiances (le sublime "Death To The Lovers" et son petit côté ‘Love’s Divine’ de l’excellent Seal), imposer leur patte d’arrangeurs hors-pair plutôt que d’envoyer de la décibel à outrance bien que dans ce domaine, nos musiciens à télévision sur le ventre laboureront le champs libre du Télétubbyland avec leurs instruments bien mieux que Noo-Noo et son aspirateur pourtant  habitué des champs de courses. En ce sens, ‘We are the Flames’ placé judicieusement après un "Suckers !" instrumental ou encore et surtout "That Sinking Feeling" et son break dévastateur digne de…BIOHAZARD ( !) ne manqueront pas de vous remuer le popotin ou la tignasse, voire les deux. L’album s’achève sur un "I’ll Let You Down" frissonnant où "Po" nous démontre une fois de plus que l’étendue de son talent est immense sans aller dans la surenchère vocale inutile, laissant sa douceur et sa délicatesse se lover dans vos bras….Impressionnant !
Un album riche en sensations fortes où l’empreinte de "Post Orgasmic Chill" est très présente, mais avec une évolution logique et naturelle de nos amis colorés arc en ciel  vers des sonorités  empruntées parfois à MASSIVE ATTACK ("Death To…", encore elle, et son rythme évoquant l’extraordinaire "Teardrop") qui vous fera planer par-delà tous les nuages vers des contrées vierges de toute agressivité, où les arpèges de guitare aussi discrets que réussis vous laisseront un goût de rêve inachevé auquel seul Bébésoleil parviendra à mettre fin entouré que vous serez par des lapins, des fleurs chantantes et les Télétubbies au grand complet qui vous glisseront délicatement à l’oreille  un « Hé ! Ho ! » de circonstance.
Encore un tubbydélice ? Oh que oui….

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