17 avril 2020, 18:30

UN JOUR, UN ALBUM

• MOTÖRHEAD : "Iron Fist"


Parce que les journées sont longues en cette période de confinement, pourquoi ne pas mettre un petit coup de projecteur sur cet album sorti le 17 avril 1982 ? L'idée n'est pas d'en faire la chronique mais de rappeler quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être sur le cinquième MOTÖRHEAD, qui fête aujourd'hui ses 38 ans… 


• En ce début des années 80, MOTÖRHEAD est au faîte de sa gloire, tant artistique que commerciale. Après l'implacable brelan « Overkill »-« Bomber »-« Ace Of Spades » (1979 pour les deux premiers, 1980 pour le dernier), couronnés par « No Sleep 'til Hammersmith » (1981) – qui se classe n° 1 des ventes outre-Manche – et qui est ni plus ni moins que l'un des plus grands live de l'histoire, Lemmy Kilmister, “Fast” Eddie Clarke et Phil “Philthy Animal” Taylor vont si ce n'est freiner, du moins prendre un peu leur temps pour composer leur cinquième album. « Iron Fist » sera le premier – et dernier – produit par le guitariste. Et aussi l'ultime enregistré par le line-up historique du Bombardier.

• En effet, si l'enregistrement a débuté avec Vic Maile, qui a produit « Ace Of Spades » sorti un an plus tôt, ça n'est pas l'entente cordiale et c'est “Fast” Eddie qui va le remplacer à la console. On ne saura jamais exactement pourquoi mais ce dernier affirmera que Philthy n'était pas satisfait du son de batterie et que c'est lui qui lui aurait suggéré de prendre les choses en main. D'autant plus que le guitariste venait de coproduire « Filth Hounds Of Hades », premier album de TANK qui avait tourné en fin d'année précédente avec le power-trio en Europe. 

Lemmy dira par la suite regretter amèrement d'avoir accepté que Clarke produise « Iron Fist ». « C'est un mauvais album, inférieur à tout ce que nous avions fait, analysera-t-il en 2000. Nous n'étions tout simplement pas prêts à enregistrer un nouveau disque. » Non seulement le résultat n'est pas à la hauteur de ce qu'il attendait mais cela va exacerber les tensions qui existent déjà entre les deux hommes.
Car si le guitariste n'avait pas vu d'objection à ce que MOTÖRHEAD enregistre le EP « St. Valentine's Day Massacre » avec GIRLSCHOOL en 1981 (il s'est classé 5e des meilleures ventes de singles en Grande-Bretagne), celui de « Stand By Your Man » avec Wendy O. Williams des PLASMATICS sera la goutte de whisky qui fait déborder le verre. Il quitte le groupe en plein vol, au beau milieu de sa première tournée américaine en tête d'affiche, après la deuxième date au Palladium de New York, le 14 mai. Lemmy et Philthy, qui lui reprochaient sa consommation d'alcool effrénée (l'hôpital qui se fout de la charité ?), ne font rien pour le retenir…
 

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• Sept jours plus tard, la tournée redémarre à Detroit, ville rock s'il en est, cette fois avec l'ex-THIN LIZZY Brian Robertson à la guitare qui enregistrera un unique album avec MOTÖRHEAD, « Another Perfect Day » (1983). Quant à Clarke, il va former FASTWAY avec Pete Way, ex-(futur) bassiste de UFO. Si ce n'est que ce dernier rejoint peu de temps plus tard Ozzy Osbourne qu'il accompagne en tant que musicien de tournée sur le “Diary Of A Madman Tour” et qu'il n'enregistrera jamais quoi que ce soit avec “Fast” Eddie.

• « Iron Fist », sorti sur le mythique label Bronze Records, n'aura qu'un seul single : la chanson qui donne son titre à l'album, arrivée dans les bacs le 3 avril. Elle débute avec ce qui est, pour certains, « Sieg Heil ! » (soit le nom du salut nazi de triste mémoire) lancé par Lemmy. Le frontman se verra aussitôt accoler une étiquette de facho qu'il démentira toujours, même s'il arbore la croix de fer et, parfois, une casquette nazie. 
Car, comme Jeff Hannemann (au Ciel ou en enfer) de SLAYER, il fait la collection d'objets en rapport avec la Deuxième Guerre mondiale et, plus particulièrement, l'Allemagne nazie.  « Oui, je collectionne des objets en rapport avec le IIIe Reich mais, croyez-moi, absolument pas l'idéologie qui va avec. J'ai des amis de toutes les couleurs et de toutes les religions. Je ne suis pas raciste pour un penny » affirmera-t-il à l'occasion d'une interview avec Billboard à l'occasion de la sortie du documentaire Lemmy: 49% Motherf**ker, 51% Son Of A Bitch en 2011. N'empêche…

• Mais revenons au début de la tournée. MOTÖRHEAD a décidé de laisser de côté le Bombardier qui faisait partie de sa scénographie et d'innover. D'abord en projetant en guise d'ouverture du concert un petit film (à retrouver ci-dessous, désolée pour la piètre qualité de l'image), réalisé par Douglas Smith, leur manager de l'époque. Puis d'arriver sur scène en descendant du plafond sur une plateforme. Et enfin, d'avoir un énorme poing en acier qui doit s'ouvrir pendant le show. C'était du moins le plan de foire qui foire assez lamentablement et très rapidement, c'est retour à la normale. Mais il est vrai que le trio et son rock'n'roll sous amphétamines n'ont pas vraiment besoin d'effets sur scène pour faire parler la poudre.
 


• En studio, le groupe se demande comment baptiser son album. Jusqu'à ce que Lemmy repense à un concert donné en février 1978 au Roundhouse, à Londres, moins d'un an après la sortie du premier album, sous le nom de IRON FIST AND THE HORDES FROM HELL pour des raisons contractuelles. Un album live est d'ailleurs sorti en 1994 chez Cleopatra Records. Jugeant le nom trop long (et un poil cliché ?), il l'abrège en « Iron Fist ».

MOTÖRHEAD donnera quatre concerts en France : le 23 octobre à Nancy au Parc Expo, le 25 à Nice au Théâtre de Verdure, le 26 à Lyon au Palais d'Hiver et le 27 à Paris au Bataclan. Si l'on s'en tient à ce qu'annonce www.setlist.fm, le trio a joué les titres suivants : “Iron Fist”, “Heart Of Stone”, “Go To Hell”, “I'm Your Hoochie Coochie Man”, “(Don't Need) Religion”, “America”, “Turn You Round Again”, “Iron Horse/Born to Lose”, “Nadine” (une reprise de Chuck Berry), “I Got Mine”, “(We Are) The Road Crew”, “Capricorn”, “Bite The Bullet”, “The Chase Is Better Than The Catch”, “Overkill” et “Motörhead”.
Un an plus tard, le nouveau line-up sera de retour dans l'Hexagone avec une tournée de 14 dates ! Autres temps, autres mœurs...
 

Discographie
On Parole (1976)
Motörhead (1977)
Overkill (1979)
Bomber (1979)
Ace Of Spades (1980)
No Sleep 'til Hammersmith (1981)
Iron Fist (1982)
Another Perfect Day (1983)
Orgasmatron (1986)
Rock 'n' Roll (1987)
1916 (1991)
March Ör Die (1992)
Bastards (1993)
Sacrifice (1995)
Overnight Sensation (1996)
Snake Bite Love (1998)
We Are Motörhead (2000)
Hammered (2002)
Inferno (2004)
Kiss Of Death (2006)
Motörizer (2008)
The Wörld Is Yours (2010)
Aftershock (2013)
Bad Magic (2015)
 


​Un jour, Un Album
JUDAS PRIEST : « British Steel »
GHOST : « Infestissumam »
TOOL : « Undertow »
RAMMSTEIN : « Mutter »
DOWN : « II: A Bustle In Your Hegderow »
MASTODON : « Crack The Skye »
IRON MAIDEN : « The Number Of The Beast »

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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