2 mai 2017, 23:22

DREAM THEATER

@ Toulon (Zénith Omega)


Si quelques malheureux de mon carnet d’adresses qui se sont infusé l’an dernier le concert où DREAM THEATER interprétait in extenso « The Astonishing » ne s’en sont toujours pas remis, c’est (heureusement) dans le cadre du “Images, Words & Beyond 25th Anniversary Tour” que les cinq hommes ont posé leurs flycases à Toulon. Une tournée commémorant, comme son nom l’indique, le quart de siècle d’« Images And Words », leur deuxième album sorti en pleine déferlante grunge. Un classique immédiat du metal prog qui, onze réalisations plus tard, demeure, à mon humble avis, une des pierres angulaires de leur discographie, avec « Awake » (1994), « Train Of Thought » (2003) et « Dream Theater » (2013), tant s’allient parfaitement virtuosité et chansons, avec des refrains que l’on peut même siffloter sous la douche, n’en déplaise à certains. Et qui ne nécessitent pas d’être un musicologue averti et d’avoir fait dix ans de conservatoire pour apprécier le quintet.

Ce soir, comme sur le reste de la tournée, pas de première partie mais 2h45 (!) de concert divisé en trois actes avec un son énorme. Du moins si l’on était installé au-dessus de la console dans les gradins. Acte 1 : une set-list composée de sept titres plus ou moins “marquants” du groupe, dont “The Dark Eternal Night” qui ouvre la soirée, “The Bigger Picture” ainsi que le heavy et très apprécié “As I Am” qui intègre un passage d’“Enter Sandman” de METALLICA. Le registre dans lequel un certain nombre de fans, dont je fais partie, préfère DT. Deux morceaux de « The Astonishing » en ont même profité pour se glisser sournoisement au milieu, faisons comme si l’on n’avait rien remarqué… Il y a aussi “Portrait Of Tracy”, une reprise de Jaco Pastorius interprétée par John Myung, impassible, qui doit sourire quand il se brûle et dont la dextérité sur sa basse six-cordes n’a d’égale que son mutisme et son côté statique. Idem pour John Petrucci qui ne décrochera pas un petit mot de la soirée même s’il est un peu plus expressif et mobile que son collègue. Dommage, Steve Vai a maintes fois prouvé que l’on peut être à la fois virtuose et showman et cette absence d’interaction avec le public est sans doute l’un des principaux reproches que l’on peut adresser aux deux hommes.
 


Heureusement que Jordan Rudess avec son clavier à géométrie variable prend du plaisir à jouer, tout comme Mike Mangini, aux commandes de son impressionnante batterie. En voilà un dont le road ne doit pas avoir le temps de s’ennuyer au montage et au démontage… James LaBrie, qui tout au long de la soirée fera de fréquentes sorties de scène sur les passages instrumentaux, est heureusement là pour assurer le dialogue et félicite les 2 000 et quelques Terriens venus assister à cette prestation d’extraterrestres d’un : « Nous savons que vous êtes une nation forte et que vous surmonterez ce qui s’est passé », en référence à l’attentat du Bataclan. Bien en voix ce soir, il ne souffrira pas des problèmes qui viennent parfois le perturber depuis une rupture des cordes vocales fin 1994 suite à une intoxication alimentaire.
 

Après vingt minutes d’entracte (bonbons, chocolats, eskimos… transposés dans le cas présent en p’tite mousse) retentit la voix d’un animateur de radio américaine. On est en 1992 et, en l’espace de quelques instants et de façon quasi-subliminale, on est replongé dans ce qui marchait à l’époque aux USA : “Achy Breaky Heart” (Billy Ray Cyrus), “Come As You Are” (NIRVANA), “Under The Bridge” (RED HOT), “Even Flow” et “Jeremy” (PEARL JAM), “Nothing Else Matters” (METALLICA), “November Rain” (GUNS N’ ROSES), “Would ?” (ALICE IN CHAINS)… avant que notre ami DJ n’annonce que l'emblématique “Pull Me Under” est entré dans le top 10 outre-Atlantique. Ce qui n’était pas gagné vu le contexte musical et pourtant, les New-Yorkais issus des plus fameuses écoles de musique américaine, une hérésie en ce début des 90’s, vont faire leur trou et s’imposer durablement. « A l’époque, racontera LaBrie après “Another Day”, nous voyagions à six entassés dans un van. Nous nous relayions au volant avec le tour manager pour aller d’une ville à l’autre. Nous nous douchions dans les salles de concert, dans des pièces insalubres qui grouillaient de cafards… Et jamais nous n’aurions osé imaginer que 25 ans plus tard, nous serions toujours là… ».

Arrive le très grand “Take The Time”, parfait alliage de technique, de musicalité et de mélodie qui, à lui seul, représente le meilleur dont est capable DREAM THEATER. Surtout qu’il est joué en version “extended” et que Petrucci sur sa guitare violette montre ce qu’il a dans les doigts. “Metropolis, Part 1 : The Miracle And The Sleeper” est l’occasion pour le remplaçant de Mike Portnoy d’y aller d’un solo de batterie et de prouver que la navette spatiale qui lui sert de kit n’est pas juste là pour en mettre plein la vue. A priori, du plus petit au plus gros, il n’y a pas un seul élément dont il ne se serve. Quant à la séquence émotion (si, si), elle sera assurée par le beau “Wait For Sleep”, un piano-voix tout en feeling. Quant au troisième et dernier acte, il a certes du sens puisqu’il s’agit des sept mouvements de “A Change Of Seasons”, extrait de l’EP éponyme sorti en 1995, qui devaient à l’origine figurer sur « Images And Words ». Les fans hardcore ont dû y trouver leur compte, mais les autres, comme moi, ont tout simplement décroché… Tout au long de la soirée, il était rigoureusement interdit de filmer le concert et de poster quoi que ce soit sur Facebook live. Le service d’ordre quadrillait le périmètre et chaque contrevenant était aussitôt rappelé à l’ordre. Décision du groupe qui nous réserve un CD/DVD/Blu-ray commémoratif ? Attention si vous êtes passé entre les mailles, vous pourriez bien être puni en étant obligé d’écouter en boucle les aventures du méchant Lord Nefaryus et de la résistance… Je plaisante, bien entendu. Ça serait bien trop cruel.

La set-list

Le portfolio complet est ici 


Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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