23 avril 2021, 20:49

LABELS & LES BÊTES

"Le côté obscur de la force métallique" - épisode 45


Vous vous ennuyez ? Vous en avez marre de ne pas pouvoir sortir à votre guise et headbanger sur du gros son ? Eh bien Clément, Crapulax et Aude vont à nouveau prendre soin de vos oreilles et de votre moral en vous apportant, sur un plateau d’argent, quelques bons gros albums qui tachent un peu, il faut dire. Il y en aura pour tous les goûts : du thrash, du black, du hardcore, un peu de death et un soupçon de mélodie. Cocktail détonnant pour tout retourner dans le salon. Et sans modération ! Ca vient de loin, ça vient de profond, l’underground vit et nous régale. A vos platines !
 

HELESTIOS : « Your Pain Tastes Good » (Autoproduction)

Les apparences peuvent se révéler trompeuses ! Regardez cette formation grecque de power metal par exemple, avec orchestre symphonique au grand complet, panoplies du parfait chevalier en plastique mou et testicules du chanteur remontées au niveau des amygdales. Hé bien pas du tout !

Originaire de cette bonne vieille ville de Londres, les Britanniques HELESTIOS pratiquent un thrash metal mélodique de haut vol. Tout le contraire de ce que à quoi on pouvait s'attendre, donc ! Dès la première écoute, l'éclatante efficacité de certains titres comme "Sacrifice", le superbe "Black Storm" ou "Downgraded World" prouvent d'ores et déjà qu'on a affaire à des musiciens qui possèdent un sens de la composition très affirmé. Mieux : d'autres morceaux montrent également des signes très encourageants comme des velléités de s'affranchir du style pour aller vers des cieux plus inattendus (le refrain de "Back To Where It Starts") ou plus progressifs (l'intro de "Return To Baalbeck").
Quant aux parties solo, plutôt courtes dans leur ensemble, elles sont suffisamment bien construites, totalement maîtrisées et ont le bon goût de tomber toujours à point nommé.
Bref, de bien belles aptitudes pour un premier album !
(Crapulax)


STEEL BEARING HAND : « Slay In Hell » (Carbonized Records)

Comme en ce moment c'est le GROVID-19 niveau nouveautés metal (en latin l'ennuitum profonderis), voici la chronique légèrement bâclée d'un groupe américain de thrash un peu black/death sur les bords (ex-LIVE BY THE SWORD) qui ne le mérite pas trop mais dont les interventions solo du six-cordiste le placent au-dessus de la moyenne !

On va rapidement passer sur leur historique, aussi dense que des cheveux sur le crâne de Zinédine Zidane (2 démos, un single et un « album » de 5 titres depuis 2010, youpi...). Sur les textes aussi, directement inspirés du monde de Conan le Cimmérien. Ça tombe bien parce que le rapport avec le personnage fétiche de Robert E. Howard ne saute pas immédiatement aux oreilles !

On ne peut pas dire non plus que c'est un all-star band : le guitariste Wyatt Burton n'a aucun lien de filiation avec l'acteur Richard Burton, pas plus le bassiste Chris Bonner avec Sandrine Bonnaire, ni le batteur Alex Johnson avec Boris Johnson (l'homme qui ne se coiffe jamais) ou Anthony Vallejo à la guitare rythmique avec Boris Vallejo (illustrateur de Conan notamment, ça aurait fait une belle coïncidence !).
Donc on va s'abstenir de tout commentaire !
(Crapulax)


FORHIST : « Forhist » (Debemur Morti Productions)

FORHIST est le nouveau projet du très prolifique Vindsval de BLUT AUS NORD. Mais ici, point de musique dissonante ou d'expérimentations avant-gardistes, le son des 8 titres justement nommés "I" à "VIII" met en scène un black metal brut, atmosphérique, parfois mélodique, très norvégien dans l'âme.

Le plus cru et hargneux black metal avec blast beats, guitares suraiguës et vocaux hurlés transcendés ("II") côtoie le plus épique et ambiancé avec chœurs masculins chantés, passages acoustiques et batterie mid tempo ("VII"). Les synthés apportent une touche éthérée et naturaliste de bonne facture, le tout formant un ensemble d'une grande cohérence, invitant l'auditeur à suivre le one-man band sur les chemins sinueux d'une forêt sombre. FORHIST ravira les fans d'un black metal traditionnel des années 90, inspiré par les paysages sauvages glacés et la poésie du mysticisme ambiant.

Le projet compte en plus sur la créativité exacerbée de son maître à penser qui ne tarit pas d'intelligence artistique. En toute humilité, Vindsval montre à nouveau tout son talent et sait convaincre par son appropriation d'un style cher à beaucoup qu'il manie avec une dextérité incroyable. A découvrir, à suivre, à écouter sans modération.
(Aude)


NORDGEIST : « Frostwinter » (Kunsthall Produktionen)

Après la sortie d'un split en 2018 intitulé « Nordwinter », le seuls membre, T, de NORDGEIST revient avec un véritable album « Frostwinter ».
Visiblement, l'hiver est inspirant pour le one-man band de black metal atmosphérique et c'est effectivement un son glacial qui fait office de fil rouge tout au long des quatre titres. Seulement quatre me direz-vous ? Oui mais à plus de 10 minutes chacun, nous arrivons tout de même à 50 minutes de rythmes blastés, de chants hurlés, de guitares acérées et de synthés oniriques. Inutile de chercher un échappatoire où vous reposer, ou un moment de calme, c'est bien le blizzard austère qui vous emportera au gré des différents morceaux.

Même les effets sonores des intros vous plongeront au cœur de la tempête de glace. Mention spéciale à "Revenge", rapide, incisif et lourd dont les blasts et les riffs répétitifs sont autant de rouleaux compresseurs qui ne laissent aucune place à la sérénité.

Alors ne craignez plus les beaux jours qui arrivent et le soleil qui luit haut dans le ciel, ce « Frostwinter » sera comme un souffle vivifiant...ou une bourrasque givrante au choix.
(Aude)


MUR : « Truth » (Les Acteurs de l'Ombre)

A peine deux après la sortie d’un « Brutalism » qui avait décrassé un bon paquet d’esgourdes à grand renfort de brûlots hardcore-punk boursouflés d’une noirceur sludge, revoilà les parisiens-maçons de retour. Et c’est cette fois-ci avec un nouvel EP gavé jusqu’à la gueule (33 minutes !) de rythmiques froides et frondeuses, généreusement arrosées de parties de batterie bûcheronnesques, que le groupe revient hanter les platines.

Le bougre n’est pas venu pour enfiler des perles puisque son hardcore névrosé passe ici du côté obscur en intégrant un paquet d’influences black dissonantes qui lorgne vers ses petits camarades de PLEBEIAN GRANDSTAND, CELESTE et NESSERIA.

Le résultat ne se fait pas attendre puisque le tout prend rapidement une tournure des plus viriles qui assurera de nombreuses heures sombres à ceux qui s'y fourvoieront.
Qu’ils ne doutent pas ici que leurs nerfs seront mis à rude épreuve avec ce cocktail meurtrier : une hésitation brève qui laisse la place à un instant de clarté, une mélodie des tréfonds de l'enfer qui joue la danse de Saint Guy. Le calme avant la tempête. Ou le début de la fin.
(Clément)


OZARU : « Limbes » (Autoproduction)

Et si c’est de Haute-Savoie que venait le prochain coup de boule deathcore à la française ? Hein, parce qu’entre nous, ce style qui a connu son âge d’or il y a un bon paquet d’années avec les WHITECHAPEL, SUICIDE SILENCE et autres THY ART IS MURDER tourne en roue libre depuis quelques temps.

Alors, oui OZARU n’a pas la prétention de réinventer cette fameuse roue qui tourne dans le vide mais il met un point d’honneur à honorer ses références avec une hargne et une rage toutes deux intactes. Parce que lui, ce qu’il aime c’est le deathcore brutal, bas du front, délivré à chaud et sans la moindre concession.

Vocalises trempées dans l'acide chlorhydrique, blasts qui dansent la gigue avec des breaks furibards, oui la recette, gourmande et connue, n'a jamais aussi bien fonctionné que sur ce premier EP. OZARU ne fait pas dans la dentelle, pratiquant avec une ferveur intacte ce deathcore burné et sauvage, une représentation trempée dans le formol de ce qu'il considère lui-même comme la seule échappatoire à ce contexte covido-morose.
Alors, oserez-vous vous mesurer à OZARU ?
(Clément)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK