15 octobre 2018, 17:05

ULTRA VOMIT

• Interview Manard : UV de A à Z - Part 2/2


2018, c'est l'année de la consécration pour ULTRA VOMIT. Détenteurs (haut la main) du plus grand nombre de concerts donnés dans l'Hexagone pour un groupe de metal, les Nantais se sont produits le 13 octobre dans un Olympia qui affichait complet depuis près de trois mois. Après nous avoir présenté le groupe de A à M, Manard, le batteur, n'a pas hésité à aller jusqu'au bout avec ce N à Z pour que la boucle soit bouclée...


N… comme “(En revenant à) Nantes”. Comment ça se passe dans votre fief nantais depuis qu'ULTRA VOMIT est désormais connu et reconnu ?
Je suis le seul dans le groupe qui continue à travailler, alors entre le boulot la semaine et les concerts le week-end, je n’ai pas trop l’occasion de sortir. Il faudrait plutôt poser la question à Fetus et Matthieu (NDJ : respectivement chanteur/guitariste et bassiste) qui vont dans les bars et font des karaokés. Moi, je ne vois pas trop de différence. A part peut-être quand je vais au Subway où des gens me reconnaissent (sourire)… Il y a forcément un peu d’impact mais je ne le ressens pas trop.

O… comme L’Olympia. Une salle mythique, sold-out depuis juillet, et l’occasion d’enregistrer un CD et un DVD live…
On a commencé la tournée « Panzer Surprise ! » en avril 2017 et en mai, on est passés à Paris, à l’Alhambra. Au début, on n’était pas très sereins, c’est une salle de 800 places quand même. Et on a fait complet. Du coup, Rage Tour, notre tourneur, nous a proposé de caler une date six mois plus tard, au Trianon qui fait environ 1 500 places. Là, on s’est dit que ça serait fou si on remplissait. Et dès l’été, soit deux-trois mois avant le concert qui a eu lieu le 13 octobre 2017 : complet…
Notre tourneur nous a alors proposé de refaire une date à Paris un an plus tard, à L’Olympia. On avait aussi le choix avec une autre salle, un peu plus grande mais moins “prestigieuse”. J’ai eu de mal à croire qu’on allait y jouer et je pensais qu’on ne ferait jamais complet… Mais le public parisien est toujours fidèle au poste. A L’Olympia, le 13 octobre (NDJ : interview réalisée le 7, d'où le décalage si ce n'est spatio, du moins temporel), on aura des invités. D’anciens membres d’ULTRA VOMIT qui nous rejoindront sur scène au nom du bon vieux temps, mais aussi KOKUSYOKU SUMIRE, les Japonaises qui chantent sur “Takoyaki”, qui viendront spécialement du Japon. Et puis il y aura évidemment Nico (NDJ : Jones, frontman de TAGADA JONES et tourneur d’ULTRA VOMIT) qui vient faire “Un Chien géant” à chaque fois qu’on joue ensemble.
On a aussi exhumé quelques morceaux qu’on n’a pas joués depuis longtemps. On va vraiment faire un best of des différents concerts, ce qui devrait nous amener à 1h30-1h45 de show. Et on va certainement rapatrier l’évier du clip d’“Evier metal”, chose que l’on ne peut pas faire en tournée parce qu’il prend trop de place.

P… comme parodie. En tant que groupe de metal parodique, jugez-vous que votre travail est considéré à sa juste valeur ?
Coluche, qui a reçu un César pour Ciao Pantin, son seul rôle dramatique, disait qu’il était plus facile de faire pleurer que de faire rire. Certains nous disent qu’ils nous ont vus plusieurs fois et qu’ils sont déçus parce qu’on sort toujours les mêmes vannes. Je ne comprends pas trop : si tu vas voir trois fois Jean-Marie Bigard, c’est trois fois la même chose. Si tu vas voir trois fois SLAYER, ils joueront trois fois les mêmes morceaux. Et tu t’en fous qu'Araya présente toujours de la même façon “War Ensemble”.
Mais il y en a qui ont l’air de considérer que pour ULTRA VOMIT, c’est différent. On essaye toujours d’improviser un petit peu mais c’est compliqué. Tout ça pour dire que les gens ont toujours un peu tendance à sous-estimer le travail des comiques et à ne pas comprendre à quel point c’est parfois difficile de faire rire. ULTRA VOMIT a beau être un groupe parodique, on est très sérieux dans ce que l’on fait.
Au niveau des groupes que l’on aimerait parodier ? On avait des petites ébauches de RAGE AGAINST THE MACHINE et de NIRVANA qui n’ont pas abouti pour « Panzer Surprise ! ». Mais ça n’est pas exclu qu’on ne les retrouve pas un jour car c’est souvent comme ça que ça marche avec nous. Des petits trucs que l’on avait de l’époque « Objectif : Thunes » (le deuxième album sorti en 2008) ont fini sur « Panzer… ».
 

« Les gens ont toujours un peu tendance à sous-estimer le travail des comiques et à ne pas comprendre à quel point c’est parfois difficile de faire rire. ULTRA VOMIT a beau être un groupe parodique, on est très sérieux dans ce que l’on fait. » – Manard



Q… comme Québec. Comment s’est passé le Heavy Montréal en juillet dernier, où vous avez partagé l'affiche avec GOJIRA, TRIVIUM et LIMP BIZKIT, entre autres ?
Pas mal, bien qu’on ait eu quelques petits problèmes techniques, une intro qui ne se lançait pas et on a perdu un peu de temps. Sinon, le show s’est bien passé et on a eu pas mal de bons retours, y compris de gens qui ne parlaient pas français.

R… comme reprises
Avant que l’on fasse connaissance, Fetus faisait des reprises de NIRVANA. De mon côté, avec de bons potes, on reprenait METALLICA, SLAYER, MEGADETH… dans le garage…
 


S… comme “Super Sexe”. Qui dit succès dit filles, non ?
Il y a peut-être un petit peu plus de filles à nos concerts qu’au début mais je ne sais pas s’il y en a davantage qu’à ceux des autres groupes. Ou alors c'est peut-être qu'elles sont juste plus nombreuses aux concerts de metal en général. Avec nous, ça reste bon enfant, on n’est pas un groupe à excès, on n’est pas dans le trip “Sexe, drogues et rock’n’roll”, on boit une bière et puis voilà. La musique n’a jamais été dans mon esprit un moyen de rencontrer des filles.
J’ai toujours été un passionné. Quand j’étais ado, j’écoutais de la musique pendant des heures et il n’y a jamais eu pour moi d’autre objectif que celui d’en jouer. Je méprise un peu les groupes qui sont trop racoleurs, sauf si ça sert leur musique. Je n’aime pas du tout quand STEEL PANTHER fait monter des gonzesses sur scène pour montrer leurs nibards. Je ne cautionne pas, je trouve ça inutile. Il y a tromperie sur la marchandise : il y a 500 mecs qui vont aller les voir juste parce qu’ils savent qu’à un moment, ils vont mater des seins. Moi, j’ai envie que les gens soient dans la salle parce qu’ils apprécient le groupe.
De toute façon, je suis marié, donc la question des filles ne se pose pas. Après, c’est peut-être plus simple pour le petit Matthieu Bausson , ça serait plus lui qui pourrait t’en parler…

T… comme top albums. « Panzer Surprise ! » apparaît encore régulièrement dans les meilleures ventes d’albums en France, un an et demi après sa sortie, un véritable exploit chez nous pour un groupe de (évier) metal…
Ça me fait halluciner. Je ne sais pas combien d’albums ça représente. Si ça se trouve, ça n’est pas énorme, c’est juste nos ventes sur les concerts au stand de merchandising. Des fois, je vois certains groupes plus gros que nous qui ont sorti leur CD il y a un ou deux mois et qui sont classés derrière ULTRA VOMIT… Merci aux gens de continuer à acheter des CD.
 

« Si c’est un nom difficile à porter ? Non, ça va, c’est plus au début du groupe qu’on avait un peu honte. Quand on nous disait : “C’est quoi le nom de votre groupe ?”, c’était toujours un peu compliqué de répondre : “Euh, ULTRA VOMIT.” On a mis du temps à assumer et maintenant, ça va mieux. » – Manard


U… comme ULTRA VOMIT. Tu nous rappelles brièvement la genèse du groupe ?
ULTRA VOMIT, à la base, c’est Fetus et un pote à lui, Camille, qui écrivaient des noms de groupes fictifs dans leur cahier au lycée et qui faisaient le concours de celui qui trouverait le plus pourri. Camille a proposé ULTRA VOMIT et de fil en aiguille, ils ont commencé à écouter des groupes comme NAPALM DEATH et à enregistrer des mini démos, d’abord acoustiques mais avec des voix gore-grind. C’était très artisanal. Fetus s’était même mis à la batterie pour les besoins de la démo 24 titres qu’il m’avait donnée et que l’on peut trouver sur YouTube. Ils cherchaient donc quelqu’un pour jouer de la batterie metal parce que Fetus écoutait surtout NIRVANA à l’époque.
Ils ont commencé en 1999 et moi, je suis arrivé en 2000. De fil en aiguille, on a eu envie de faire quelque chose qui tienne un peu plus la route. Fetus et moi, on s’est connus sur CaraMail et on a fait quelques répéts à trois avec Camille. Mais très vite, il en a eu marre de ce format “vrai groupe” qui ne lui plaisait pas et il est parti. On n’était plus que tous les deux et c’est là que l’on a commencé les démos grindcore avec les titres que l’on retrouve sur « Kebabized At Birth » (NDJ : “superdémo” pressée en CD à 500 exemplaires qui a précédé « M. Patate », UV 1er du nom, dont on voit le line-up ci-dessous, avec Chris à la basse et un kebab).
Si c’est un nom difficile à porter ? Non, ça va, c’est plus au début du groupe qu’on avait un peu honte. Quand on nous disait : « C’est quoi le nom de votre groupe ? », c’était toujours un peu compliqué de répondre : « Euh, ULTRA VOMIT. » On a mis du temps à assumer et maintenant, ça va mieux. Après, j’avoue que quand tu es dans un repas de famille avec les beaux-parents, ça reste toujours un peu compliqué, comme le nom de certains morceaux d’ailleurs…
 


 

V… comme vidéos
Comme je le disais (cf. “Kammthaar”), on regrette de ne pas avoir fait davantage de vidéos. On en a une nouvelle, en animation, qui va bientôt arriver…

W… comme Warner Bros, propriétaire de la série de dessins animés Looney Tunes. Vous n’avez jamais eu de problèmes avec eux en vous inspirant très fortement du look de leur générique pour la pochette de votre dernier album ?
Non, aucun. Même chose pour nos parodies. Quand on prend le texte d’une chanson qui existe, on crédite l’artiste ou le groupe qui l’a écrit. Verycords, notre label, a un service juridique qui s’occupe de tout ça et en fait, on n’a quasiment rien eu à changer sur « Panzer… », juste “La Chenille” est devenu “La Ch’nille” parce que c’était une parodie…

X… comme dans, ben, X…
Ah ben non, on n’a pas d’histoires X à raconter. La seule anecdote que j’ai, c’est que des fois, quand on partage le même lit en tournée, Fetus et moi, il lui arrive au beau milieu de la nuit de me prendre pour sa copine s’il n’est pas bien réveillé. Je suis obligé de lui dire : « Hey, c’est moi !!! » (sourire). Mais ça n’est pas vraiment classé X. (rires)

Y… comme Y a-t-il un groupe avec qui ULTRA VOMIT rêverait de tourner ?
GOJIRA, ça pourrait être sympa sur une tournée française. Mais à mon avis, ça serait assez compliqué vu que les deux groupes ont pas mal de succès en France et qu’il faudrait peut-être faire certaines concessions. Ça serait sympa, au moins sur quelques dates. Sinon, ça serait bien qu'on fasse des premières parties, comme quand je suis allé voir METALLICA à Nîmes (en 2009) avec MASS HYSTERIA qui ouvrait.

Z… comme “Zat’s all folks”. C’est quoi les grandes lignes de votre agenda en 2019 ?
On va continuer à tourner mais ça sera un peu moins intense. On a déjà fait une centaine de concerts depuis la sortie de « Panzer Suprise ! ». Il y aura moins de dates mais elles seront peut-être un peu plus grosses, comme au Zénith de Montpellier avec LES FATALS PICARDS (le 20 avril) par exemple. On a également quelques projets en tête. Il y aura aussi, au printemps, la sortie du DVD et du CD live enregistrés à L’Olympia.
Le prochain album ? Je ne sais pas encore. On commencera peut-être à y penser en 2019. J'ai dit : “à y penser”…
 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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