
« L’automne n’est pas une saison comme les autres. Elle nous offre des paysages magnifiques, des couleurs chatoyantes, pléthore de feuilles mortes et d'aliments délicieux. Source d’inspiration de nombreux poètes, l’automne est perçue comme le temps du bonheur tranquille et de la mélancolie créatrice » …Mouais mouais, loin d’être convaincue par cette rengaine mielleuse, l’équipe de Labels et les Bêtes voit plutôt en cette saison un défouloir de bon aloi comme en témoigne ce menu alléchant qu’elle vous a concocté avec ses paluches velues (enfin pas pour Aude, hein, manucurée comme il se doit !). Du black metal de tradition, troussé avec classe dans les manufactures norvégiennes et suédoises, du thrash à l’ancienne qui lorgne sur le death avec un certain DEMOLITION HAMMER en ligne de mire et un tir groupé sur l’hexagone qui célèbre sans faux col le metal extrême dans tous ses états. Un programme réjouissant, n’est-il pas ?
LIKSMINKE : « Land Av Frost » (Non Posse Mori Records)

Oui, en 2020, il est encore possible de venir de Norvège, de faire du black metal à l’ancienne sans tomber dans la plagiat éhonté de DARKTHRONE, BURZUM ou MAYHEM. La preuve avec ce deuxième album de LIKSMINKE dont on ne sait que peu de choses au sujet de son unique membre, Mannedaud.
Seul indice, « Land Av Frost » est conçu comme une saga nordique classique qui raconte l’histoire de la quête d’un guerrier païen pour venger sa famille, cette dernière ayant été assassinée par des missionnaires chrétiens anglo-saxons. De quoi nourrir le déferlement de violence constituant le fil rouge de l’album tout au long de ces trente-quatre minutes viriles qui optent pour une approche résolument burnée du black metal, de celles qui laisse de grosses tâches de gras indélébiles sur les bords.
Mais, loin de tomber dans le tabassage bas du front, notre artisan se révèle aussi efficace avec des tempos plus rock’n’roll et heavy en diable ("Frostmane" et "Slaget I Nord" en sont de parfaites illustrations).
Aucun doute sur la marchandise donc, « Land Av Frost » est une expédition sauvage et débridée qui ne pourra que vous inciter à dévorer cette galette aussi riche en goût qu'une Maximator oubliée dans la boîte à gants en plein cagnard !
(Clem)
YMIR : « Ymir » (Werewolf Records)

En France, on a Amir. La Finlande, elle, a YMIR et comme vous vous en seriez douté j’ai une très nette préférence pour la musique du second. En effet son black metal féroce et glacial, typique des contrée du Grand Nord, possède bien des atouts pour rivaliser avec les pointures du genre.
Tout d’abord sa production : un son ample, profond et respectueux de la tradition, qui enrobe à merveille une musique mélodique bardée de tremolos acérés. Rien n’a été ici laissé au hasard et le mot d’ordre est bel et bien la maîtrise au service d’un jeu parfaitement rodé qui fait la part belle aux embardées épiques.
Il faut dire que les deux maîtres à bord possèdent un carnet de voyage étoffé puisque Vrasjarn a roulé sa bosse chez HORNA notamment, les patrons qui règnent sans partage sur cette scène depuis plus de vingt ans. Son compère, Lord Sargofagian, y a également fait ses armes ainsi que chez BAPTISM et BEHEXEN. Mais le plus fort dans l’histoire, c’est que le duo s’est composé en 1998 et que « Ymir » n’est que son premier album !
Voilà un temps de maturation digne d’un grand whisky qui honore ce méfait fort bien fait qui se déguste, lui, sans modération !
(Clem)
TYPHUS : « Mass Produced Perfection » (Punishment 18 Records)

Pour les plus anciens thrashers d'entre nous, ceux qui ont plus de poils sur la barbe que sur la tête, la voix si caractéristique de John Connelly de NUCLEAR ASSAULT (la formation américaine, à priori encore active, n'a malheureusement plus rien produit depuis 2005 avec l'album « Third World Genocide ») c'était vraiment quelque chose de particulier !
Hé bien figurez-vous qu'on a retrouvé un de ses clones en Grèce où il sévit au sein d'un nouveau groupe de speed thrash dont le style est pour ainsi dire contagieux comme le typhus !
Sorte de mélange improbable entre Connelly et Daron Malakian de SYSTEM OF A DOWN pour être plus précis, ce type nous filerait presque la nostalgie du coup, en tout cas nous met bien la chair de poule à retrouver cette délicieuse formule, d'autant plus que musicalement derrière ledit frontman (un certain Kostas Korg, ex-NUCLEAR TERROR, un nom loin d'être anodin finalement...), ça assure : loin d'être manchots, les solistes s'y affrontent à qui mieux-mieux (le final de « Pride Breaker »).
Ajouté à cela un joli emballage avec le travail visuel de Par Olofsson (EXODUS, IMMOLATION ou MALEVOLENT CREATION) et la fête est totale.
(Crapulax)
CORRUPTED SAINT : « Mutilated Before The Masses » (Raw Skull Recordz)

En voilà un EP qui secoue comme un bon gros coup de pompe dans les euh... parties de gratte (cf le début de « Process Of Elimination » à la ANAAL NATHRAKH) !
En provenance de l'état ensoleillé de Floride ce quator déchaîné de Jacksonville, las d'attendre une performance de leur équipe NFL (avant-dernière de sa conférence avec 1 victoire pour 7 défaites cette saison), a décidé de passer ses nerfs en dévastant absolument tout sur son passage à l'aide d'un death thrash ultra violent directement inspiré par les DEMOLITION HAMMER, DEVASTATION, EXHORDER et autres NUM SKULL de la grande époque.
Pas de place pour la douceur, le calme ou la zénitude : ici on déglingue gratos en 4 titres et 17 minutes chrono, on frôle l'indécence avec un niveau de violence caractérisé totalement éhonté (« Tomb Of The Tyrant », quelle claque !), on dépasse les limites du raisonnable avec une pochette nulle et dégueu complètement assumée !!!
CORRUPTED SAINT, c'est de l'underground pur et dur, celui décomplexé qui envoie, qui écrabouille, qui pulvérise et qui nous rappelle qu'il y a encore dans ce bas monde des formations capables de nous surprendre agréablement.
(Crapulax)
SHUD : « Live Before Death » (MusikÖ Eye Prod)

Retour dans le passé. Entre 1988 et 1993, le groupe SHUD officiait dans un death metal sans concession. Ils ont alors enregistré des démos sorties en 2012 sous forme de 2 CD et reviennent cette année avec un live roots de chez roots intitulé « Live Before Death ».
Ce titre vous parle ? Regardez la pochette et vous constaterez que la pochette fait elle aussi référence au « Live After Death » d'IRON MAIDEN. Mais le lien s'arrête là car SHUD présente dans ces 8 titres un metal bien plus bourrin. Du death metal pour aficionados du son des années 90.
Et le fait que « Live Before Death » soit un album, comme son nom l'indique, live, montre toute la puissance dont le groupe est capable, sans effets, sans superficialité. Des titres comme "Evil Era" ou "Deadly Temptation" sont de véritables rouleaux compresseurs qui dévastent tout sur leur passage.
Le titre bonus "Mr Lolly" confirme cette tendance Attila. Bref, SHUD n'est pas là pour amuser la galerie mais plutôt pour montrer à quiconque veut l'entendre que, quand même, on savait vivre il y a 30 ans !
(Aude)
THROANE : « Une Balle Dans Le Pied » (Debemur Morti Productions)

Ce one-man band entre les mains exclusives de Dehn Sora existe depuis 2016 et a déjà sorti deux albums de qualité. Le temps est passé depuis 2017 et il semblait que THROANE était en sommeil mais avec ce nouvel EP d'un seul titre de 13'20 minutes, il montre que son inspiration tirée de l'obscurité infinie est loin d'être exsangue.
Évoluant dans un post-black teinté de dark ambient et d'indus, la musique de THROANE est à la fois originale, pesante, saisissante, effrayante et hypnotisante. Les guitares dissonantes, les hurlements transcendés, les rythmes effrénés et les riffs répétitifs font de « Une Balle dans le Pied » un véritable plaidoyer pour le nihilisme.
Dérangeant et intrigant, l'unique titre de l'album arrive à synthétiser en quelques minutes toutes les turpitudes d'une âme en peine. Des breaks beaucoup plus lents et lourds et des passages sonores ambient et froids enfoncent le clou encore plus loin dans l'ossature black metal globale.
Dehn Sora a résolument besoin d'un exutoire et THROANE lui permet de partager une violence contenue qui ne demande qu'à exploser au visage de tous. Un album sombre et glacial, comme on les aime.
(Aude)