Premier gros concert de l’année ce soir dans un Bikini bien rempli (balcons ouverts, on doit facilement approcher le millier de spectateurs). Pour rien au monde je ne raterais le passage d’ACCEPT près de chez moi, même en sachant que c’est un concert un peu particulier à la set-list forcément réduite ; et puis comme je n’avais pas vu SABATON lors de leur dernier passage (en décembre 2014 avec TYR et KORPIKLAANI), c’est aussi l’occasion de me faire ma propre idée : sur disque je n’adhère pas, mais j’ai eu de très bons échos de leurs prestations live, j’attends donc ça avec impatience d’ici environ 2 heures...

Ce sont les Suédois TWILIGHT FORCE qui démarrent la soirée avec une intro symphonique et un visuel typiquement heroïc fantasy aux couleurs de la pochette de « Heroes Of Mighty Magic », leur second et dernier album en date. Comment arriver à ne pas sourire, voire ne pas rigoler franchement, en les voyant débarquer avec leurs costumes façon cosplay cheap et une attitude très enjouée qui sied particulièrement bien à une sorte d’happy metal lyrique ? Non là franchement, c’est pas possible… Le RHAPSODY du pauvre pour ados qui ont découvert le metal avec HAMMERFALL ?! C’est un peu ça, même si, techniquement (et en particulier le guitariste soliste), les gars sont de très bons musiciens. Mais oui, comment prendre ça au sérieux ? Et dire que le premier à avoir voulu combattre des dragons fut Ronnie James Dio en son temps, là on en est quand même bien loin !

Quelques changements de décor et voilà ACCEPT de retour au Bikini, un peu plus de deux ans après sa dernière venue en tête d’affiche. Le légendaire groupe allemand n’ayant pas encore de nouvel album studio mais un nouveau CD/DVD live (« Restless And Live »), ils ont accepté ce qui peut paraître de prime abord improbable : ouvrir pour SABATON pour une sorte de tournée-bonus. Alors eux, groupe culte allemand (le plus fameux après SCORPIONS), ouvrir pour une formation bien moins réputée : ça a fait couler beaucoup d’encre évidemment. Mais on voit donc qu’ils n’ont pas de problèmes d’ego et si on prend vraiment cette première partie pour ce qu’elle est : juste exceptionnelle et ponctuelle, alors ne boudons pas le plaisir de les revoir si tôt ici et profitons de ce bon moment ! D’autant plus que depuis leur troisième reformation en 2009 avec Mark Tornillo au chant, le groupe connait une deuxième jeunesse et tient une forme exceptionnelle. J’avais pu m’en rendre compte au Hellfest 2013 et donc aussi dans notre Bikini en 2014. Depuis, le groupe a encore rajeuni ses rangs avec un nouveau batteur et un nouveau guitariste, recentrant le noyau dur d’ACCEPT autour de Hoffmann, Baltes et Tornillo.

Leur regain de forme n’a pas baissé, bien au contraire : le groupe pouvant aussi plus facilement se lâcher sur une aussi courte durée (1 heure environ) , on a eu droit à un bon mélange de morceaux récents ("Stalingrad", "Stampede", "Final Journey" et "Teutonic Terror") et d’incontournables classiques tels que "Restless and Wild", "London Leatherboys", l’enchaînement magique "Fast As a Shark" / "Metal Heart" et enfin "Balls To The Walls". Pour l’inconditionnel que je suis de l’album « Russian Roulette », une fois de plus je repasserais (je rêve d’entendre à nouveau un jour un morceau aussi énorme que "TV War") ! Même si forcément frustré, l'ACCEPT 2017 me plaît toujours autant : j’attends maintenant de les revoir en tête d’affiche avec aussi, peut-être, plus de surprises au niveau de la set-list !

Vous connaissez le point commun entre ACCEPT et SABATON ? Non, il ne s’agit pas d’une blague (certains me connaissent bien !). Ils ont tous deux un nom de morceau en commun : "Stalingrad". Il faut dire que ces deux groupes partagent un intérêt commun pour l’histoire et en particulier la guerre et les batailles célèbres. Alors personnellement, je ne suis pas trop amateur du groupe suédois, mais comme je l’écrivais en préambule je n’ai eu que d’excellents retours de leurs concerts et je pense être suffisamment ouvert d’esprit pour me raviser et réécouter ça avec une autre oreille. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois qu’un groupe m’accroche plus en concert que sur disque (AIRBOURNE ou POWERWOLF par exemple sont les deux premiers noms qui me viennent à l’esprit, mais il y en a certainement d’autres).

Après une intro basée sur leur reprise de "In The Army Now" de STATUS QUO, qui était en fait une reprise de BOLAND & BOLAND, bref le principe des poupées russes, le groupe entre en scéne. D’emblée, le groupe dégage pas mal de charisme et une grosse présence scénique avec aussi il faut dire de bons moyens : écran vidéo géant, lights somptueux, décors de scène… Et même des Spartiates (si, si des vrais en chair et en os !) sur le deuxième morceau, "Sparta" ! Bref, de quoi en mettre plein la vue. Oui, niveau show ça assure et puis l’ambiance est bon enfant (c’est aussi l’anniversaire du batteur Hannes Van Dahl qui aura droit à son traditionnel « Happy Birthday » et même un gâteau à la crème en pleine figure à la fin du concert, donné par sa compagne Floor Jansen de NIGHTWISH, enceinte… et dans l’enceinte ce soir, juste derrière les enceintes !). Le chanteur communique beaucoup avec le public, reçoit même divers cadeaux (peluche, bonnet de Noël, soutif !) et apporte à son tour les félicitations sur la salle (« Meilleur club en Europe » : un de plus qui le dit, on en est toujours tellement fiers, car c’est bien de "notre" Bikini dont il s'agit !).
Après, musicalement, ça tient plutôt la route car pro et carré mais au fur et à mesure de l’avancée du concert, une impression de redite, de répétition, se fait cruellement sentir. Puis, très sincèrement, une impression de malaise, comme si tout ceci n’était que de l’esbrouffe, de la poudre aux yeux. Car en écoutant attentivement la musique, je me dis finalement que c’est très pauvre… La structure des morceaux est toujours construite à partir du même schéma, s’articulant autour de l’élément principal claviers et chœurs. Sauf que… il n’y a pas de claviériste sur scène (pourtant l’instrument prédominant), et la plupart des chœurs sont samplés ! Donc, beaucoup de ce qu’on entend sur scène n’est en fait que bandes enregistrées, le groupe se contentant de jouer autour et d’accompagner les samples. Pour moi, ça manque de vrais riffs (surtout après ACCEPT !), de grosses guitares, de double grosse caisse… Bref, d’un bon son bien metal plus authentique et moins artificiel. Le comble, quand on voit leur imagerie guerrière et qu’on entend une musique souvent trop gentillette, édulcorée et noyée dans les samples. Un décalage assez frappant. Enfin, malgré tout j’ai passé une bonne soirée et un bon moment et ne regrette pas de les avoir vu en live, mais pour moi je pense que ça sera la première et la dernière fois !
Portfolio par Fred Moocher sur ce lien
