12 décembre 2019, 23:51

RISE OF THE NORTHSTAR + BETRAYING THE MARTYRS

@ Strasbourg (La Laiterie)

Jeudi 12 décembre, votre Tintin dévoué et dévoyé du metal a rendez-vous à la Laiterie de Strasbourg. Ce soir, ça va être la guerre dans une grande salle pleine (ça fait plaisir). Il y a du monde, même les gradins sont ouverts. Ce soir, ce sera du core à core. Comprenez metalcore vs. hardcore. BETRAYING THE MARTYRS affrontera RISE OF THE NORTHSTAR. Deux fleurons bien énervés de la scène française, rien que ça !

Chaque groupe a une heure pour déchaîner les enfers. Soit 13 titres. BETRAYING THE MARTYRS lance les hostilités avec "Ignite" et "Eternal Machine", deux bombes de puissance atomique. Le plaisir est au rendez-vous. Outre une rythmique impalpable et des guitaristes aussi doués que les autres groupes internationaux de la scène metalcore, le duo de voix, formé de Victor, avec sa touche power heavy garantie, et le Canon de 188 mm "Gross Bertha" d'Aaron qui défonce tout, est d'une beauté mystique. Ange et démon. Les breaks sont autant d'occasions d'embrasser le metal progressif. Le public ? Il est conquis par ce groupe de bonne "foi".

Le dernier album « Rapture » est très présent en ce début de set. "Incarcered" pousse le public au circle-pit. Le refrain est repris en chœur. Aaron et Victor sont complices et très communicatifs. Il y a une réelle interaction avec le public chauffé à blanc. Aaron nous pousse à chanter avec lui sur l'excellent "Down". Moultes anecdotes pleuvent sur la France, patrie d'adoption du growler rosbif, mais aussi sur l'épisode tragique qui a vu l'été dernier la perte intégrale du matériel du groupe dans un incendie. Un crowdfunding des fans a remis BETRAYING THE MARTYRS sur les routes et le groupe les en remercie grandement. Le show en soit est déjà le meilleur des cadeaux.

Succession de titres d'anthologie. L'album « The Resilient » est également à l'honneur, avec le titre éponyme, mais aussi "Lost For Words", "Unregistred" et un final grandiose sur "The Great Illusion " qui laissera les auditeurs pantelants. Parmi les titres plus anciens, retenons le dantesque "Liberate Me Ex Infernis". Comme dit le proverbe : « Seul le croyant aime être crucifié… de plaisir ! »BETRAYING THE MARTYRS a livré un spectacle où la force des riffs se dispute à la générosité des sourires. Nous avons été crucifiés de plaisir, oui. Comme le clame leurs confrères de AUGUST BURNS RED : angry music for happy people !



Place à RISE OF THE NORTHSTAR. Moins de subtilités, plus de rentre-dedans. "The Awakening" et "Here's Come The Boom", issus du dernier album, déferlent sur nos têtes. Le mot d'ordre est forcément japanimaction.

Derrière les 5 samouraïs affublés de touches nippones se dresse en backdrop un gigantesque oni, démon ancestral, qui nous défie de ses yeux rouges comme l'enfer. De sa voix spectrale entre chaque titre, il nous invective et menace d'envahir notre monde. Vous l'avez deviné, les guerriers de RISE OF THE NORTHSTAR sont le dernier rempart face à la bête. "The Legacy Of Shi" narre le combat ultime qui se livre sur scène et dans la fosse. Circles-pit et walls of death se succèdent tels des passes d'armes. De prime abord, nous sommes déstabilisés par le growl rap de Vithia, son accent anglais étant très particulier. On pourrait se moquer des mimiques et poses manga des 5 membres. Mais RISE OF THE NORTHSTAR, c'est justement un tout, la somme des parties de chaque musicien crée un groove, une ambiance qui donne naissance à la bête qu'est le combo. Un peu comme les Power Rangers, non (je sors) ? Une bête pour affronter la bête aux yeux rouges. Vous connaissez le proverbe : « 'Oni' soit qui mal y pense ».

"This Is Crossover " résume cette athmosphère très justement, de par son titre et ses riffs. Riffs thrash qui giclent tels les geysers de sang d'un chambara (film de sabre japonais). C'est d'un jouissif ! Les refrains sont fédérateurs. "Nekketsu" et "Bozozoku" invitent SLAYER dans un collège fou fou fou ! BETRAYING THE MARTYRS avait été excellent. RISE OF THE NORTHSTAR fait aussi bien. Puissance. Jouissance. La fosse est remplie de "Furyosos" qui veulent être habités du "Samurai Spirit". Tellement intense est le déchaînement que quelques blessés seront à déplorer. Les mamans ont dû sans doute vider les rouleaux de sparadraps le lendemain sur leurs petits Ken les survivants !

Le terrible démon sera au final vaincu sur les coups d'estoc et de taille de "The Legacy Of Shi". Une fois encore, les héritiers de Kerry King auront su faire chanter l'acier de leurs six cordes et trancher la créature en morceaux saignants. Un rappel définitif avec "Again And Again" et le groupe nous saluera chaleureusement avant de nous quitter. Ronins, samouraïs sans maître, musiciens sans allégeance aux canons du metal, RISE OF THE NORTHSTAR, c’est grandiose en live. Comme dit le proverbe : « 'Rônin' soit qui mal y pense ».

Deux ambiances très distinctes. Deux concerts fous. BETRAYING THE MARTYRS ou la béatitude dans l’exaltation sauvage. RISE OF THE NORTHSTAR ou la mythologie mangaka comme théâtre metal. Toi "karaté" ça... ben t'avais qu'à être là !


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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