15 mai 2017, 8:28

PAPA ROACH

"Crooked Teeth"

Album : Crooked Teeth

« Allô Chef ?
- Oui, mon Chris, qu'est-ce qu'il y a ?

- On a un problème avec la chronique de PAPA ROACH.
- Comment ça ?
- L'album que tu m'as envoyé... C'est pas PAPA ROACH. J'opterais plutôt pour le dernier HOLLYWOOD UNDEAD.
- Attends, je vérifie. Non, c'est bien « Crooked Teeth », le dernier PAPA ROACH.
- Ah... Alors, on a un autre problème.
- Il est si mauvais ?
- Non, au contraire. Il est excellent ! C’est brillant et varié. Nous sommes servis en morceaux rap-metal, avec notamment "Break The Fall" qui nous offre des riffs puissants et immédiatement mémorisés, des chœurs los angeliques. Les textes sont emprunts de noirceur urbaine. Ça parle de chute et de rédemption, nous voyageons dans les jeunes années de Jacoby.
"My Medication" vient soigner une rupture amoureuse avec des vers slamés qui s'envolent sur des ailes neo-métalliques, certaines plumes sont baignées d'electro et de guitare sèche. Un titre incroyablement ambitieux, une réussite à saluer. « So I push you away, and tell you beg me to stay… ».
"Born For Greatness" rappelle toujours et encore le gang des rappers masqués avec ses refrains faciles et séducteurs. Ecoutons cette rythmique qui balance sous le soleil, puis ces breaks à la RAGE AGAINST THE MACHINE... on se croirait en pleine fusion des années 90.
De la fusion, voilà l’esprit de ce disque, mais on y trouve aussi du punk mélodique avec les dynamiques singles "Crooked Teeth" et "Help", morceaux rapides en diable, fun et paradoxalement profondément analytiques. Chaque titre, en effet, est une plongée dans le moi du jeune Mr. Shaddix. Le chanteur raconte les étapes marquantes et marquées de son passage à l’âge adulte. Son moi ? Je vous dirais, c’est le mien, le nôtre. Celui de la génération 90.
"American Dreams" ou le mensonge américain, nous effeuille un brin de rap, une fleur de pop-punk, une feuille de metal, bref un bouquet nostalgique parfumé à nos jeunes années. Ah, les années 90 et leurs sons riches et sans frontières. « It’s hard to breath when you’re buried alived… ».
"Periscope" viens nous souffler avec un amour impossible, que l'on croirait chanté par Sting. Ce duo avec la chanteuse Skylar Grey est somptueux, une fausse douceur, une vraie douleur. Le message n'est plus dans une bouteille, on le contemple au loin à l'aide d'un périscope. « I don't want to die in first, You don't want to hear this words. It's only gonna make it worst, You don't want to live that curse. ».

Le groupe a mis vingt ans pour donner naissance à ce diamant. Leur meilleur album. « Crooked Teeth » ou la rock analyse façon HOLLY... euh, façon PAPA ROACH. Nous sommes devant l'album du mois, peut être un postulant au podium de fin d'année.

- Alors, il est où le problème ?
- Ben... j'aime pas PAPA ROACH !
- Chris ?
- Oui ?
- T'es un lapin de six semaines. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
- Je crois, oui... Allez, go, on se l'écoute en boucle ! ».

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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