23 février 2019, 8:28

IRON MAIDEN

• Please Professor Maiden, teach me! (Part 6)


Si nombre de formations (la plupart même) inventent leurs textes de toutes pièces, IRON MAIDEN a depuis le départ choisi la littérature, le cinéma ou encore l’Histoire comme points d’ancrage des paroles de la plupart de ses chansons. C’est ce postulat qui fait qu’aujourd’hui, vous allez pouvoir combler éventuellement quelques lacunes et, comme cela a été le cas pour moi, apprendre quelques "trucs" qui vous feront à coup sûr briller en société ! Un album à la fois, dans l’ordre chronologique de leur sortie dans la discographie du groupe.

Un grand merci à Laurence Faure et l’aide précieuse qu’elle m’a apportée à l’élaboration de cet article.


« Somewhere In Time » (1986)

"Caught Somewhere In Time"

Première chanson d’un album qui prend tout le monde de court et le contrepied sonore de son prédécesseur, « Powerslave », paru deux ans auparavant avec dès l’entame, des claviers et guitares-synthés (le must de la technologie alors), sur le morceau-titre "Caught Somewhere In Time" pour lequel Steve Harris est allé puiser l’inspiration une fois de plus dans le septième art et un emprunt au film Time After Time (C’était Demain en VF). Une réalisation de 1979 dans laquelle l’écrivain H.G. Wells (joué par Malcolm McDowell, vu dans Orange Mécanique, entre autres) se lance, grâce à une machine à voyager dans le temps, à la poursuite d’un Jack l’Eventreur échouant à notre époque (et pas à celles des Chouans) et s’y trouve à son aise au vu de la violence “normalisée” du monde qu’il découvre. Un film presque sans prétention mais bougrement divertissant et réussi, devenu culte pour les amateurs de genre.
 


"Wasted Years"

Bien que ce titre ne soit tiré d’aucun livre, film ou événement historique, il faut signaler un petit détail, ou deux en l’occurrence. Le premier est à repérer dans l’une des dates que l’on voit sur l’écran de la pochette du single. Référence évidente au film Retour vers le Futur dont le premier épisode de la trilogie est sorti sur les écrans en 1985, on peut lire entre autres dates « 01.04.2050 ». A quoi correspond-elle pour IRON MAIDEN ? Il s’agit là d’un clin d’œil au film Daleks Invasion Earth 2150 A.D. (Les Daleks Envahissent La Terre), un film de 1966 tiré de la série Dr. Who, vénérée par chaque Britannique ou presque. Les Daleks sont des ennemis extra-terrestres combattus par le Docteur et ses acolytes lors de divers voyages spatio-temporels.
 


Les autres dates ne correspondent, elles, à aucun événement pour le groupe, le single et l’album n’étant pas encore sortis le 25.08.1986 (respectivement les 06 et 09 septembre). Quant au 27.06.1999, cela correspond presque à la première date donnée après le retour d’Adrian Smith et Bruce Dickinson et qui eut lieu le 11 juillet 1999. L’illustrateur du groupe, Derek Riggs, était-il une sorte de… clairvoyant ?

Ecran de la DeLorean du film Retour Vers Le Futur
 


Ecran de la navette spatiale d’Eddie
 


Le deuxième détail se trouve sur la pochette du single. On y voit au loin le TARDIS (acronyme pour Time And Relative Dimension In Space), une cabine publique destinée à contacter la police et exclusive à la perfide Albion. En apparence seulement peut-on ajouter car cette cabine dissimule en fait une capsule spatio-temporelle dans laquelle voyage le Dr. Who. Le TARDIS apparaît une deuxième fois sur la pochette de l’album au côté de très autres nombreuses références cinématographiques et littéraires qui sont détaillées en fin d’article.
 


 


"Heaven Can Wait"

Cette chanson relate comment le personnage vit une expérience de mort imminente (NDE pour Near Death Experience dans la langue de Shakespeare) et se base légèrement sur un film du même nom (Le Ciel peut attendre en France), sorti en 1978, adapté et interprété par Warren Beatty – si tu n’es pas Warren Beatty, tu n’as rien à faire dans ce film. Synopsis : Joe Pendleton est un quarterback de l’équipe de foot US des Rams de Los Angeles préparant le Super Bowl. Il meurt dans un accident de la circulation, mais après vérification auprès de Saint-Pierre, son décès n'est pas attendu avant plusieurs années. Son corps ayant été incinéré, il faut donc lui retrouver un corps de sportif…
 


Ce film est lui-même le remake d’un autre film réalisé en 1941 et intitulé Here Comes Mr. Jordan (Le Défunt récalcitrant), où le héros, également nommé Joe, est cette fois un boxeur qui meurt dans un accident d'avion. Seulement dans l'au-delà, sa mort n'était pas prévue. On le réincarne donc dans la peau d'un banquier véreux. Mais Joe est un honnête homme et voudrait bien continuer sa carrière de boxeur afin d’affronter le champion en titre, Murdock.
 


Un autre film américain datant de 1943 s’appelle Heaven Can Wait et raconte l’histoire d’un homme nommé Henry Van Cleve qui, juste après sa mort, est persuadé de mériter le feu éternel et se présente alors auprès du Diable pour solliciter son entrée en enfer. Celui-ci, charmant mais débordé, semble incertain du sort à réserver à son visiteur et prend le temps d’écouter son histoire. Ou plutôt celle des femmes de sa vie. L'homme évoque en effet sa vie bourgeoise, personnage exalté et cabotin, d'une mauvaise foi confondante, s'arrêtant sur les divers écarts à la morale qui ont jalonné son parcours. Ici, mis à part le titre, rien de commun avec La Vierge de fer.
 


Une chanson qui revient souvent dans les set-lists du groupe, en partie grâce au pont sur lequel chacun peut y aller de ses vocalises et de ses « wohoho » pour lesquels une poignée de fans chanceux (d’heureux élus même, pourrait-on dire) monte sur scène avec le groupe pour une chorale digne des supporters du West Ham F.C. (le club de football de cœur de Steve). Les abonnés du fan-club quant à eux ont eu, lors de la réception du numéro du magazine 99.5, une surprise sous la forme d’un message de Bruce Dickinson avec un humour so british et pince-sans-rire dans lequel le chanteur, en rémission totale d’un cancer de la gorge, a écrit : « Merci à tous pour votre soutien et vos vœux de rétablissement. … j’ai beaucoup fredonné "Heaven Can Wait" sous la douche… ». Qu’il continue donc à fredonner cela le plus longtemps possible !
 


"The Loneliness Of The Long Distance Runner"

La Solitude Du Coureur De Fond. Telle est la traduction de ce morceau rapide, à l’instar de ce que son sujet évoque : la course. Il s’inspire d’une nouvelle de l'écrivain britannique Alan Sillitoe, parue en 1959, dans un recueil de nouvelles du même nom qui comporte plusieurs autres histoires, toutes imprégnées du même réalisme social et situées dans la Grande-Bretagne ouvrière de l'immédiat après-guerre. Les nouvelles sont toutes rédigées à la première personne et décrivent la transformation d'un individu face à son destin.

On y suit un jeune héros issu des classes populaires qui a été interné dans une maison de correction à la suite d'un vol qu'il a d'abord nié mais qu'il lui a fallu assumer. Il profite d'un programme de réhabilitation consistant à lui faire gagner une course d'endurance sur laquelle le directeur de la prison fonde beaucoup d’espoirs. Le héros bénéficie ainsi de certains assouplissements dans sa détention en pouvant notamment s'échapper un peu le matin de la prison pour aller s'entraîner seul dans la froide campagne. Comme il n'est pas sans talent, on lui fait miroiter une possible carrière professionnelle, une proposition qu’il va lui falloir envisager.

Un morceau qui n’a été joué qu’une poignée de fois sur quelques dates, uniquement de la tournée “Somewhere On Tour”, et passé aux oubliettes depuis.
 


 


"Stranger In A Strange Land"

Il existe un livre portant ce nom (En Terre étrangère en français), qui, dans sa première moitié, raconte une histoire de science-fiction où un homme élevé dans la culture martienne revient sur Terre, une planète et une civilisation qu’il n’a jamais connues. Cependant, ce morceau écrit par le guitariste Adrian Smith serait plutôt à rattacher à une expédition menée dans l’Arctique où le corps d’un homme prisonnier de la glace fut retrouvé des années plus tard. Ce serait l’un des survivants de cette expédition qui aurait relaté les faits à Adrian et qui se serait ensuite inspiré de ce récit pour écrire cette chanson.

Jouée en 1986-87 et au début de la tournée de reformation avec Bruce et Adrian en 1999, elle a rapidement été supprimée sur cette tournée après le décès du père du guitariste, sans qu’une corrélation n'ait été établie et dont le motif n’a pas été précisé au public. Sorti comme single, la pochette figure un Eddie affublé d’une tenue qui n’est pas sans évoquer Clint Eastwood et son personnage de L’Homme Sans Nom, lien commun de « la trilogie du dollar », ensemble composé des films Pour Une Poignée De Dollars, Et Pour Quelques Dollars De Plus et Le Bon, La Brute Et Le Truand. On y décèle aussi, par le caractère futuriste dans lequel il évolue au sein de ce dessin, des références au film Blade Runner et au personnage de Deckard.
 


 


 


"Alexander The Great"

LE titre réclamé à cor et à cri par une large majorité de fans qui rêve de l’entendre un jour en live, MAIDEN n’ayant jamais daigné l’interpréter. Je ne vous ferai pas l’affront de vous dire quel est le sujet et le personnage évoqué mais je me contenterai de préciser qui était celui celui qui fut également pharaon d’Egypte.

Alexandre le Grand, roi de Macédoine et probablement le plus grand conquérant de l’Antiquité, est né en -356 avant Jésus-Christ à Pella. Roi à 20 ans, Alexandre meurt à 32 ans en -323 avant Jésus-Christ après avoir conquis le Moyen-Orient, l’Asie centrale et être allé jusqu’en Inde. Il a fait pénétrer dans ces pays lointains la civilisation grecque, dont les traces se voient encore de nos jours. Chef charismatique et fougueux, remarquable organisateur, il met à profit la remarquable armée mise en place par son père Philippe II pour bousculer l’empire perse achéménide de Darius. Elève d’Aristote, c’est un roi dont la philosophie se traduit dans l’action. En moins de 15 années de conquêtes, il fonde près de 70 cités, dont la majorité porte le nom d`Alexandrie.

Esprit original et novateur, il ne cherche pas à imposer la culture grecque aux peuples conquis, mais leur laisse une grande autonomie. Si ses généraux d’Alexandre se déchirèrent à sa mort, il faut noter qu’aucun peuple conquis ne se révolta pour se venger d’Alexandre. Ce dernier, dans une vision à la fois idéaliste et illusoire, s’était efforcé de favoriser une fusion des cultures grecque et orientale. Durant plusieurs siècles, les différents royaumes et dynasties de la période hellénistique concrétisèrent cette rencontre profonde entre l’Orient et l’Occident, née dans le fracas des armes et qui donna naissance à une culture originale dont on retrouve encore aujourd’hui les traces de la mer Egée aux contreforts de l’Himalaya.

Source : Alexandre Le Grand
 


 


Impossible de passer à côté des détails que recèle la pochette de l’album et dont certains sont si bien cachés et minuscules qu’il faudrait presque une loupe pour les apercevoir. Heureusement, des pionniers de l’analyse “maidenesque” ont minutieusement étudié cette œuvre magistrale de l’illustrateur Derek Riggs afin d’en révéler les nuances et clins d’œil qui y figurent. A chaque fois, une indication visuelle (encadrée en rouge) pour situer cette référence sur la pochette, un zoom dessus et son explication.

L’horloge indiquant 23h58 en référence à la chanson "2 Minutes To Midnight" que l’on trouve sur l’album « Powerslave » (1984).
 


Un avion modèle Spitfire survolant le Aces High Bar, deux références à la chanson "Aces High" que l’on trouve également sur l’album « Powerslave » (1984).
 


La séquence du spectateur où un cinéma diffuse le concert « Live After Death » (1985) mais aussi Blade Runner, un film réalisé par Ridley Scott en 1982 avec Harrison Ford et Rutger Hauer dans les rôles principaux. Ceci a lieu au cinéma Philip K. Dick qui n’est autre que l’auteur de la nouvelle, Do Androids Dream Of Electric Sheep (Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques en français), qui a servi de base à l’écriture du film.
 


Ici, c’est “Phantom Of The Opera” qui se rappelle à nous, une chanson du premier album (cliquez sur le lien de l’album concerné en bas de l’article pour retrouver les détails de tous les titres évoqués).
 


Une source avance qu’il s’agirait vraisemblablement d’Erik, le personnage central du roman Phantom Of The Opera, et par extension celui de la chanson du groupe, mais il ne fait pourtant guère de doute qu’avec cette cape et ce masque typique aux oreilles pointues, on est en présence de Batman, tout perché qu’il est comme l’homme chauve-souris se plaît à l’être.
 


« Herbert Ails » ou l’exemple typique d’un humour anglais pince-sans-rire. En effet, “ails” signifie les maux (ou douleur, une épine dans le pied peut-on dire aussi pour simplifier) et Herbert n’est autre que le Frank Herbert, auteur du roman Dune, qui n’avait pas autorisé le groupe à utiliser le titre de son livre pour leur chanson "To Tame A Land" (« Piece Of Mind » en 1983).
 


Le “Sand Dune Night Club And Grill”, là encore nous sommes en présence d’une boutade sur Dune. Une façon de signifier à l'auteur : « Ah, tu n'as pas voulu qu'on utilise le titre Dune ! Attends, tu vas voir qu'on va en coller où on veut et comme on l'entend ! »
 


La chute d’Icare et non plus le vol ("Flight Of Icarus"), un titre que l’on retrouve sur l’album « Piece Of Mind ».
 


Mise à l’honneur de la littérature de science-fiction avec les « Bradbury Towers Hotel International » en hommage à Ray Bradbury, auteur de Fahrenheit 451 et Les Chroniques Martiennes.
 


Perché comme il est, le TARDIS (voir plus haut le morceau "Wasted Years") ne semble pas à la place la plus indiquée. Qu’importe, nous sommes en plein délire futuriste et toutes les fantaisies sont permises.
 


Tout prend sens pour « Asimov Foundation » lorsque l’on sait qu’Isaac Asimov (1920-1992) était écrivain et que l’un de ses plus célèbres romans s’appelle Fondation (Foundation en VO).
 


« Tyrell Corp. » (pour « Corporation »), rappel au film à Blade Runner. Tyrell Corporation est la firme qui fabrique les réplicants, ces androïdes qui n’ont pas droit de cité sur Terre et qui sont la cible des Blade Runners, en charge de les traquer. Encore plus petit au-dessus, on distingue à peine le sigle « Dekker’s Department Store », Dekker n’étant autre que le personnage joué par Harrison Ford, comme indiqué plus haut.
 


L’œil d’Horus, réminiscence des pérégrinations discographiques du groupe en 1984 sur l’album « Powerslave » et la chanson du même nom, où l’on peut entendre les paroles suivantes : « Into the abyss I’ll fall/The eye of Horus ».
 


Enfin, la dernière, pas si évidente que cela mais dont il a été avancé que l’œil bionique d’Eddie était un clin d’œil à celui du Terminator que l’on peut apercevoir dans une scène du premier film de la saga du même nom, initiée en 1984.
 

    


Et pour clore ce cinquième (et dense) chapitre, la vidéo de "Stranger In A Strange Land" qui n’a rien d’exceptionnel en elle-même mais qui n’en est pas moins un sacré bon titre ! Filmée sur scène pendant la tournée “Somewhere On Tour”, il est à noter que le thème principal du film Blade Runner a été utilisé comme introduction lors de ces mêmes concerts. C’est également le titre d’IRON MAIDEN préféré de Laurence Faure, qui partage avec moi ces articles, et mon petit clin d’œil à son intention. Thank you dear!



« Iron Maiden » (1980)
« Killers » (1981)
« The Number Of The Beast » (1982)
« Piece Of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)

 

Photos – Source : Wikipedia Creative Commons

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications

2 commentaires

User
Steph BERMOND
le 02 mars 2019 à 17:06
Excellentissime. .... Merci. ... Up the irons
User
Jérôme Sérignac
le 03 mars 2019 à 09:42
Merci Steph ! :) "Plaisir d'offrir, joie de recevoir !"
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