Matt, organisateur de concerts et figure de l’underground bordelais depuis de nombreuse années nous a présenté son nouveau projet encore plus ambitieux que jamais, l’INTERCEPTOR FEST. Festival de metal extrême, comme il le décrit lui-même, qui prendra place du 5 au 7 octobre prochain en plein coeur de Bordeaux et dont l’affiche pourrait bien vous faire rapidement oublier votre inexorable descente dans les ténèbres hivernales.
Ravi de te rencontrer ! Peux-tu nous raconter la genèse de l’INTERCEPTOR FEST ?
Si je te dis que c’est deux potes bourrés qui ont décidé de faire un festival je pense qu’on n’est pas loin de la vérité. Ça faisait longtemps qu’on voulait le faire mais les éléments n’avaient jamais collés jusqu’à présent : le contexte, l’économie, l’artistique. Et là on s’est trouvé au bon moment, au bon endroit avec les bonnes personnes pour que ça voit le jour. C’était il y a environ 8 ou 10 mois, je commençais alors à bosser au Rock School Barbey et on m’a dit que je pouvais faire ce que je voulais, j’avais carte blanche. Donc je suis allé voir mon collègue du Void, anciennement l’Heretic Club qu’il avait repris. Moi j’avais arrêté l’Heretic et ceux qui voulaient continuer ont donc fait le Void…
Tu es donc un ancien de l’Heretic Club ? J’allais justement te demander quelle est ton expérience dans le milieu des concerts ?
Oui je fais partie de ceux qui ont créé l’Heretic Club. Le premier concert que j’ai à la fois co-organisé et participé en même temps c’était en 1997 au Jimmy, il y avait CATHARSIS, GEHENNA et LEBENSREFORM. Après j’ai fait plein d’autres trucs : des tours-van, des fanzines, des labels, des distros, une salle de concert et maintenant le festival, sans oublier des groupes entre temps.
Et ton binôme Guillaume ?
Son parcours est diamétralement opposé au mien, déjà parce qu’on a 10 ans d’écart et qu'il fait partie de l’équipe qui a justement repris l’Heretic, donc on a une histoire différente mais on a fait en sorte que les deux salles travaillent ensemble : une grosse / une petite, une indé / l'autre pas. Outre le fait de créer un événement musical nous avons voulu confronter nos manières de travailler… le partage c’est plutôt hippy comme thématique pour un festival de metal (rires).
Donc le Void, le Rock School Barbey et un concert gratuit en pleine ville… ce n’est pas un peu risqué pour un festival de se situer à trois endroits différents sur trois jours ?
Si grave ! (rires) C’est un challenge et aussi un partage, ce sont ces deux lieux qui organisent un événement alors il faut qu’il se passe quelque chose dans les deux. Et puis ça met en évidence la déambulation des gens dans la ville, ça met au grand jour une population qui existe et qui n’est pas présente que pendant les festivals d’été. (Ndlr : les concerts gratuits prévus le samedi 7 octobre en après-midi place Dormoy auront finalement lieu au Void à partir de 14h).
Je vais même aller plus loin avec l’affiche, si l’on prend par exemple SWANS et TSJUDER il y a une différence de style notable entre ces deux groupes, non ?
Heureusement qu’il n’y a pas trop de rapport, tu imagines s’ils n’y avaient que des groupes comme les SWANS ou que comme TSJUDER ? En même temps je suis sûr que les mecs de TSJUDER avaient déjà écouté les SWANS auparavant. Sinon lorsqu’on a décidé de faire passer les SWANS et qu’on en a parlé avant de les annoncer, il y a plein de potes métalleux ou de la scène crusty qui étaient très contents donc plein de gens qui finalement écoutent ce groupe alors que je ne le pensais pas.
Donc il n’y a pas un profil type de festivalier ?
Un profil type ? Alors des basquettes, une veste à patchs qui devra avoir au moins un patch d’un groupe complétement obscure genre japonais mais en même temps soit un patch de MOTÖRHEAD soit VENOM, quelques clous, de la barbouze, du bide, chauve ou de la crête, consommateur de bière et de musique bien sûr (rires). Il y aura je pense de multiples styles de festivaliers avec des goûts différents, comme il y en a en fait sur plein de festivals.
Toujours à propos de l’affiche, quel est le groupe dont tu es incontestablement le plus fier ?
Je ne sais pas, aucun ou tous en même temps, je te jure ! Je vais dire TSJUDER, je suis hyper content de les voir et ça faisait longtemps que j’en avais envie, j’espère qu’en live ils défouraillent autant que sur disque. Il y a aussi plein d’autres vieux groupes qui viennent plus de la scène punk-hardcore comme GADGET et LOOKING FOR AN ANSWER, ou d’autres que je découvre comme HYRGAL.

TSJUDER
Est-ce qu’il y a un ou voir plusieurs groupes qui ont été plus difficiles pour vous d'avoir sur l'affiche ?
Il y a quelques groupes où il a fallu batailler. Ceux que je n’ai vraiment pas pu avoir on va faire en sorte de les contacter pour l’année prochaine, on a commencé le festival en même pas 1 an, tu as le calendrier de tournée qui est déjà fait et les gars ont donc d’autres engagements. Tu ne peux pas faire de caprices, même si j’aimerais bien…
Songez-vous d’ores et déjà à une seconde édition ?
Cela dépendra de la première. Si on meurt après cette première et bien cela aura été une belle première, mais nous avons monté et pensé notre projet sur plusieurs éditions. Ça serait trop bête de se défoncer autant et de faire des erreurs sans pouvoir les corriger les années suivantes.
Et est-ce qu’il y a des groupes dont tu rêves pour cette seconde édition ?
Oui il y en a mais je pense les avoir dans le futur, dont un en particulier, mais je ne préfère pas donner les noms. Si je le dis et qu’ils ne viennent pas je vais passer pour un… quelques groupes japonais et américains, de Cleveland dans l’Ohio…
Et où en est la jauge aujourd’hui ?
Ça va, on est dans l’hypothèse moyenne. Il y a eu le FALL OF SUMMER au début du mois de septembre et les gens en ont profité donc il y a toujours des personnes qui se décident à la dernière minute.
Le festival aura lieu du 5 au 7 octobre, pourquoi avoir choisi cette période de l’année ? Une raison particulière ?
Le mois de décembre ça ne marche pas, novembre c’est chaud, après on a regardé le calendrier des autres festivals et des tournées et il nous restait cette espace, entre le FALL OF SUMMER et le BLOODSHED FESTIVAL à Eindhoven. Aussi, comme le Void et le Rock School Barbey sont deux salles de concerts qui tournent toute l’année, il y a une programmation avant et juste après, il a donc fallu qu’on prenne cela en considération.
Tout comme son nom, le visuel du festival fait aussi clairement référence à Mad Max, pourquoi cet hommage au film ? Comment avez-vous décider du thème ?
Quand j’étais gamin c’était l’un des premiers films que j’ai vu alors ça m’a toujours marqué, ces grands espaces… mais moi c’est surtout la bagnole ! Tu imagines, dans un monde désolé comme celui de Mad Max où il n’y a plus d’essence, l’humanité est encore assez conne pour se déplacer avec des bagnoles ! En plus les gars ils mettent des bombes dessus, ils sont prêts à s’entretuer alors qu’ils pourraient faire autre chose. C’est ce côté post-apocalyptique qui est mortel, sans oublier, parce que cette voiture est aussi bien utilisée par les gentils que les méchants, c’est un personnage à part entière en quelques sortes. Concernant le choix du visuel il a été collégial, certains ne voulaient que le bonhomme, moi la voiture.
L’organisation d’un tel festival ne doit pas être simple, quels sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Le festival est une difficulté en soi. On bosse tout le temps dessus, tu as la tête dans le guidon, tu en rêves même la nuit ! Il faut avoir les bons groupes au bon moment, ceux que tu invites, il faut que ça se passe bien. On a bien partagé les taches, il faut que les gens soient responsables et qu’ils soient à fond dans ce qu’ils doivent faire. Ce qui est difficile aussi c’est qu’on doit tout faire en même temps : décider d’un visuel, d’un nom, des groupes, des dates... des annulations…
Votre description commence ainsi : « Après tous les excellents fests de l’été, ce serait trop con de se faire une méchante descente à la rentrée prochaine », alors quelles sont les "excellents fests" pour lesquels tu t'es déplacé ?
Aucun, parce que je bossais sur le mien (rires) !
Dans ce cas quels sont les festivals qui t’ont influencé au fil des années ?
C’est difficile de dire « je vais faire pareil que l’autre ». Peut-être alors des trucs inconscients en se disant « telle ou telle organisation j’aime bien ». Comme on a tous beaucoup voyagé, participé et bossé dans plein de festivals et cela en tant que runner, road ou dans les caterings, au bout d’un moment tu t’inspires de plein de petites choses. Si je devais garder une référence ça serait le K-TOWN FEST en 2004 à Copenhague quand j’habitais au Danemark, un énorme festival de crust avec deux scènes dans la salle, on avait fait joué plein de groupes et ça se passait dans un squat avec que des bénévoles, c’était vraiment Mad Maxien !
A quelques jours du festival comment te sens-tu ? Stressé ?
Je ne réalise pas, j’évite de regarder la date pour me dire que c’est dans moins d'une semaine parce qu’il reste encore des choses à faire. Je suis plus angoissé que stressé.
Que dirais-tu à un potentiel festivalier pour le convaincre de venir à l’INTERCEPTOR FEST ?
T’as maté l’affiche ou quoi ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse de plus (rires) ? Venez au festival ça va être cool, tout le monde est dans un bon esprit et comprend que c’est une première édition. C’est un événement de proximité, un peu mode gros concert en club et vous pourrez vous tenir à moins de 50 mètres du groupe, et que des bons groupes à l’affilée !
Envoyez dès à présent "Interceptor" avec vos nom & prénom par mail : concours@hardforce.fr pour gagner votre pass 3 jours pour les 5-6 et 7 octobre afin de participer au festival - Tirage au sort sur notre page Facebook le 3 octobre à 20h.
Infos et détails sur la page de l'événement de l'INTERCEPTOR FEST.
