L’Allemagne, terre propice au metal, a donné au thrash mondial ses plus beaux enfants : de KREATOR à DEW-SCENTED en passant par SODOM, EXUMER ou ASSASSIN qui a surpris tout le monde l'année dernière avec un meurtrier « Combat Cathedral » (et un certain Frank Blackfire aux guitares...), ce pays a constamment abreuvé la planète d’un déluge bienfaiteur de décibels.
Aujourd’hui la descendance a bien grandi et CRIPPER fait figure de dernier rejeton de cette honorable lignée mené par une chanteuse, Britta Görtz, plus proche de Sabina Classen de HOLY MOSES ou d’Angela Gossow d’ARCH ENEMY que d’un chant thrash masculin classique.
Leur premier album, « Freak Inside », fut enregistré en 2007 par Andy Classen (ex-mari de Sabina et ancien guitariste au sein d’HOLY MOSES : on reste en famille…). D’apparence brute à l’époque, CRIPPER n’a cessé d’affiner son art et de varier son propos au fil des albums pour mettre tout le monde d’accord avec « Antagonist » en 2012, en tout cas suffisamment pour capter l’intérêt du label Metal Blade Records et obtenir une diffusion plus large. « Hyëna » sorti 2 ans plus tard confirmait cette nette tendance à la hausse.
« Follow Me: Kill! » en remettra-t-il une bonne grosse couche cette année ou faudra-t-il se servir de la couche pour autre chose ?
C’est "Pressure" qui démarre les hostilités avec un rythme soutenu parfait pour une mise en bouche… ou plutôt un marron plein les gencives, le terme serait plus adéquat, le genre qui fait comprendre à l’adversaire sur le ring que le combat risque d’être un peu plus court que prévu pour lui.
Le son de cloche du second round a à peine retenti dans les enceintes qu’"Into The Fire" et son refrain en béton armé confirme cet excellent départ sur un high kick pleine tête, le genre cette fois qui envoie le protège-dent dans les premiers rangs. Il faut dire que les excellentes parties de batterie de Dennis Weber, impeccables tout au long de l’album, y sont sans aucun doute pour quelque chose. On aurait aimé que le reste du combat soit de la même qualité, hélas CRIPPER n’a pas encore la condition physique pour prétendre aux championnats du monde.
"World Coming Down" le troisième morceau mid-tempo fait malheureusement retomber la pression faute également à des chœurs lancinants pas vraiment crédibles et pas franchement utiles non plus. "Mother", lui, nous ramène un temps sur le territoire musclé de JINJER sans les chants clairs de la belle Tatiana Shmaylyuk toutefois. Pas franchement mauvais, mais pas convaincant non plus ! Même chose pour les bourrins "Shoot Or Get Shot", "Bleeding Red" et le lourdingue "Comatose", des titres sans surprise et sans valeur ajoutée qui s’inscrivent dans la lignée de leur ancien répertoire. "Pretty Young Thing" se rapproche quant à lui d’ARCH ENEMY dans la diction de Britta avec un bel effet de phaser aux guitares. "Running High", titre le plus long de l’album avec près de 9mn au compteur, est sans doute le plus faible à l’écoute avec des passages parlés peu parlants, des chœurs écœurants et des riffs pas assez ébouriffants ! Il faut dire qu’à de rares exceptions, le thrash metal est plutôt efficace sur des formats courts, "Reign In Blood" de SLAYER en étant la parfaite illustration. Alors 9 minutes… C’est long. Très long. « Follow Me: Kill! » finit néanmoins sur une bonne note, "Menetekel", un titre bien nerveux qui a euh… du chien, quoi !
Même si le dernier CRIPPER ne semble pas taillé pour permettre au groupe d’accéder au panthéon du thrash pour l’éternité, il montre de très belles choses néanmoins comme le niveau technique élevé de la batterie et des rythmiques de guitares. Presque une science ! Il leur manque juste pour devenir les rois du monde des refrains plus percussifs à l’image de "Into The Fire" et un vrai choix de riff principal redondant, pas une succession de plans collés bout à bout qui font trop souvent perdre corps aux morceaux.
