Comment a-t-on pu passer devant l’album « Dirty Dollz » que nous a envoyé Dom de Shotgun Generation il y a plusieurs mois ? Moi qui suis diplômé de HeavyGlamologie depuis 1989. J’ai vécu le courant avec MÖTLEY CRÜE et son apogée avec « Dr Feelgood », le premier album éponyme de SKID ROW, ceux de POISON, L.A.GUNS, FASTERPUSSYCAT, SLEEZE BEEZ, TUFF, WARRANT, RATT, CINDERELLA… La liste est longue, très longue comme les coupes de cheveux de l’époque avec teinture et laque, qui défiaient l’apesanteur. J’ai vécu les tenues gypsy, les foulards, les cuirs, les conchos, les santiags, les BC Rich rose fluo, les looks androgynes à la CC Deville de POISON ou Vince Neil à l’époque de « Theatre Of Pain »… En France, un courant a émergé avec SWEET LIPS, TIPSY WIT et consorts, mais le succès a été très confidentiel. Puis le grunge est passé par là, puis le neo-metal et d’autres courants métalliques connexes, tout a implosé, la musique, les cheveux et les looks…Mais la vie est un long cycle tranquille et on revient aux basiques naturellement. Les Suédois comme CRASHDIET, CRAZY LIXX, HARDCORE SUPERSTAR et d’autres ont remis au goût du jour ce courant musical qu’est le glam-rock&metal, le sleaze-rock empruntant au punk et au metal. En France, il y a BLACKRAIN mais aussi les marseillais RAKEL TRAXX sur la Sunset Cannebière…et il fait chaud comme à L.A. à Marseille.
Shanon Dollz (chant) et sa paire de guitaristes, à la Sabo-Hill, Zantolo et Squall défoncent tout. La section rythmique, fonctionnelle à souhait, sur « Dirty Dollz », comme une boite à rythme du Rainbow Bar, a connu récemment un changement de bassiste avec l’arrivée de Swylde.
"Can’t You See" ouvre l’album. C’est heavy, sleazy, ça envoie du riff dans tous les sens. C’est hyper efficace et bien fait. On ne va pas en rester là. Façon GUNS N’ ROSES, "I Need Your Love Tonight" continue de martyriser positivement l’auditeur en envoyant des paillettes roses et argentées, et du Jack Daniels. Refrain mémorisable, couplets dont la progression évoque l’arrivée de la cocaïne dans le cerveau (n’en consommez pas, bien évidemment). Ce titre sur l’amour est euphorisant et son solo de guitare digne des plus grands guitaristes de ce style de musique. Intro à la batterie un peu à la TWISTED SISTER, les lignes complémentaires de guitares amènent les riffs de "You’ll Never Stop The Game". C’est parfait, dans la continuité de ce que RAKEL TRAXX propose et c’est surtout énorme ! "Red N’ Hot", c’est chaud et la vidéo à la manière de STEEL PANTHER et qui accompagne le titre, est drôle. Deuxième degré avec tous les clichés du style Sex, Drugs & Rock’n Roll. Un bon titre à la PRETTY BOY FLOYD.
Fermez les yeux, vous êtes soniquement au Forum de Los Angeles en 1990. Tous les ingrédients du glam heavy rock sont présents, avec un break punk, et le message cérébral est « Tu headbangues sinon rien ». La fin de la vidéo vaut le détour (No Spoil). Ce n’est pas Janie mais une Lady qui a un Gun ensuite. Shanon prend sa voix plus sexy, plus chaude pour ce titre mais il se montre également agressif. La matrice du titre est punkoïde, anarchique, et installe le chaos dans les neurones. Le refrain tourne en boucle et cette basse, presqu’électronique dans son rythme, est hypnotisante. La wah-wah est de sortie, et un soupçon de Marilyn Manson aussi.
Shanon et sa bande continuent sur la thématique de l’amour dans une atmosphère punk. L’énergie la plus totale et ce cri final digne des plus grands hurleurs du heavy metal. "Cry And Die" est Hard FM, entraînant, du WARRANT ! Shanon me fait penser à un mélange de Steve Summers de PRETTY BOY FLOYD et le Vince Neil des débuts, époque « Too Fast For Love ». Encore une fois, le travail des six cordes est somptueux et la section rythmique fait le job. Une chanson avec un titre composé du mot "hey" doublé, ça ne peut que rappeler des souvenirs de la vague metal du début des années 1990 et vous pouvez imaginer le refrain efficace que cela peut donner, notamment en live. Cette "song" est une signature homogène de la track-list de l’album : efficace et rentre-dedans à un meeting RAMONES-LA GUNS (des débuts).
"I Need You Honey" est dantesque, agressif, prenant, jouissif… Il emporte l’auditeur dans un tsunami de mélodies heavy sleazy roxxy sexxy rock avec un refrain et un break basse-batterie après un solo de dingues issus de l’ADN du Sunset-Strip en 1989. Mon immense coup de cœur sur cet album est le dernier titre "Drugs To Kill Your Mind" avec ses guitares acoustiques, ses lignes mélodiques de guitares. Ce mid-tempo, à la façon d’une ballade, de 7 minutes est émotionnellement parfait, avec ses mélodies vocales, le riff central de guitare qui soutient cette mélancolie ambiante avec ses tonalités insecure et envoûtantes. Le solo de guitare est mélodique à la Slash au milieu de nulle part dans un clip de l’époque HeyDay de MTV. La progression du titre file la chair de poule, l’interprétation est somptueuse. « I Need You To Say » nous répète Shanon. Un chef d’œuvre, cette chanson !
« Dirty Dollz » de RAKEL TRAXX est un album de 10 titres sans aucune fausse note, un bloc sonore énergique homogène qui te défonce de façon euphorisante le cerveau. C’est plus qu’un tribute au glam metal ou au hair metal, c’est une pièce maitresse de sleaze heavy rock à ranger après les premiers albums de QUIET RIOT et avant ceux de RATT suivis de l’album éponyme de SKID ROW. RAKEL TRAXX, c’est Rock'n'Roll All Nite, Party Everyday ! Un antidépresseur naturel. You Rule, Guyz !
