27 mai 2018, 12:07

VENIN

• "La Morsure du Temps"

Album : La Morsure Du Temps

Bon, Pâques est passé, mais l’ombre du Christ plane sur cette chronique. De Fils prodigue, voilà de quoi il est question en effet. Et du chiffre 33, pas celui de la bière exportée, quoique… chez des rockeurs il y a moyen, mais plutôt de celui de l’âge canonique qui vit un charpentier s’envoler d’un côté, et un groupe phocéen décoller et livrer sa première galette, 33 ans après un EP des plus prometteurs. Voici donc, livré pour vous en mémoire des temps sacrés du hard rock, « La Morsure Du temps » de VENIN, chez Grumpy Mood Records. 33 ans, bon Dieu, oui on reste dans le miracle, ou du moins dans l’autobiographie… hop, prenons l’ascenseur pour le Golgotha en Provence !

« La Morsure Du temps ». Un titre au combien symbolique. Au travers de 9 titres aux paroles sans fioritures, chantés dans la langue de l’ami Molière, nous voyageons dans le temps, celui que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, quoique, en lisant ces lignes je ne peux que les inviter à remonter vers ces glorieuses années 80, magiques avec leurs SORTILEGE et BLASPHEME. Mais nous prenons aussi la mesure de l’unité… de temps écoulé, de ses marques laissées sur la peau de notre reptile rockeur. Voici l’histoire d’un groupe dont la ténacité et le retour sur la scène doivent être salués. Voici également l’histoire d’un genre, le heavy metal à la française !

VENIN revenu des limbes, y a-t-il de quoi en faire tout un foin ? Certes on se souvient de leurs titres explosifs, de leurs maxi 45T aux pochettes à l’érotisme chaud et magnifiquement désuet. Mais beaucoup d’esprits exigeants souligneront que du heavy metal mélodique traditionnel ce n’est pas une chose rare. Certes. Mais prenons au moins 5 minutes pour souligner la persévérance de ce groupe à l’accent chantant.

L’album est superbement pensé : nous savons que les premiers titres sont cruciaux. Eh bien, si l’on est objectif, force est de constater qu’on en a pour son argent rien qu’avec les deux premiers morceaux. Différents et complémentaires. De l’agressif et du contemplatif. "Trafiquant de Rock", c’est leur histoire, une lutte de 30 ans pour enfin accoucher dans des riffs tranchants de leur premier album. Une histoire de riffs acérés et rapides il en est bien question, d’une rythmique hypnotique à souhait et d’un chant maîtrisé, un peu plus rauque qu’à l’époque. Le tout est empreint d’une qualité indéniable, c’est immédiatement mémorisable. Qui a parlé d’hymne ? Nous n’en sommes pas loin. Je vous laisse juge. Le break dans le morceau est comme une femme fatale, un gouffre dans lequel on tombe avec plaisir, inondé de soli de maître.

Je cherche une image pour vous convaincre de laisser ce VENIN couler en vous, vous faire foncer dans ce "Guet-Apens"… Imaginez-vous au volant d’une vieille voiture américaine, vitres baissées, par une chaude journée d’été. Vous ne roulez pas le long de Pasadena, mais plutôt dans une banlieue mal famée. Ça sent le bitume et le vieux gasoil, votre autoradio crache des mélodies aux couleurs fanées, porteuses de l’écho de vos jeunes années. Des cordes électriques rageusement griffées, des histoires d’anges maudits. Votre belle américaine est victime de la "Morsure du Temps", vous voilà cowboy du macadam, avec de vieux néons qui pleuvent sur vos souvenirs. Vous êtes dans les années 80. Pas celles des tubes kitch qui balaient les plages. Vous êtes mordu par l’inventivité d’un genre, le hard rock, qui rendit nos cités et nos virées adolescentes plus belles et héroïques. Lorsque nous vivions dans "L’instant".

Les titres défilent, "La Nuit des Fous", "La Faute aux Souvenirs", "Les Tourments". Ils sont comme autant de chapitres pour l’histoire de cette créature qui serpente jusqu’à notre inconscient. On n’a pas envie de railler ces textes chantant en français la liberté de penser et d’être, car ils s’adressent à notre vécu, passé et avenir j’espère. Et toujours cette patte glissée dans les morceaux, un son, une voix passionnée et aisément mémorisable. Ils sont doués les filous !

VENIN, où quand nostalgie ne rime pas avec naphtaline.

VENIN, VEDI… VICCI !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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