13 décembre 2019, 23:58

JINJER + THE AGONIST

@ Toulon (Omega Live)


Il y a les groupes (la majorité) qui se contentent d'un concert à Paris de temps en temps en guise de passage en France. La faute en incombe principalement aux managers et aux tourneurs qui préfèrent se focaliser sur une seule date plutôt que de risquer de perdre de l'argent en province. Et puis il y a les autres, plus rares, comme JINJER, certainement l'une des formations étrangères à avoir tourné le plus régulièrement chez nous au cours des quatre années écoulées. Que ça soit en festival, en première partie ou, à présent, en tête d'affiche. 

Ce qui finalement s'avère payant, les quatre dates de sa tournée de décembre dans l'Hexagone affichant complet et trois nouveaux concerts – à Besançon, Strasbourg et Dunkerque – venant d'être rajoutés en avril prochain. Preuve que la politique “à l'ancienne” consistant à enchaîner les albums et à aller au devant du public dans un maximum d'endroits demeure la façon la plus sûre de surnager dans la masse des innombrables nouveaux groupes en activité – le talent seul n'étant plus un gage de réussite depuis bien longtemps.

Ce soir, c'est à Toulon que s'achève la tournée française des Ukrainiens, accompagnés, par ordre d'entrée sur scène, de leurs compatriotes de SPACE OF VARIATIONS, des Finlandais KHROMA et des Québecquois THE AGONIST. Une arrivée aussi tardive qu'involontaire fait que les deux premiers groupes ont déjà joué les 30 minutes de show qui leur étaient allouées quand je rejoins enfin la salle. Damned... Je vous invite du coup à vous tourner vers leurs sites respectifs pour vous faire une idée de ce qu'ils ont à proposer.



Débarque donc THE AGONIST. Vous savez, le groupe dans lequel une certaine Alissa White-Gluz a fait ses classes avant de rejoindre, avec le succès que l'on sait, ARCH ENEMY. Vicky Psarakis, qui a pris sa suite en 2014, tient efficacement le devant de la scène. Alternant chant clair et growl avec une belle maîtrise, la vocaliste blonde communique largement avec le public avec un grand sourire et une voix douce qui ne lassent pas de surprendre quand on s'est mangé quelques secondes auparavant des morceaux aussi brutaux que "In Vertigo" qui ouvre le set, "Dead Ocean", "The Gift Of Silence" ou "As One We Survive" qui le clôture. Derrière l'Américaine, qui dit regretter de ne connaître que quelques mots de français, les musiciens pilonnent, bétonnent et pratiquent la danse des cheveux avec l'énergie qui sied à leur death metal mélodique, tout en faisant la part belle à « Orphans », leur sixième album en date sorti en septembre dernier. Quand le groupe quitte la scène, il a gagné un certain nombre de nouveaux fans et c'est tout à fait mérité.



Les lumières s'éteignent dans l'Oméga Live (pour ne jamais vraiment revenir vous diront les photographes, pas à la fête entre l'éclairage à contre-jour, l'absence de crash-barriers, la scène relativement basse et aucun point légèrement surélevé pour dominer la masse de bras et de smartphones levés). Mais il faudra attendre le décompte de 3 minutes qui s'égrène sur l'un des trois écrans en fond de scène sur fond de "lainnereP" avant que JINJER n'attaque avec "Teacher Teacher!", suivi de "Sit Stay Roll Over". Et bim ! Le niveau technique des Ukrainiens est impressionnant, Tatiana Shmayliuk, qui fait tournoyer sa longue queue de cheval, à l'aise comme un poisson dans l'eau. Mais que l'ensemble est froid…

Les parties instrumentales sont d'une précision chirurgicale, les rythmes barrés, les influences multiples puisqu'allant du groove metal au hardcore en passant par le prog, le jazz, le ska ou le reggae ("Judgement (& Punishment)") et il y a même un petit côté folklorique avec l'emploi de phrases en ukrainien sur "Retrospection"… En quelques années seulement, JINJER s'est forgé un style qui lui est propre, ce qui devient particulièrement rare. Et c'est sans doute ce qui, allié au talent, à la plastique et à la personnalité de frontwoman de sa chanteuse à (plusieurs) voix, les a catapultés "nouvelles sensations du metal". Sans qu'ils n'aient rien fait pour, soit dit en passant.

Pourtant, Roman Ibramkhalilov, Eugene Abdukhanov et Vladislav Ulasevish, respectivement guitariste, bassiste et batteur, ont beau exceller dans leurs parties respectives, tout comme la charismatique Tati au registre impressionnant, la technicité prend souvent le pas sur les morceaux. Dommage que contrairement à "Pisces", pour ne citer que cette chanson qui clôturera la soirée et dont la live-session video a été visionnée près de 30 millions de fois, les morceaux aient souvent du mal à rester dans la tête, même si l'on ne peut qu'admirer la maîtrise des quatre musiciens…


La setlist du concert


  

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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