8 septembre 2016, 19:09

FIVE FINGER DEATH PUNCH

"War Is The Answer"

Album : War Is The Answer

En 2009, après un premier album "coup de poing" autant que coup de cœur, FIVE FINGER DEATH PUNCH nous revenait avec ce missile qui allait devenir une référence. Dans un contexte particulier, un monde vivant avec des conflits qui s'éternisaient depuis une décennie, nos gars du Nevada imposent un groove metal guerrier, et affirment que la guerre est la réponse. Ne dressez pas les boucliers de suite ! Cette guerre est une guerre emplie d'humanisme, révélant la dualité de l'homme qu'énonçait Kubrick dans Full Metal Jacket.
Avec un line-up enrichi, l'arrivée du virtuose Jason Hook, le groupe nous livre des compositions puissantes, et ça démarre fort avec "Dying Breed" et "Hard To See". On sent que le groupe ne se ramollit pas. Le tout est paré de paraboles militaires, jusque dans ses chansons parlant d'amour qui se drapent dans du Semper Fi. Les chœurs deviennent des grenades prêtes à exploser, les hommes, quant à eux, des gilets qui essaient d'être pare-balles. Souvent sans succès.

En me relisant je me dis que l'on risque de se méprendre, et je me dois de l'affirmer d'emblée : FIVE FINGER DEATH PUNCH ne fait pas dans l'apologie des affrontements qui secouent le monde. Si les riffs, tout comme le chant d'Ivan renvoient cette image avec leurs puissance dévastatrice dignes d’un calibre 50, les textes au contraire versent dans l'analyse sociale. Définitivement, et cela se poursuivra dans les albums suivants, les titres traitent du guerrier en tant qu'humain qui survit, revient au pays et y cherche sa place.
Si dans "No One Gets Left Behind" on parle de la fraternité au combat, dans "Far From Home" ou "My Own Hell" c'est la question du vétéran marqué physiquement et psychologiquement qui est abordée. Vétéran qui doit retrouver sa place dans une société qui ne veut pas de ses traumatismes, auprès de proches qu'il ne reconnaît pas et qui ne le reconnaissent pas non plus. Le conflit lui collant à la peau les retrouvailles deviennent une nouvelle guerre, auquel le titre de l'album fait pleinement écho.

Musicalement le groupe s’est définitivement éloigné des rivages limités du metalcore, les sons sont à la fois groovy, thrash, hardcore ou mélodieux. Ah ces ballades imparables qui deviendront une marque de fabrique chez FIVE FINGER DEATH PUNCH ! Zoltan et Hook sont des dieux de la guitare. Les morceaux vous marquent au fer rouge. L’album tient la route sur l’ensemble des 13 titres, et malgré les déclinaisons surprenantes de styles, tel l'instrumental "Canto 34", jamais on ne se perd dans l’écoute de ce chef-d’œuvre.

Ivan se pose en chantre de la classe moyenne et non des politiques, se livre avec sa voix si particulière empreinte de colère et de sensibilité. Je vois se dessiner des tableaux d'un Edward Hopper d'aujourd'hui. Pour l'anecdote, la reprise de "Bad Compagny", excellente, appuie cet hypothèse en donnant à ce tube seventies post Viêtnam un écho des plus modernes aux guerres qui secouent le moyen-orient. Chacun de ces deux groupes est le porte-parole de l'Amérique de son époque. Défi réussi que ce deuxième album, qui nous émeut par son côté metal, mais aussi par son humanité.
En 2009 5FDP apporte la réponse à la guerre. Cette réponse s'appelle musique.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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