30 mai 2017, 16:50

OF MICE & MEN

• "Cold World"

Album : Cold World

Voilà presqu’un an que je repousse cette chronique. Un groupe que je vénère, une première écoute qui m'a déstabilisé. Je ne savais pas quoi en penser.
Voici « Cold World » de OF MICE & MEN, le retour des loulous metalcorénervés de chez Steinbeck. J’ai choisi une analyse "de sang-froid". Oui, il y a de l'homme vrai dans l'air et sortons couverts... désolé je m'égare.

Penchons-nous sur les froides raisons de la colère.
Cet album est celui de la transition. En effet Austin, à bout de souffle, malade, ne peut plus crier. Charge à Aaron le bassiste d'utiliser sa voix angélique pour déclamer les tourments d'une jeunesse écorchée.  Le chanteur originel devient une ombre. Notre combo décide de s'exprimer dans un registre proche des derniers BRING ME THE HORIZON, un metal froid qui dénonce le mensonge ("The Lie") pour exiger le vrai ("The Real"). Comme l’écho du drame qui frappe les Californiens ? Deux morceaux en tout cas qui font l'économie du hurlement pour nous surprendre, nous attraper aux tripes avec des riffs minimalistes et un chant clair peu saturé.

Si plusieurs écoutes sont nécessaires, je peux vous assurer qu'au final c'est payant. C'est viscéral et nous sommes emportés aux confins de leur douleur. Souffrir pour se retrouver. "I will find myself again"…
Musicalement, la déferlante a laissé la place à une rythmique épurée, marquée et marquante, les guitares nous submergent par vagues régulières, à l'image de la douleur exorcisée par le concept de l'album.
Il faut croire que le passage de relais ne se fait pas aisément. OF MICE & MEN erre tel un fantôme ("Like a Ghost") et se hante lui-même avant de se reconstruire. "We will haunt you like a ghost". C'est conceptuel, mais pas inaccessible pour autant. "Contagious", morceau electroépileptique est un single puissant.

Le metalcore est toujours la marque de fabrique du groupe. Un metalcore nouvelle génération, même s'il emprunte sa structure glaciale à JOY DIVISION. Musique paradoxale, pont entre passé et futur.
Nous ne sommes pas témoins de la métamorphose, nous sommes attirés et nous envolons avec elle. Accouchement dans la douleur, comme ce clip montrant une danseuse brisée par un rythme contre nature, ces morceaux expriment la douleur du changement. Rien ne s'effectue sans "Pain". Ni sans fin, ou faim ("The Hunger").

L'album se déroule avec une succession de morceaux aux sons mi mélodieux mi disharmonieux, dessinant l'image des milles souffrances vécues par des hommes devenus souris.
La danseuse désarticulée tourne et tourne encore sur elle-même, son visage impassible. Elle nous mène loin ("Away"), jusqu'à effacer toutes les douleurs pour en sortir "Transfigured".
OF MICE & MEN ne sera plus jamais le même. La formation a lutté contre la souffrance de la perte d'un membre, un organe vital, mais son cœur continue de battre.

Voici un album qui compte l'histoire d'une mort et d'une renaissance. « Cold World » est un metalcore froid comme la mort, qui littéralement nous colle au corps. On ne peut qu'être impatient d'écouter le prochain album, attendu cette année, car il devrait être celui de la naissance d'un nouveau genre.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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