Moins d’une semaine après le concert de NIGHTWISH à l’AccorHotels Arena, c’est au tour de l’autre grand du metal symphonique, WITHIN TEMPTATION, de venir honorer la capitale de sa présence, au Zénith de Paris. Car hormis un passage au Hellfest en 2016, le groupe n’avait plus posé ses valises en France depuis avril 2014. Quatre longues années et demi se sont donc écoulées et ce soir le Zénith affiche complet, à quelques places près. Il faut préciser que la venue de WITHIN TEMPTATION coïncide avec la sortie en février prochain de son futur album, « Resist », dont deux extraits ont déjà été révélés au public.
La salle accueille les fans les plus fervents dès 18h, ouverture des portes bienvenue pour réchauffer les corps qui commençaient à se refroidir dans l’humidité de la nuit parisienne. Le parterre est encore un peu clairsemé lorsque débute la première partie, EGO KILL TALENT, groupe de rock teinté post-grunge à la manière des FOO FIGHTERS, originaire du Brésil. Déjà venu dans nos contrées à l’occasion du Download Festival, le quintet a commencé à se faire une bonne fanbase. Son set d’une petite heure nous permet d’apprécier la voix du chanteur, Jonathan Correa, et le punch de ses partenaires. Sans être révolutionnaire, leurs compos se laissent écouter agréablement. Le groove qu’elles dégagent est bien présent et ça nous permet de passer un bon moment. Le public semble apprécier, de toute évidence, l’énergie du groupe.
Entre-temps, fosse et gradins se sont remplis et c’est un Zénith conquis d’avance que WITHIN TEMPTATION s’apprête à bouleverser. Le décor de scène est original, batterie et claviers étant surélevés l’un à droite et l’autre à gauche, surmontés de deux "ailes" ressemblant à un coquillage géant. Au centre se trouve un petit podium en forme de rocher. Le tout donnant une impression de paysage lunaire, tout droit sorti de Mad Max. Des écrans intégrés aux estrades et en fond de scène projettent des ambiances différentes au gré des chansons, avec une dominante futuriste, ce qui ne fait que renforcer cette impression d’être sur une autre planète. Le seul regret sera de ne pas avoir d’écran retransmettant le concert pour les spectateurs les plus éloignés. Ceux-ci n’aperçoivent en effet que des petites silhouettes, devinant les musiciens plutôt que les voyant réellement.
En introduction, le groupe décide de miser à fond sur le futur album, en interprétant trois chansons tirées de « Resist » : "Raise Your Banner", "The Reckoning" et "Endless War" qui donnent un bon aperçu du nouveau CD à l’ambiance electro et heavy, mais un début de concert qui peut s’avérer déstabilisant pour le public qui n’a pas eu encore accès officiellement aux nouvelles chansons (ou qui n’a pas eu envie de se faire spoiler avec les vidéos circulant sur Internet). Il faudra attendre le quatrième titre, "In The Middle Of The Night", pour que les spectateurs jusqu’à présent enthousiastes mais très attentifs, puissent enfin se lâcher. Le groupe est dans une forme olympique. Les guitaristes, Stefan Helleblad et Ruud Jolie, et le bassiste Jeroen Van Veen, s’éclatent à fond, le son est excellent, puissant mais pas assourdissant, la batterie de Mike Coolen est puissante et précise, quant à Sharon Den Adel, elle est rayonnante, en pleine possession de ses capacités vocales. Pas une seule fausse note. Elle est capable d’alterner sa voix de tête la plus cristalline avec sa voix de poitrine plus chaude et profonde, et tout cela avec une grande énergie, parcourant la scène de long en large, sautant dès que possible et prenant son public à parti pour chanter en chœur avec elle, comme sur ce "Stand My Ground" fédérateur.
Sharon nous délivre "All I Need" qui est un joyau de délicatesse avant d’enchaîner sur la quatrième nouveauté, "Supernova", très bien accueillie par le public. "Shot In The Dark" donne envie de bouger et de sauter mais les spectateurs dans les gradins ne semblent pas vouloir se lever, même si les applaudissements sont fournis.
Retour au style symphonique des débuts avec "The Promise" et une superbe version acoustique de "Ice Queen" qui ravissent les fans de la première heure.
Ca repart de plus belle avec "Faster", "Mercy Mirror", la dernière (et belle) nouveauté de la soirée, la géniael "Paradise (What About Us?)", qui sera le seul et unique extrait du précédent album « Hydra », "The Heart Of Everything" majestueux et somptueux, "What Have You Done" qui voit le public continuer de s’époumoner.
"Forgiven" est le moment de grâce absolu de ce spectacle avec un duo entre Sharon Den Adel, dont la voix vacille d’émotion, et Martijn Spierenburg, claviériste de talent, qui égrène ses notes de piano telles de précieuses gouttelettes de rosée en suspension dans l’atmosphère.
Le spectacle s’achève sur l’incontournable "Mother Earth", magistralement interprété, qui voit tout le public se lever (y compris dans les gradins, cette fois), pour une longue standing-ovation plus que méritée.
Sharon en profite pour remercier à maintes reprises ses fans dévoués et leur promet de ne plus attendre quatre ans (et demi !) pour revenir sur Paris. En guise de seul et unique rappel, Sharon s’est changée et a revêtu une longue robe verte pour chanter un "Stairway To The Skies" sublime, sur lequel elle s’élève tel un ange, suspendue à des filins dissimulés. Une image d’une beauté à couper le souffle.
Ainsi prend fin le voyage onirique auquel nous a convié WITHIN TEMPTATION ce soir. Le temps s’est arrêté pendant une heure et demie, les fées nous ont touchés de leurs doigts sacrés, les étoiles ont brillé dans les cœurs et les ovations des spectateurs ont duré longtemps, très longtemps, après les salutations et la traditionnelle photo de groupe, avec l’espoir de ne plus attendre tant d’années avant de revoir le groupe sur scène.
Photos © Axelle Quétier / HARDFORCE - Portfolio