Amis bardes et gentes elfes, bonsoir ! Bonsoir aussi à toi, ami métalleux qui n'a pas forcément traversé Brocéliande pour arriver jusqu'ici, mais qui n'en reste pas moins intéressé par ce qui nous réunit en cette belle soirée de célébration druidique : « Live Beyond The Spheres », le nouveau live de BLIND GUARDIAN. Le troisième d'une carrière qui compte onze réalisations studio.
Qu'apporte donc ce nouveau disque par rapport à son prédécesseur, sobrement intitulé « Live » et sorti en 2003 ? Un début de réponse se trouve dans la question puisque 14 années se sont écoulées entre-temps, 14 années et trois albums, « A Twist In The Myth » (2006), « At The Edge Of Time » (2010) et « Beyond The Red Mirror » (2015), très bien représentés sur les 3 CD qui constituent cette nouvelle offrande. Et autant vous dire tout de suite que derrière, il y a eu du boulot ! Les Allemands ont en effet enregistré pas moins de 30 concerts de leur tournée de 2015 pour, au final, ne retenir que les 2 ou 3 meilleures versions de tous les morceaux de « Live Beyond The Spheres »… vous avez ainsi droit aux interprétations ultimes de 22 compos qui pourraient fort bien servir de best of de-la-mort-qui-tue-et-qui-déchire-ta-race de BLIND GUARDIAN !
« Live Beyond The Spheres » est donc plus une compilation live qu’un véritable concert, mais rassurez-vous, l’ensemble est d’une cohérence à toute épreuve ! Bien sûr, les interventions d’Hansi entre certains titres nous indiquent qu’ils n’ont pas tous été captés au même endroit (on passe allègrement de l’allemand à l’italien !), mais cela n’entrave pas du tout l’homogénéité d’une œuvre grandiose et… massive : 2h30 au compteur, m’sieurs dames ! 2h30 d’extase progressive et mélodique ! Bien sûr, il y en aura toujours pour regretter la première ère speed de BLIND GUARDIAN, celle des "Time What Is Time", "Traveler In Time", "Welcome To Dying", etc. Mais comment rester de marbre devant des pièces de bravoure telles que "The Ninth Wave", "And Then There Was Silence" ou "Wheel Of Time", des morceaux très longs (le second atteint allégrement les 15 minutes !), fouillés à l’extrême, mais sur lesquels le combo teuton fait preuve d’une créativité et d’une maîtrise technique ahurissantes. Un tour de force d’autant plus remarquable que nos baladins réussissent à restituer l’ambiance épique de ces fresques musicales sans les orchestrations et les chœurs de leurs pendants studio ! Précisons au passage que BLIND GUARDIAN n’avait pas osé l’exploit "And Then There Was Silence" sur « Live », ce qui en dit long sur la motivation qui anime actuellement le groupe…
À quoi attribuer ce regain de forme chez BLIND GUARDIAN depuis quelques années ? À un album, l’excellent « Beyond The Red Mirror », sorti après deux efforts au demeurant très bons mais un brin foutraques, mais aussi à un line-up remanié qui a désormais trouvé ses marques sur scène. À ce titre, il faut noter le titanesque travail du batteur Frederik Ehmke, qui insuffle une puissance bienvenue à des chansons maintenant quelque peu assagies par le timbre moins agressif d’Hansi Kürsch. Que voulez-vous ? Tout le monde vieillit, ma p’tite dame !
L’autre intérêt de ce « Live Beyond The Spheres » est qu’il fait la part belle aux vieux classiques du groupe bien sûr, "Nightfall", "Imaginations From The Other Side", "Valhalla", "Mirror, Mirror", mais aussi, et surtout, à des vieilles pépites délaissées depuis belle lurette, "The Last Candle" et "Banish From Sanctuary" en tête. Comme quoi les fans de la première heure n’ont pas été oubliés.
Non, vraiment, il n’y rien à redire, surtout que le public des Allemands, que l’on connaît expressif, s’en donne ici à cœur joie… et pas seulement sur "The Bard’s Song", chantée presque exclusivement par les fans depuis des lustres ! Sur « Live Beyond The Spheres », l’expression "live" prend tout son sens, à un point tel qu’on en aurait presque honte pour pas mal d’autres formations ! Bref, voilà un triple CD qui a toute sa place dans la discographie de BLIND GUARDIAN tant il complète à merveille les deux albums live précédents, et qui nous rend encore plus impatients de connaître la suite des événements. Rien de moins qu’un album symphonique ! Guardian, guardian, guardian of the blind...