27 mai 2017, 19:19

ARMAROTH

• "Zenith"

Album : Zenith

Ils sont rares donc chéris ces moments où l'on découvre un album de death metal sur lequel on ressent pareilles sensations, émotions. Ce moment improbable où dès la premiére note on a la certitude inconditionnelle que l'on se trouve en présence de quelque chose qui fera sens, qui ne sera pas evacué avec la première cuite d'eau-de-vie de pomme de terre de la soirée ou lors de la quotidienne et solitaire promenade hivernale emmitouflé dans son pov' vieux caban antédiluvien (entends-tu ami les graillements alentour...?).
Rare car tellement de dechet dans ce genre qui peine à se renouveler et qui pour survivre déterre sans vergogne son passé glorieux ou se prostitue aux sirènes d'une modernité adolescente factice (pour les noms abonne-toi à Kerrang).

Bref, le coup de foudre. Pas moins.

Formé en 2007 à Kranj, en Slovénie dont il a moissonné de long en large les terres à force de prestations live incandescentes, le groupe composé de Filip Košnik, chant, Klemen Govekar, Martin Jagodic aux guitares, Vid Pobegajlo basse et Rok Lukavečki aux peaux, après la démo d'usage (« Burning Execution » en 2010), et le premier jet sous forme d'EP « False Vision » en 2013, propose son tout premier album intitulé « Zenith » (qui pour le coup annonce sans mentir la couleur), sous le doux nom d'ARMAROTH (puisqu'il s'agit de cette entité), qui mine de rien a accouché d'un des meilleurs albums de ce genre musical vénéré par votre serviteur et s'impose dès lors comme une des plus jouissives surprises auditives entendues depuis longtemps (se remémorer APOSTHEM), chatouillant les pavillons, échos émouvants à l'instar jadis des « Blessed Are the Sick » ou autres « The Bleeding ».

Death metal qui s'invente un futur, qui braque souvent et rétropédale pour le style, convoquant les glorieux anges morbides d'antan ou ce haut mal incarné par DECAPITATED et MESHUGGAH. Du lourd et du dérangé, donc.
Mais aussi aventureux dans son propos avec des molécules électroniques qui s'insinuent dans les couches opaques de ce magma, offrant une patine psychedélique au bon goût d'Amanita muscaria, élevant sa masse de prime abord effrayante vers des sommets d'élégance. Un death racé, lumineux dans sa proposition et jamais rébarbatif. Du groove, de la technique et du pas raffiné du tout, TREPALIUM, CATTLE DECAPITATION et ABORTED dans un égoût pour un joyeux festin dans lequel nous sommes plat de résistance. Du tout cuit.

De par son ambition  affichée ARMAROTH ne peut laisser indifférent tant les musiciens ô combien inspirés ont su se transfigurer pour offrir à un public qui perd souvent pied dans le bourbier musical extrême actuel sa dose de contentement, voire mieux un jalon historique. Dans une vie ça compte (petite larme pour BATHORY ou DEATH...). Aujourd'hui ARMAROTH ou LORD OF WAR (goûtez donc « Suffer... »).

« Zenith », évoquateur, vous crame tel un soleil. Du NILE dans les ambiances tribales (voix féminines étherées et architectures bistres), du GOROD agile dans les voiles, accordéon diatonique pour le tissu soyeux et comme mât le robuste FEAR FACTORY, avec cette belle croupe ARMAROTH c'est la dahabieh du bonheur.

N'omettons pas le Digipack au raffiné artwork crée par Peter Kalinski inutile ici de détailler le track-listing car ce nectar se déguste jusqu'à la lie sans respirer. Coule de source.

Death de la mort pas encore raide, old-school dans son hommage et résolument moderne dans ses applications (progressif dirons-nous), c'est un melting-pot orgastique que cet album qui alterne le grandiose au sublime. Qui réussi à vous procurer un réel plaisir et de gourmet et d'esthète. Comme une sorte de jubilation. Et comme fesses, on n'en est jamais repus.

Du grand Death. Du grand Art. Un Chef d'Oeuvre, tout simplement.

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