Choisir un nom de groupe quand on démarre dans le métier, vous l’ignorez sans doute mais c’est la croix et la bannière ! Un vrai cau-che-mar !
Dès que vous dégotez la moindre idée potable, vous vous rendez compte avec dépit que le nom existe déjà, piqué par un obscur groupe soviétique ou péruvien dont vous n’avez jamais entendu parler et dont personne n’entendra probablement jamais parler non plus ! Pas la peine de chercher l’inspiration dans Star Wars ou dans le Seigneur des Anneaux : tout a été pris. Les méchants du cinéma aussi, les personnages historiques, les grandes batailles, les maladies, les morceaux des groupes célèbres… C’est tellement impossible qu’il existe sur le web des générateurs de noms aléatoires comme Band Name Maker ou Cold Wave Name Generator pour venir au secours des formations dans le besoin.
Question efficacité par contre, on repassera tant le mélange de mots au hasard de ces logiciels génère de choses improbables. Quelques exemples faits en direct pour les besoins de l’article: JUMPING GAS (à conseiller à une filiale de GDF plutôt...), ELECTRIC BANANA (incroyable, après vérification ça existe déjà !) ou DISTILLED COMMENCEMENT… pour les plus désespérés, sans doute.
Tout ça pour dire qu’il existe actuellement 3 formations dans le monde répondant au nom d’EXECRATION et forcément 2 de trop. Le premier, assez anecdotique, nous vient du Brésil et pratique le black death (une démo à son actif) ; le second, sans doute le meilleur des 3 avec 2 albums de brutal death sur Comatose Music (avec les cris porcins qui vont bien) est basé dans le Colorado et enfin le troisième est originaire de Norvège et nous concerne présentement.
Formé en 2004, EXECRATION "version 3" on va dire en est déjà à son quatrième album et n’a guère engrangé d’exploits dans sa carrière hormis un Grammy Award (norvégien, s’entend...) pour l’album « Morbid Dimensions » en 2014 chez Duplicate Records et la participation à un split LP en 2010 avec LOBOTOMIZED, DISKORD et OBLITERATION dont la pochette plagie le fameux « Slowly We Rot » d’OBITUARY. « Oslo We Rot », il s’appelle : marrant, non ?
Maintenant on va parler de « Return To The Void », leur petit dernier, et on va nettement moins rigoler ! Il faut dire que 7 titres + 2 mini-intros inférieures à 1 minutes, ça fait un peu léger pour un album. Exempt de la moindre mélodie accrocheuse, rarement enthousiasmant, EXECRATION accumule les maladresses. Ses tentatives de paraître original, louables, prennent des tournures à la Wayne’s World jusqu’à en devenir risibles : utilisation de chants clairs inopportuns ("Cephalic Transmissions", "Det Uransakelige Dyp"), de claviers presque honteux ("Unicursal Horrorscope") et d’un semblant de solo de guitare tellement désastreux qu’on croirait à une blague ("Nekrocosm") ; non, la musique d’EXECRACTION ne fera assurément pas le bonheur de tous ! Piégés eux-mêmes dans des titres à rallonge les forçant à changer de rythme pour ne pas sombrer dans l’imbuvable, les Norvégiens incorporent dans leur black death des pièces rapportées (atmosphérique, punk, acoustique ou cold wave), qu'ils sont loin de maîtriser et qui arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe. Du coup, on ne sait pas trop où ils veulent en venir ni à quel public ils s’adressent. On sent surtout que certains titres auraient eu plus d’impact dans un format plus court ou si les Nordiques avaient eu la clairvoyance de capitaliser sur leurs meilleurs riffs qui, ceci dit en passant, ne sont malheureusement pas légion. Reste un sentiment de gâchis devant un réel potentiel pour la violence trop mal exploité, dilué dans des éléments contre-nature ou mal digérés.
Définition du mot "exécration" : sentiment d’horreur, de répulsion extrême.
Des 3 groupes il semblerait que, finalement, les auteurs de ce « Return To The Void » méritent de porter ce patronyme bien plus que les 2 autres.