En 2011, aux Etats-Unis, SABATON ouvrait pour ACCEPT. Moins de six ans plus tard, les rôles sont inversés, symbole de l'explosion du groupe suédois. Pas sûr que tous les fans apprécient de voir la légende allemande perdre son statut de tête d'affiche... En tout cas, ce package, le dimanche 15 janvier, a copieusement rempli l’Aéronef de Lille en un joyeux mélange de grands anciens et de jeunes convertis.
La première partie est assurée par TWILIGHT FORCE, originaire de la même ville que SABATON. Bienvenue dans un univers médiévalo-fantastique kitschissime, avec des musiciens déguisés qui forment une compagnie d'elfes, menée par un guerrier, épée brandie, et menacée par un sombre magicien au visage masqué. Le ridicule n'est jamais loin, à l'image des intros, récitées d'une voix gutturale et menaçante par le claviériste ou du tic du chanteur qui ne cesse de remettre en place sa longue chevelure blonde. Toutefois, en une petite demi-heure, TWILIGHT FORCE montre la qualité de son duo de guitaristes et le talent de son vocaliste. A condition d'apprécier le metal symphonique dans toute son emphase, le show est plaisant. Une partie du public répond aux sollicitations de la bande qui prend un réel plaisir à se produire. Les Suédois jouent d'ailleurs les prolongations en donnant rendez-vous aux fans au stand de merchandising pour des dédicaces et des photos. Bonne attitude !

Dire qu'ACCEPT est une machine de guerre heavy metal relève certes du cliché mais correspond à la réalité. En une heure – un laps de temps bien court au vu de la riche carrière du quintet – du coup de gong initial du batteur pour lancer "Stampede", tiré du dernier album, à l'incontournable "Balls To The Wall" final, le show passe en un éclair. Les indémodables classiques sont repris par la foule, ravie de se lâcher sur le speed "Fast As A Shark", d'accompagner le refrain de "Princess Of The Dawn" ou de reprendre la mélodie de "Metal Heart". "Stalingrad", martial avec ses chœurs glaçants, et l'inattendu "London Leatherboys" reçoivent eux aussi un bel accueil.
Si tous les musiciens, à l'image de Mark Tornillo, nouveau chanteur très à l'aise dans un style très Brian Johnson, se montrent particulièrement brillants, l'attention se concentre sur Wolf Hoffmann. Le colosse, dont le visage évoque celui du Nosferatu de Murnau, occupe sans trêve le devant de la scène. De la pâleur de sa face jaillissent grimaces et sourires quand sa guitare ne cesse de se faire acérée. La classe !

Avant l'entée en scène de SABATON, "The Final Countdown" d'EUROPE, intro de la tournée précédente, a été remplacé par la reprise d'un "In The Army Now" – présente avec ses "R" bien roulés sur l'une des versions de « Carolus Rex » – bien plus en rapport avec la thématique préférée du groupe. Des roadies déguisés en soldats envahissent la scène quand un grand écran commence à diffuser ses premières images. Durant tout le show, les spectateurs pourront y voir des films et des diaporamas, parfois accompagnés des paroles des refrains ; l'Aéronef peut ainsi se transformer en un gigantesque karaoké metal... même si de nombreux fans connaissent les paroles à la perfection ! La batterie est posée, comme d'habitude sur un char ; la scène évoque un champ de bataille.
"Ghost Division" lance les hostilités avant que ne résonne "Sparta", premier des six extraits de « The Last Stand » – dont les dispensables "Blood Of Bannockburn" et "Winged Hussars" – joués ce soir. Pour ce titre ultra efficace aux refrains scandés, Joakim Broden est déguisé en Spartiate ; des roadies dans le même accoutrement l'accompagnent, avec lances et boucliers en prime, dans une chorégraphie guerrière. Heureusement que ce morceau est bon... Le chanteur, qui s'est étonné de voir autant de monde un dimanche soir, présente, avec son humour habituel, Tommy Johansson, nouveau guitariste qui se met la salle dans la poche en proposant de jouer l'indémodable "Swedish Pagans"... que le frontman dit détester : « Si c'est comme ça, ce sera ton dernier concert avec nous ! ».
Alors que les hymnes sont au rendez-vous ("Carolus Rex", "Resist And Bite", "Night Witches", "The Lion From The North"), les Suédois se renouvellent avec une version acoustique de "The Final Solution", beau moment d'émotion. Avant de la jouer, Joakim propose un nouvel intermède humoristique en se présentant comme un virtuose du clavier, où il enchaîne un "Jump" hésitant de VAN HALEN et une "Lettre à Elise" de débutant. Ses comparses se moquent de lui et il cède sa place à Tommy. Juste avant les rappels, « une vieille chanson », "Unions", est jouée. Le retour du gang est ultra efficace, composé de l'enchaînement "Primo Victoria"-"Shiroyama" – puissant en live ! – et, bien sûr, "To Hell And Back", un poil poussif.
Etrangement, si le son pour ACCEPT était excellent, SABATON n'a pas bénéficié d'aussi bonnes conditions, notamment au niveau de la voix. Mais ce petit bémol ne doit pas ternir l'excellente et dynamique prestation d'un groupe qui sait gâter ses fans.
Portfolios de Raphaël Meert : TWILIGHT FORCE / ACCEPT / SABATON
