26 mars 2017, 15:02

UNEVEN STRUCTURE

• Interview Arnaud Verrier


Il aura fallu six ans de patience aux fans de UNEVEN STRUCTURE pour pouvoir écouter le digne successeur de « Februus », le premier album du groupe français, dont cinq années nécessaires à ses membres pour sa conception. Nous avons bien évidement voulu en savoir plus sur cette nouvelle œuvre nommée « La Partition » dont on dit être une franche réussite.


C’est après cinq ans de gestation que votre nouvel et second album va sortir, quelles sont ses différences avec son prédécesseur ?
Il y a plusieurs choses à considérer. Déjà par rapport à la production, sur "Februus" on avait un album cadré et beaucoup plus aseptisé, là on est parti sur quelque chose de plus brute. Le contraste est plus marqué car on s’est laissé allé au noise, il y a également des passages atmosphériques, très aériens, d’autres plus concentrés et denses, dans l’esprit le son est un peu plus "crade". Si on devait parler d’influences musicales, et surtout dans la production, dans les idées et les ajouts on pourrait parler des premiers SLIPKNOT, ou de THE DILLINGER ESCAPE PLAN, ça c’était pour le point le plus marquant. De plus, comme on a fait l’album nous-même et c’est un album à partition il y a donc eu deux versions qui sont passées à la trappe. Maintenant concernant l’histoire, l’univers qu’on a mis en place est le même que dans "Februus", c’est à dire qu’on trouve une sorte de croisée entre la personne de "La Partition" et celui de "Februus". De plus l’histoire de "La Partition" découle d’une suite d’actions qui se sont déroulées dans "Februus" mais ça c’est plus une métaphore à propos d’histoires personnelles et des addictions qu’elles soient humaines ou liées à une relation, ou des situations… ou même l’addiction pure et simple.

Le concept associé à vos opus semble complexe et abouti, comment le mettez-vous en place ?
Au niveau du concept c’est Benoit le bassiste qui s’en occupe, ainsi qu’Igor le guitariste et Matthieu le chanteur, tous les trois habitent Montpelliers et ils représentent la structure originelle du groupe. Benoit et Igor sont les deux fondateurs et Mathieu est très vite arrivé, donc évidement les idées leurs appartiennent et c’est un univers qui a germé il y a assez longtemps. Après l’on parle de métaphore donc ces expériences peuvent se rapporter à nous tous et dans le cadre de "La Partition" la seule intervention qu’on a eu est l’écriture musicale et la production. Mais pour le prochain on sera tous les six dans le même sac.

Vous êtes rentrés en studio en aout 2016, peux-tu nous faire partager votre expérience qui je pense a été marquante ?
Comme on a tout fait nous-même, "La Partition" n’a donc pas été conçu de façon classique, l’enregistrement définitif s’est effectivement passé au milieu de l’été 2016. Au niveau des faits marquants on ne s’est pas fixé de limite, on a des éléments enregistrés à partir d’un micro d’appareil photo et d’autres enregistrés en studio ou encore d’un ordinateur, comme cet album a mis cinq ans à se concevoir on s’est un peu pressé vers la fin, on a commencé à travailler dessus en 2012 et cela a été une recherche constante. A travers ces processus, les personnalités, les désirs et l’inspiration évoluent et tout cela forme l’album aujourd’hui.


Vous étiez auparavant chez BASICK RECORDS et vous avez récemment signé avec LONG BRANCH RECORDS, pourquoi avoir changer de label ?
Avec cet album on voulait sortir de cette appartenance au djent et au metal progressif et cela passait par un changement de label, mais sans aucune mauvaise pensé contre eux ! Nous sommes très reconnaissant pour tout ce qu’ils ont fait. Donc nous avons eu plusieurs propositions et on est désormais avec LONG BRANCH qui est une division de SPV RECORDS. Les gars, une équipe hyper jeune et dynamique, ont tout de suite saisi ce qu’on voulait dire et là où on voulait aller. Nous n’avons eu aucune pression mais plutôt une totale liberté sur l’artistique avec un process créatif de A à Z, ce qui n’est pas toujours le cas, certains labels voulant cadrer le travail à leur image. C’est donc un label Allemand et le travail a été fait avec notre manageuse, qui est allemande aussi. C’est vrai que c’est assez rare pour un groupe français d’avoir ce genre d’opportunité et on en est super reconnaissant, en tout cas l’entente est parfaite.

Votre premier label BASICK RECORDS était donc anglais, de plus j’ai remarqué que UNEVEN STRUCTURE possède une page Wikipédia en anglais et pas en français, avez-vous plus de contacts à l’étrangers plutôt qu’en hexagone ?
La page a été créée par des fans anglais, les membres du groupe ne pouvant pas s’en charger, il y aussi une page Russe et ce fut même la première nous concernant. UNEVEN STRUCTURE est de base un groupe qui a mieux marché à l’étranger, notamment en Allemagne et en Angleterre, plutôt qu’en France. On nous a pas mal boudé jusqu’à encore récemment mais on est peu à peu en train de reconquérir notre pays. Du coup on a des contacts en Europe et donc on joue plus souvent à l’étranger.

Comment analyses-tu cette situation ?
Comme je te disais UNEVEN STRUCTURE a toujours était assimilé à la vague djent et metal prog, ce sont des styles qui ont été adopté plus vite à l’étranger et c’est à cette période où l’on a débuté, tout comme les promoteurs qui ont été sensibilisé à cette vague. Dès le départ on s’est exprimé en anglais et forcement le public qui a été touché fut plus large.

Un de vos guitaristes Aurélien Perreira vous a récemment quitté, pouvons-nous revenir sur ce qui s’est passé ?
Cela a été un petit chamboulement dans la mesure où nous avons tous notre spécialité dans le groupe et celle d’Aurélien c’était la production, donc nous on se reposait là-dessus. Du coup Igor a dû se jeter dans la foulée sur la maitrise de la production audio. Il a dû tout réapprendre depuis le début, ce qui a apporté une touche complétement différente à UNEVEN STRUCTURE. Au niveau prod, Aurélien était un vrai génie et pour nous c’était acquis, par conséquence c‘était dur à encaisser au début mais au final on s’en ait super bien sorti. Il a voulu se concentrer justement sur cette carrière mais dès qu’on va du coté de Metz pour répéter on se voit toujours…

Une des particularités de la formation est de compter trois guitaristes, comment vous organisez-vous dans le process d’écriture ?
Comme je le disais, la composition c’est plus Ben, Mathieu et Igor qui s’en sont chargés mais après c’est plus sur la répartition des parties en live, c’est-à-dire rythmique, lead et aussi atmosphériques. Il y a toujours des atmosphères qui traines et parfois ça donne lieu à des rivalités assez drôles parce que forcement il y a un guitariste qui voudra envoyer sur telle ou telle partie alors qu’au final il va être restreint à jouer une ambiance. Mais globalement la répartition se fait assez naturellement, il y a Jérôme qui es plus discret, introvertie et qui va plus travailler sur les ambiances, ce qui lui va à merveille ! Igor sur les parties lead et rythmique, bref tout le monde s’y retrouve selon sa personnalité.

La pochette, tout comme son titre "La Partition", semble contenir beaucoup de symboles, est-ce que tu peux nous donner quelques pistes pour nous aider à la décrypter ?
Quand je te parlais de cette relation aux addictions et des oppressions qu’on s’afflige au travers de nos propres choix et erreurs, on peut dire que cette pochette est la métaphore qui en résulte. Tu vois le personnage qui tombe ? C’est le personnage clef de la Partition, c’est un marin qui, interpellé par des sirènes, a été chargé contre son gré de récupérer la Partition afin de leur permettre de chanter à nouveau et donc de survivre. Elles avaient perdu leur chant à la suite d’évènements se déroulant dans notre précédent album, le personnage qui à la main tendu est celui de "Februus", c’est une sorte de guide dans cet univers.



Benoit Friedrich - Basse
 


Lorsqu’on se penche sur votre biographie on peut lire que vous avez effectué plusieurs tournées, est-ce que ces expériences scéniques vous ont influencés sur l’écriture de "La Partition" ?
Oui carrément ! Dans la mesure où lorsque "Februus" a été composé, le groupe n’avait jamais tourné auparavant. Les concerts apportent une cohésion, une complicité et une connaissance musicale des autres. Je prendre pour mon exemple : pour "La Partition", c’est Igor qui avait composé les batteries. Et on avait joué des morceaux de cet album avant qu’il sorte. Aussi j’ai l’habitude de me filmer pour mon propre retour afin d’analyser ce qui va et ce qui ne va pas. Igor s’est servi de ces vidéos pour réécrire les parties batterie pour qu’elles collent plus à mon image, c’est un travail de fou qu’il a accompli, et plutôt sans prévenir…

En tant que batteur tu peux tout de même ajouter ta touche personnelle à la composition ?
Oui bien sûr mais en ce qui concerne le squelette c’est une tâche que j’ai toujours laissée dans tous mes projets aux guitaristes parce qu’on n’a pas forcément les mêmes "conventions". Par exemple, nous (NDLA, les batteurs) on va aimer mettre la caisse claire sur le second, quatrième, ou troisième temps, ou mettre une crash à chaque début de partie, les autres musiciens n’ont pas forcement ces conventions encrées en eux, ils préféreront composer des trucs qui sortent complétements de l’ordinaire auxquels un batteur n’aurait jamais pensé. C’est un travail hyper intéressant que je préfère donc laisser aux guitaristes non pas par fainéantise mais par intérêt, et par la suite les récupérer pour me les réapproprier. Cela me force à faire un gros travail technique, j’insufflerai donc mon feeling et mes petites idées, mais c’est plus un travail d’arrangement et de finition sur une sculpture déjà bien avancée.

Et profites-tu de tes qualités de batteur en dehors du groupe ?
Cela m’arrive de donner des cours et aussi de faire du travail de session avec d’autres groupes, c’est quelque chose que je faisais énormément auparavant parce que j’avais la vocation de jouer toutes les musiques et toutes les situations. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait des contraintes qui ne me plaisaient pas, voire cela m’a dégouté et ce malgré que je sois très ouvert musicalement, c’est donc de façon très volontaire que je reste concentré sur UNEVEN STRUCTURE. Après il y a des opportunités qui passent sur lesquels je me régale. Par exemple l’année dernière je suis parti en tournée avec un groupe Serbe qui s’appelle DESTINY POTATO et ça a été une grosse éclate ! Je vais aussi enregistrer un album dans pas longtemps. Je suis un fondu de batterie et je travaille beaucoup mon instrument.


Quel est ton expérience avant UNEVEN STRUCTURE et ce que tu en as tiré ?
J’ai fait mes premiers pas professionnels avec ZUUL FX, j’ai joué avec eux pendant 3 ans et cela m’a apporté énormément de choses, j’ai aussi été dans KADINJA un groupe français appartenant au mouvement djent, ce groupe autant sur la route qu’en dehors m’a lui aussi beaucoup apporté. Les tournées sont l’occasion d’une prise de conscience, tu perds tes filtres et tu deviens plus honnêtes face à toi-même et ton travail, cela implique parfois des désillusions parfois des grandes surprises. Tu enchaines 10h de vannes pour ensuite jouer un concert après tu vas dormir dans une pièce qui est glacée sans avoir pu manger, tu peux passer plusieurs jours sans pouvoir de doucher, tu es confronté à ce genre d’extrêmes avec lequel tout le monde se retrouve, tu as une volonté de protection et tu as des interactions entre tous les mecs du groupe et cela te rapproche d’eux, cela créé des liens. Parfois on s’engueule, mais c’est comme une relation fusionnelle avec une copine ou la famille avec qui tu passes énormément de temps, tu as des défauts qui vont devenir irritant ou des situations qui vont devenir énervantes, des fois tu vas chercher à jeter la faute sur l’autre mais ça reste toujours super nature. On a une capacité de recule assez rapide avec UNEVEN STRUCTURE, il n’y a jamais vraiment de coup de sang et on connait les limites de chacun, c’est un milieu qui est vraiment très formateur.

A ce sujet avez-vous bientôt prévu des dates de concerts ?
Nous allons jouer à Sucy-en-Brie le 1er avril pour le HEART SOUND METAL FEST, les fonds du concert seront reversés à une association luttant contre la leucémie ce qui est génial, il y aura THE ARRS et aussi BETRAYING THE MARTYRS. Quelques jours après on fait aussi quelques dates en France avec TEXTURES. Sinon le 10 avril prochain on part en tournée pendant un peu plus d’un mois avec un groupe australien qui s’appelle TWELVE FOOT NINJA, on va beaucoup jouer ça va être top. Aussi, on sera en Angleterre en juillet, en Allemagne en aout puis à l’EUROBLAST FESTIVAL en octobre. Evidement on a une tournée en tête d’affiche pour défendre notre album qui se programme en juin et juillet. Entre tout cela il y aura normalement deux ou trois plans un peu plus fous, j’espère que ça va pouvoir se réaliser…

Est-ce que parfois dans ta playlist tu fais des infidélités au metal ?
Je n’écoute pas de metal, vraiment désolé (rires) ! J’en ai énormément écouté, j’ai grandi avec SLIKPNOT, KORN, etc. J’écoute essentiellement du jazz, dans le metal ça sera plutôt des groupes un peu fous comme THE DILLINGER ESCAPE PLAN ou CARBOMB, sinon l’incontournable GOJIRA...

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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