12 avril 2016, 17:41

JUDAS PRIEST

"Battle Cry"

Album : Battle Cry

Il est des groupes à qui l'on pardonne volontiers ce que l'on reproche à d'autres. Prenons le cas de JUDAS PRIEST. Un cas d'école. Il y a quelques années, le groupe annonce le départ de son emblématique chanteur, Rob Halford, et le remplace par un inconnu qui officiait jusqu'alors au sein d'un tribute-band au PRIEST, soit un clone du Metal God. Procédé repris presque point par point quelques années plus tard quand il s'agira de remplacer K.K. Downing. Ça ne vous rappelle rien ? Non ? Vraiment ? Allez ! Je vous aide un peu : des musiciens américains maquillés, montés sur platform boots, usant et abusant des mêmes recettes depuis leur reformation. Ça y est ? Ça vous revient ? Dans le même ordre d'idée, il y a six ans, JUDAS PRIEST annonce une tournée d'adieu... pour se raviser presque immédiatement en déclarant qu'il s'agirait de la dernière tournée majeure du groupe ! Subtile différence... Là encore, on peut penser à d'autres, et en particulier à un certain OZZY OSBOURNE. Et pourtant, qui pourrait en toute bonne foi avancer que les prestations actuelles de KISS  et du Madman valent celles du PRIEST ? Vous là, au fond ? Eh bien, prenez le temps de visionner Battle Cry, le nouveau DVD/Blu-Ray live (également disponible en CD) des dieux de Birmingham, et vous changerez vite d'avis !

Filmé le 1er août 2015 au Wacken Open Air Festival devant 85 000 personnes, ce Battle Cry, du nom du morceau figurant sur « Redeemer of Souls » et se voyant ici (très) raccourci afin de servir d'intro au concert, est un régal ! Bon, je vous l'accorde, on est en droit de se demander quelle mouche a piqué JUDAS PRIEST pour sortir un nouveau CD/DVD/Blu-ray aussi rapidement après « Epitaph », qui n'a que 3 ans, mais la forme insolente affichée par le groupe sur cette tournée, ainsi que le nombre de concerts joués durant celle-ci (130 au total) semblent nous fournir un début de réponse. Au passage, on se remémore les déclarations des musiciens en 2013 avec un sourire en coin. Plus de longues tournées... Mais oui ! Bien sûr ! Et puisque nous parlons d'« Epitaph », autant vous dire tout de suite que la set-list proposée sur ce Battle Cry est bien plus classique que celle de la tournée d'adieu. Tournée d'adieu...

C'te blague ! Bon, ça va. J'arrête là. On n'y perd toutefois pas au change puisque certains titres obscurs se voit remplacés par des morceaux issus de l'excellent « Redeemer of Souls ». Hormis la courte introduction susmentionnée, ce sont "Dragonaut", "Halls of Valhalla" et "Redeemer of Souls" qui se voient ici interprétés avec brio par Rob et les siens. Et puis, on a même droit à "Devil's Child" (« Screaming for Vengeance », 1982) et à "Jawbreaker" (« Defenders of the Faith », 1984) ainsi qu'à trois autres raretés dans les bonus (filmés à Gdansk, en Pologne, le 10 décembre 2015), soit "Screaming for Vengeance" (de l'album du même nom), "The Rage" (« British Steel », 1980) et "Desert Plains" (« Point of Entry », 1981) ! Votre serviteur en râle de plaisir ! Et franchement, qui pourrait faire la fine bouche sur des classiques comme "Breaking the Law" ou "Electric Eye" ? Qui ? Vous là, au fond ? Normal, vous êtes sourd et en plus, vous avez la bouche pleine !

Côté prestation, le PRIEST, certainement galvanisé par une foule impressionnante, se donne à fond, et chacun assure son rôle avec un plaisir évident. Evidemment, Ian Hill ne sort pas du mètre carré qui lui est alloué (ne l'a-t-il jamais fait, d'ailleurs ?) et Glenn Tipton s'est bien assagi depuis l'ère « Painkiller », mais le charisme des musiciens fait qu'au final, on ne s'ennuie pas une seule seconde. D'ailleurs, il faut noter le rôle prépondérant joué par Richie Faulkner qui, de par sa fougue et sa jeunesse, pousse ses collègues dans leurs derniers retranchements. Certes, il ne sera jamais K.K. Downing, mais les soli qu'il joue sur les morceaux tirés de « Redeemer of Souls » sont là pour nous montrer qu'il est bien plus qu'un simple clone du guitariste historique de JUDAS PRIEST ! Ce dont votre serviteur doutait vraiment il y a encore quelques mois, soit dit en passant... Scott Travis, assurément le meilleur batteur de l'histoire du groupe, présente maintenant "Painkiller" au public. Preuve en est qu'il devenu un rouage essentiel à la machine JUDAS PRIEST.

Rob Halford, lui, assure le spectacle et se démène comme un beau diable, tout en changeant de tenue de scène entre chaque morceau... ou presque ! Un vrai défilé de mode ! Le God of Metal – c'est lui qui le dit ! Matez son beau backpatch sur "Desert Plains" !  – a retrouvé sa forme d'antan, et s'il s'économise parfois en déclamant plus certains morceaux qu'il ne les chante, sa voix est à des lieues de ce qu'il proposait sur la tournée "Nostradamus", de sinistre mémoire. A l'instar d'un Klaus Meine, Rob sait désormais tirer le meilleur parti de son organe vocal en tentant des tonalités différentes, sans pour autant délaisser la technique. Quel bonheur de l'entendre à nouveau hurler comme un possédé sur "Painkiller" ! Et que dire de "Halls of Valhalla" (un nouveau classique du PRIEST, au passage) sur lequel pépère Halford s'essaye même... au growl !

Au final, Battle Cry s'inscrit dans les meilleures réalisations vidéo de JUDAS PRIEST. Très bien réalisé (les vues aériennes de la gigantesque scène du Wacken sont de toute beauté !), ce DVD/Blu-ray offre en outre un bon aperçu de ce que la légende anglaise est encore capable de faire sur scène. Et autant vous dire que cela ne ressemble pas à un chant du cygne ! Tout juste peut-on reprocher une mise en scène beaucoup trop axée sur les écrans vidéo, un écueil dans lequel seuls IRON MAIDEN et RAMMSTEIN savent ne pas tomber désormais. Et c'est dommage ! Toujours est-il qu'il tombe à point pour démontrer que la tournée "Redeemer of Souls" n'était décidément pas celle de trop. N'est-ce pas K... Non, je ne nommerai personne !

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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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