7 novembre 2016, 17:16

SURVIVE

"RR7349"

Blogger : Clément
par Clément
Album : RR7349

Le quartet Texan de SURVIVE est plutôt du genre à avoir la bougeotte. Quatre albums sortis en quelques années sur quatre labels différents, voilà ce que l’on appelle une vraie formation… tout-terrain ! Est-ce pour cela que Relapse a balancé dans la foulée deux singles extraits du quatrième album sorti quelques semaines plus tôt ? Par volonté de profiter du filon SURVIVE avant de le voir déguerpir chez un camarade mieux-disant ? Il faut dire que depuis son apparition remarquée cet été dans le générique de la nouvelle mini-série Stranger Things, le quartet semble surfer sur une notoriété naissante qui lui ouvre les portes d’une audience plus large. Bon, de là à ce qu’il envahisse les ondes FM il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas, enfin pas tout de suite, mais il faut bien reconnaître que l’appui de la série des frères Duffer lui file un petit coup de pouce non négligeable.

Et cette dernière livraison, qu’elle signe un passage flash dans l’insconscient collectif ou marque le début d’une entreprise plus pérenne, montre un groupe inspiré et créatif. D’ailleurs ce « RR7349 », subtile allusion à la référence du disque dans le catalogue de la vénérable institution Pennsylvanienne, n’est pas vraiment du genre à se laisser guider en pilote automatique. Les neuf titres troussés ici en une bonne quarantaine de minutes sont dotés d’une identité solide, balayant un large spectre musical qui entraîne l’auditeur au fin fond des années 80. Une époque révolue où des noms comme TANGERINE DREAM, ASHRA, VANGELIS et bien sûr les films de John Carpenter séduisaient ceux et celles à la quête d’un son (presque) nouveau déjà popularisé dix ans plus tôt par un certain KRAFTWERK. Forcément, chaque recoin de ce trip en terre nourrie de synthés d’un autre temps n’est pas en soi une révolution, il n’en a d’ailleurs pas la prétention. Mais là où les Texans font preuve d’audace, c’est en choisissant de redonner à ces références leurs lettres de noblesse en 2016 avec une production plus actuelle, gorgée de tensions IDM et de passages plus ambiant, parfois dangereusement dark-ambiant. Le tout baigne dans un climat tendu, où l’on sent la bête prête à charger à tout moment. Un morceau comme “Low fog” en est le meilleur exemple, sorte de mélasse sonore horrifique qui enveloppe et englue l’auditeur dans d’hostiles marécages, il distille l’angoisse et la peur avec maestria. Le reste du disque s’organise lui entre mid-tempos savoureux, comme sur l’introductif “AHB” ou le ténébreux “Wardenclyffe” qui drainent tous deux d’intrigantes mélodies et embardées plus immédiates comme ce “Copter” irrésistible et EBM jusqu'au bout des ongles. Et c’est justement lorsque les synthés prennent vraiment le devant de la scène que SURVIVE excelle. “Dirt” est à pleurer avec sa structure tout en nuances et ses mélodies d’un autre monde, quant à “Cutthroat”, il livre des ambiances héroïques au moment de se dire au revoir. A côté de cela, un morceau poussif comme “Other” ronronne gentiment, sans ligne directrice claire alors qu’un titre comme “High rise” aurait pu figurer sur des productions plus actuelles, cassant la dynamique old school de l’album.
Ce qui est certain, c’est que « RR7349 » demande de nombreuses écoutes avant d’être appréhendé comme il se doit et ses synthés massifs (qui a dit baveux ?) pourront rebuter bon nombre d’auditeurs potentiels. N’empêche que ces sacrés synthés, sous des aspects parfois bourrus et jusqu’auboutistes, possèdent un charme vintage indéniable qui régalera avec délice les revivalistes du son des années 80 (ANORAAK, LAZERHAWK et autres PERTURBATOR). Il reste maintenant à savoir si vous en faites partie…

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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