4 juin 2017, 11:00

LINKIN PARK

• "One More Light"

Album : One More Light

« One More Light », septième progéniture de LINKIN PARK, est une sortie printanière qui a agité la communauté metal. Un pas artistique complètement différent, une approche singulière dans la carrière du groupe de la paire Bennington/Shinoda et collaborateurs. Géolocalisation sonore actuelle : aux antipodes du précédent album « The Hunting Party » qui marquait un retour originel dans la matrice metalloïde.

"Heavy", le premier single avec Kiiara, une chanteuse d’electro-pop et R&B, a bouleversé émotionnellement (une aversion) la scène metal. Les fans de la première heure où LINKIN PARK envoyait de gros riffs musclés avec des alternances vocales heavy et claire. Clairement, ce titre n'est pas heavy. C'est très pop electro avec une superbe combinaison mélodique vocale.

L’anxiété virtuelle a, dès lors, envahi la toile.
Second single, peu de temps après: "Battle Symphony", on est dans la cure psychanalytique totale avec ce titre et sa boucle introductive qui reste dans la tête (et qui donne envie d’onduler son corps), récurrente sur le refrain de ce mid-tempo calibré pour toutes les radios... all over the world. Ambivalence totale crient les purs fans et les haters.

Ce n’est pas fini ! "Good Goodbye", troisième single sorti peu avant celle de l'album, très hip hop dans son phrasé avec un refrain Benningtonien typique et encore une fois très mélodique. Shinoda, guitariste rythmique, chanteur, maître à penser du PARK, et les rappers Pusha T et Stormzy y vont de leurs couplets sur la thématique de l'Au Revoir.

Le schisme fanatique est ainsi né avec les pro-« One More Light » et les contres.
Et le reste de l’album alors ? Il est dans la même nouvelle direction artistique empruntée par le sextet ! Des blocs de synthés, des loops, des samples, des voix autotunées, des effets vocaux en tout genre, des mélodies, des basses heavy, des beats hip hop, et un travail surprenant des guitares électriques. Tout est taillé pour du top radio mainstream. "Nobody Can Save Me", l’ouverture de l’album, en est le parfait exemple. "Talking To Myself" a une ligne de guitare introductive (et soutenant le refrain) rappelant un titre de GHOST, de THE CURE, mais de suite le LINKIN PARK En Marche est de retour avec son côté électronique. Chester nous dit qu'il se parle à lui-même. Va-t-il parler à tous les fans du groupe ? Même s’il a dû adopter une position très défensive en réaction à certains commentaires très négatifs sur cet album mettant en avant le côté mercantile de ce nouvel objet musical.

"Invisible" est comme une B.O. de film sympa où le héros essaie d’accomplir quelque chose. C'est très friendly. Le titre pourrait être joué en acoustique ou rehaussé en version metal, il ne changerait pas. Le refrain fait penser à une marche militaire millimétrée. C’est très émotionnel avec uniquement la voix de Shinoda et des relents de U2, une fin classique.
"Sorry For Now" est un autre titre entièrement chanté par le compositeur sus-cité. Il y met les ingrédients électroniques principaux de cet album avec du gros beat. Bennington intervient sur le bridge avec sa voix puisssante. "Halfway Right" est très calibré radio, pour les fans de TWENTY ØNE PILØTS, Katy Perry, avec ses « na na na » un peu stéréotypés. 

"One More Light" : le titre éponyme est magnifique. Planant, mélancolique, une superbe interprétation vocale de Chester, de belles lignes guitares clean, des échos lounge. La progression mystique du titre est prenante (si l’on arrive personnellement à exprimer ses sentiments, ses émotions). "Sharp Edges" clôt l'album. Un titre porté par un très beau travail de guitares acoustiques sur un beat mid-tempo et encore Bennington qui assure vocalement.

« One More Light » est lumineux non pas par l'électricité métallique, mais par l’ensemble solaire sonaire homogène et surprenant. Les textes sombres contrastent avec la musique. Les trois premiers singles annonçaient la couleur de l’album. Le changement, c’est maintenant ! L’album a tout de même fait son entrée au sommet du Bilboard Top 200 comme plusieurs autres disques du groupe.

Ce LINKIN PARK nouvelle génération est autre chose. Les risques pris par le groupe méritent d’être dégustés. La qualité artistique est plus qu’au rendez-vous. Ce n’est pas du metal… Il n’y a pas de loud-guitars, de gros son, ni de vocaux violents. Essayez, maturez, c’est bon dans cette période estivale.

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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