17 juin 2016, 23:52

TRIVIUM

+ AS WE AWAKE @ Strasbourg (La Laiterie)

Le 17 juin 2016 tous les regards sont rivés vers l’ouest avec sa gueule de l’enfer grande ouverte. Pourtant à l’est, il y a du nouveau. TRIVIUM, ce petit groupe devenu grand, a en effet décidé de délaisser les festivals pour se produire dans une petite salle de province. Voici le récit de cette rencontre privilégiée.

A 20h30, nous avons pour patienter la joie de découvrir un combo local, AS WE AWAKE, et pour moi il s’agit d’une bonne surprise. Contrairement à beaucoup de premières parties, le public est ce soir bien discipliné et accueille les Strasbourgeois avec une salle déjà remplie. Le show est fort sympathique, un metalcore bien vu pour précéder TRIVIUM, le frontman sait gagner les cœurs et faire remuer tout ce petit monde. Une première partie efficace qui a rempli son rôle : chauffer la salle pour la formation événement de la soirée. Un groupe à garder à l’œil, ou plutôt à l’oreille.



 

Il est 21:30 quand s’écartent les rideaux, après que nous avons patienté sur un "Run To The Hills" pas anodin au regard du dernier album "maidenesque" de Matt et de son équipe. Ça attaque très fort avec "Strife" et ses riffs ravageurs, le son est bon et le public est immédiatement au rendez-vous, il s’active à donner le meilleur des accueils au groupe. S'ensuit "Rain" qui ne laisse pas retomber l'athmosphère énergique dans la salle.

Ayant pu voir TRIVIUM une semaine auparavant au Download, je ne peux qu’apprécier les différences. Face à une foule immense et en plein air, cela avait été un chouette moment, là, devant quelques centaines de fans, dans cette promiscuité bienvenue l’instant est tout simplement unique ! De même, concernant le son qui était par moment brouillé à Paris par le vent, il est ce soir excellent, les divers instruments ne sont pas noyés et toutes les voix, claires ou graves, se détachent parfaitement de l’ensemble.

Durant 1h30, les morceaux vont s’enchaîner à un rythme infernal, pour le plus grand plaisir de l’assistance. Le quatuor, très en forme, nous sert ce qui est un best of de son œuvre, six des sept albums sont représentés. « Ascendancy », « In Waves » et « Shogun » sont pour notre plus grand plaisir les plus mis en avant avec leurs morceaux phares. Il est appréciable de souligner que TRIVIUM fait partie de ces groupes récents qui aiment à varier quelque peu leur set-list. Quant est-il du controversé dernier album, « Silence in The Snow », vous demandez-vous ? "Dead and Gone" et "Until the World Goes Cold" ne dénotent au final absolument pas au milieu des hits légendaires tels que "Like Light to the Flies" ou "Requiem". D’aucuns pourraient en douter tellement le dernier album fut haï à sa sortie, mais au fur et à mesure que s’avance la soiré,e une théorie germe dans mon cerveau : cette set-list ne serait-elle pas autre chose qu’un simple rassemblement des morceaux phares du groupe ?



 

Les morceaux me semblent savamment calculés pour s’emboîter les uns aux autres, malgré leurs différences de styles, metalcore, thrashy ou heavy, jusqu’à former une pièce maîtresse qui serait l’essence, l’âme d’un être vivant qui se nomme TRIVIUM. Cette représentation est en effet théâtrale, en témoignent les magnifiques pauses de Matt et ses interactions bon enfant avec son public, mais aussi la participation de Paolo et Corey, A chaque nouveau tableau, l'accueil est au rendez-vous, cet arrangement du set plaît indéniablement aux fans, et si c'est calculé, il s'agit d'un trait de génie.

Pendant 1h30, on nous conte l’histoire du groupe, son évolution tout au long de sa lente et brillante construction. TRIVIUM nous révèle comment la chenille metalcore d’« Ember To Inferno » est devenue un groupe majeur de la scène internationale avec l'éclosion du cocon « Silence In The Snow », jusqu’à s’envoler en véritable papillon heavy-thrash. Cette image s’impose musicalement et vocalement, avec Matt qui désormais offre une voix plus maîtrisée, nous connaissons tous sa vieille blague, « Je chantais du metalcore car je ne savais que hurler ». Matt a dépassé ce stade, sa voix est belle. Corey avec ses pauses à la Kerry King s’occupe de la majeure partie des growls, et Paolo des refrains clairs. Le jeu de scène est également un régal, les musiciens occupant de façon intelligente l’espace, se mettant en valeur et offrant de sympathiques duos ou trios. Paul, le nouveau batteur, assure et a trouvé sa place dans l’harmonie de la pièce jouée.

Quelques anecdotes de ce concert : la prévenance de Matt Heafy va se manifester, en dehors de ses sketchs et poses devenues des rituels, qui sont toutefois toujours bienvenus. Lors de la chute d’un spectateur dans le pit, Matt veillera à ce que l’on lui porte assistance avant de reprendre le show. Autre moment fort, l’offrande au public d’un morceau pas joué depuis longtemps, le beau et profond "The Deceived". Lors du mythique "Pull Harder on the Strings of Your Martyr”, c’est une nouvelle explosion de joie dans le public, avant un court break et le rappel avec l’acclamé “In Waves”. Les dernières forces sont mises dans nos corps pour vibrer à l’unisson et headbanger une ultime fois.

Nous sortons heureux, des étoiles plein les yeux, après cette représentation empreinte de magie. En fond sonore, "Ace of Spades" est notre compagnon jusqu’à la sortie. Matt et ses compagnons ne nous ont pas offert un bon concert, ils nous ont carrément emmenés sur la Lune. J'en frissonne encore.

TRIVIUM, je l’affirme à nouveau, est un grand groupe, une bête de scène. La relève des mastodontes des années 80 existe, je l'ai vue jouer ce soir-là.


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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