23 juin 2018, 23:50

HELLFEST 2018

@ Clisson (Jour 2)

On continue le HELLFEST 2018 avec la très chargée journée du samedi. Un coup d’aspirine et on repart sur les chemins du pèlerinage. Et quoi de mieux pour débuter les hostilités que les quatre filles de L7. Ultimes survivantes du true grunge des 90’s, une idée qui s’avère très judicieuse. Enfin, plutôt 3… la batteuse d’origine Demetra Plakas manque à l’appel après s'être cassée le bras et elle est remplacée par JoDee Locks. Bon sang quelle énergie rock’n’roll ! Avec ce beau soleil du début d’après-midi on frôle la perfection. D’emblée et tout au long du set, que du tube, dont le génialissime "Fuel My Fire", le percutant premier titre de « Smell The Magic », à savoir "Shove". La prochaine est dédicacée au président des Etas-Unis, la contestation politique a décidément de beaux jours devant elle. On reconnaît dès les premières notes "Pretend We're Dead", qui l’aurait cru en 2018 ? Les faits sont là, malgré le poids des années elles n’ont rien perdu de leur superbe, quand on les voit on se sent juste bien. On finit par le je-m'en-foutiste "Shit List" et on donne la note maximale à nos rockeuses préférées du week-end. Voilà un groupe taillé pour les mainstages dont la prestation se rapproche de celle de 2015, pour celles et ceux qui ne les avaient pas vu lors de cette édition.



Après les Toulousains PSYKUP à bâbord on passe aux Finlandais ORANSSI PAZUZU à tribord. Avec leur excellent album « Värähtelijä » sorti en 2016, ils avaient passé l’épreuve du studio haut la main. Maintenant il est l’heure de voir ce qu’ils donnent en live, et j’ai personnellement misé beaucoup d’espoir en eux. 15h, face à une Temple bien remplie qui se lève rapidement dès l’intro, on comprend très vite que le quintet prend une grosse prise de risque en débutant comme ils savent le faire, c’est-à-dire très psyché et en pleine journée dans un festival. Pour vous situer musicalement ce moment, nos amis produisent un savant mélange de black à la IHSAHN avec un stoner le plus lourd qui soit, ou encore, des sonorités 70´s qui nous laissent penser à une formation de black qui aurait pris des psychotropes pour pondre un tel mur de décibels teintées de cette belle noirceur scandinave. Dans ces longs méandres très trippants ils n’oublient pas d’être puissants, ce qui est un bon point aussi. Après, le son est tellement saturé que discerner les 50 nuances de metal est difficile à mon humble avis, bref, si tu n’as pas de protection auditive tu es dans de beaux draps ! A mi-chemin entre la Valley et la Temple, une belle découverte live... comme quoi, l’expérimentation n’est pas réservée qu’à la Valley.



Comment définir HO99O9 ? Difficile, le mieux est de le voir pour le croire. Découvert cet hiver dans l’émission l’Album de la Semaine, je me souviens juste avoir pris une claque dans mon salon. Après une longue introduction ils envoient le jus. Première impression à chaud, c’est presque déconcertant. Un mélange de punk-rock et électro-dub, ultra expérimental et ultra déchaîné, une sensation rare, voire unique. Si vous voulez vous faire une petite idée c’est comme si BAD BRAINS rencontrait ANAAL NATHRAKH, la preuve, ils font effectivement une reprise des BAD BRAINS. Je peux vous garantir qu’à trois, soit 2 MC et un batteur, c’est un vrai boxon. A part la batterie et le chant (avec parfois l’utilisation d’un mégaphone), tout est samplé, je ne vous raconte la puissance des basses. Novateur jusqu’au bout et du jamais vu et entendu en ces lieux, c’est le mélange ultime de dub avec de la double grosse caisse. La musique d’HO99O9 représente la vision la plus sombre du sound-system et un concept punk-metal qui sort totalement des sentiers battus. Niveau look ils ne passent pas non plus inaperçus, l’un avec une crête rouge, l’autre avec ses grosses dreads hirsutes et ses gants en latex brillants. Début d’un titre, "My Way" de Frank Sinatra sonnant comme une parodie du rêve américain, pour rebondir sur un son d’autant plus sauvage. Le trio va tenir en haleine la Valley avec ses hurlements pendant les 50 minutes qui lui sont allouées. En tout cas, une bonne partie du public ici présent sera déchaînée. Un final encore plus énervé, le pit s’enflamme une dernière fois. Comme je le disais au début, quand on évoque HO99O9 il faut le vivre, une sacrée bonne claque ! Petit bonus : preuve de l’engouement qu’ils suscitent, Ice-T était spectateur sur le côté de la scène.



Presque 18h00 sur l'Altar, retour aux fondamentaux. Allons nous enivrer avec le bon vieux death old-school de MEMORIAM. Pourtant une formation assez récente, fondée en 2016 en partie sur les cendres du charismatique BOLT THROWER, le choix ne se discute pas une fraction de seconde. Surtout quand on a écouté « For The Fallen » sortie en 2017 qui est à point, « The Silent Vigil » cette année étant un poil moins efficace mais peu importe. Guitare hurlante en intro, le son est top et la batterie bien mise en avant, on apprécie surtout le chant caverneux de Karl Willetts qui n’a pris une seule ride. Public attentif c’est le moins qu’on puisse dire, aussi avec déjà deux albums à leur actif ils ont pas mal de choses à nous proposer. Les titres s’enchaînent et on a beau rester planter devant et attendre, sincèrement la sauce ne prend pas. Il faut être honnête, l’ensemble reste assez plat, on a quelques sensations mais sans plus. Pour les fans absolus il n’y aura pas eu de reprises de BOLT THROWER, décidément, ce groupe est malheureusement condamné à rester seulement dans nos souvenirs.

Il est temps de voir ce qu'il se passe sur la Warzone afin de se frotter à du méchant, TERROR par exemple, où l’extrême dans le style hardcore. Soleil de fin de journée encore bien coriace et un public qui l’est tout autant et bien présent. Scott Vogel, chanteur émérite du crew de Los Angeles est tel un boxer qui monte sur le ring, nerveux et prêt à tout défoncer. Purée quelle énergie ! Un son qui fait mal, les Californiens ne sont pas là pour blaguer et vont enquiller les titres tout aussi puissants les uns que les autres. Ils n’auront d’ailleurs aucun mal à rallier le public à leur noble cause. Cela me fait penser que ce groupe mériterait d’être en tête d’affiche sur cette scène, pas forcément aujourd’hui mais dans un futur proche. Dans la tradition hardcore TERROR fait office d’exemple, aussi bien musicalement qu’au niveau prestance. Pour les amateurs du style c’est définitivement une valeur sûre. Une Warzone qui devrait s’économiser... car suivront ce soir les géants MADBALL, CRO-MAGS et HATEBREED, bon courage les gars !

Concernant DEFTONES, ce n’est pas leur premier HELLFEST, mais leur second, la précédente prestation était déjà au firmament de leur art, que peut on leur demander de plus ? ils embraillent directement sur "Headup" avec l’enchaînement parfait "My Own Summer", ils font le show ! Ils sont tous en giga forme, les fans de nu metal remarqueront le petit clin d’œil Jonathan Davis de KORN et LIMP BIZKIT dans la même journée, la boucle est bouclée. Un excellent enchaînement avec BODY COUNT précédemment. Un chanteur ne fait pas forcément que chanter et Chino Moreno prend une guitare pour "Swerve City", aidé d’un fan dans le pit où il s’aventure. Il lance "Elite", et se démène, hurlant comme un dingue sans ménager ses efforts, partageant son enthousiasme avec le public, sur "Knife Party". Il est 21h30 le soleil commence à décliner sur les beaux morceaux que sont "Change (In The House Of Flies)" et "Diamond Eyes", ce qui annonce une nouvelle grosse soirée à Clisson. Chose rare, après "Engine No. 9" Chino nous fait l’honneur d’un invité, Sen Dog de CYPRESS HILL qui a joué quelques heures auparavant avec son projet POWERFLO, pour un duo sur le rageux "Nosebleed". Un finish sur l’immense "Seven Words" pour un total de trois morceaux d’affilée issus de l’album « Adrenaline », quelle forme olympique ! Ce dernier titre clôture ce concert de la même façon qu’il a commencé, avec perfection.

On passe d'un genre à un autre en se dirigeant vers la Temple pour savourer WATAIN, qui se produit juste avant la tête d’affiche de ce samedi, et déjà l’excitation est palpable. Erik Danielsson et sa "black metal militia" arrivent sereinement. Erik, torche à la main, allume successivement les flambeaux qui font partie d’un décor somptueux. Outre le son excellent avec un backline imposant, cette scène très fournie est absolument magnifique, avec tout un tas de tridents et de lumières, je n’ai personnellement jamais vu cela pour les Suédois. Coté set-list on peut affirmer qu’elle est parfaitement équilibrée : "Devil's Blood" de l’album « Casus Luciferi » au grandiose "Malfeitor" issu de « Lawless Darkness ». Leur dernier méfait « Trident Wolf Eclipse » est un vrai retour aux sources après le changement d’orientation audacieux de « The Wild Hunt » en 2016, lui aussi largement mis à l’honneur, tout comme son prédécesseur. Visuel et son, le fan en aura définitivement pour son argent, même l’odeur âpre du combustible servant à alimenter le feu des croix renversées est perceptible. Pour rappeler le WATAIN ancienne génération, le frontman infernal a même déversé le contenu d’un calice sur la foule, n’en déplaise à une certaine frange de la population clissonaise qui au passage est devenue bien silencieuse ces dernières années... Bref on a eu droit à du WATAIN 5 étoiles, du grand show dont les flammes et orgues subsisteront longtemps après qu’ils aient quitté la scène. Ce qu’on peut dire c’est qu’ils auront mis la barre super haute pour la tête d’affiche norvégienne, DIMMU BORGIR qui devra assurer un maximum…



Outre la jubilation compréhensible mais habituelle que l’on ressent en allant voir NILE (un groupe qu’il est souvent possible de voir au moins une fois par an), on peut ajouter pour l’occasion un sentiment de curiosité. Et oui, comme tout fan le sait, son line-up a quelque peu bougé. Mais comme on ne change pas une formule qui gagne aussi facilement, ils démarrent sur le classique "Ramses Bringer of War" (dont l’album « Amongst The Catacombs of Nephren-Ka » fête cette année ses 20 ans). L’intro guerrière retentit dans l’Altar pendant quelques minutes avant le déferlement de blast. Dallas Toler-Wade n’est plus depuis quelques mois dans la formation, alors comment remplacer l’irremplaçable ? C’est pourtant possible avec Brian Kingsland qui a pris les commandes du micro et le poste de lead guitare depuis 2017. A puissance équivalente on ne verra pas la différence, guttural à souhait ! Suivra "Sacrifice Unto Sebek" dont l’intensité va celer définitivement la ligne directrice de ce show imposant d’une heure, puissance, technique et violence musicale. "Kafir!" met le feu aux poudres. Le public reste très attentif face à ce déluge de caisse claire et double du monstre Georges Kollias, (sans doute la double la plus véloce de la journée), sensible aux subtiles sonorités orientales et à leurs riffs si particuliers. Du true en voici en voilà, de minuit à 1h du matin on a été servis. A noter la chanson au titre évocateur "The Fiends Who Come to Steal the Magick Of The Deceased" dédicacé au regretté Vinnie Paul dont la mort prématurée a été annoncée aujourd’hui et par les différents hommages des autres artistes durant le week-end ainsi que sur les écrans géants des mainstages, triste… Pour la petite histoire et pour finir sur une note positive, NILE a posté quelques jours plus tard sur sa page Facebook que le HELLFEST était le meilleur festival du continent, la classe !



Messieurs vous êtes non seulement très attendus mais en plus vous êtes en retards ! On ne rigole pas avec les fans de DIMMU BORGIR dont la rareté scénique rend leur venue si précieuse. Pour ceux qui aiment les chiffres : leur dernier concert en France remonte à 2012 et ce soir sera leur troisième concert chez nous en 10 ans. Le dernier album des Norvégiens « Eonian » n’a pas soulevé un enthousiasme flamboyant. Let’s see. Une fois les lumières tombées, une longue intro ménage le suspense, et on oublie rapidement les avis négatifs sur le dernier album, pour se rappeler que l’heure est arrivée. Et c’est tout ce qui compte à ce moment précis. Fumée à gogo, dress code druidesque, ambiance très sombre plus qu’adaptée aux circonstances, il n’y a pas de doute c’est bel et bien un show de DIMMU BORGIR dans toute sa noirceur et sa gravité qui va commencer. Niveau sonorité, cela va de soi, ils vont embrailler sur leur dernier titre "The Unveiling" et le hit, "Interdimensional Summit". J'en conclue avec ces deux démonstrations que cet album est davantage taillé pour le live, le coté black metal y prenant ainsi plus de place qu’en studio. Par la suite un retour aux vraies valeurs fera le plus grand bien à tout le monde sous le chapiteau avec des titres plus percutants, comme le majestueux "The Serpentine Offering" qui fait toujours l’unanimité et surtout "Puritania" qui comblera les fans du groupe toutes périodes confondues. La barre avait effectivement été placée bien haute par WATAIN mais il faut avouer que DIMMU BORGIR est un groupe vétéran médaillé d’or dans ce domaine. On a droit ce soir à de gros moyens scéniques. Grosse scène, gros décor, gros son, ils sont vraiment balaises il n’y a rien à dire. Un petit retour en avant avec l’autre dernier tube plutôt pas mal, "Council Of Wolves And Snakes". Histoire de nous remettre une petite claque avant de partir nous recevons "Progenies Of The Great Apocalypse" et l’indispensable "Mourning Palace" en great-final.
Après toutes ces années ils sont venus remettre les pendules à l’heure et nous rappeler leur suprématie, on peut juste dire que c’était magnifique. A suivre pour la dernière journée...

Mon top 3 de la journée :
1 - DIMMU BORGIR
2 - DEFTONES
3 - NILE

Photos © Leonor Ananké - Fred Moocher - Ludovic Fabre


Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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