20 avril 2022, 17:37

AEROSMITH

"1971: The Road Starts Hear"

Album : 1971: The Road Starts Hear

Cela fait à peine un an en 1971 que les cinq membres historiques d’AEROSMITH ont commencé à répéter et composer mais il faut attendre 1973 pour que sorte l’éponyme « Aerosmith », premier pas sur un chemin pavé d’or, de platine et de diamants. La suite vous la connaissez, des hits comme s’il en pleuvait et ce, sur chaque album ou presque, des concerts à l’américaine, des shows « larger than life », des scandales, de la drogue, des femmes, des cris, des larmes, bref le triptyque sex, drugs & rock'n'roll illustré par l’exemple et poussé à l'extrême. Mais en 1971 disais-je, le quintet se fait les dents et les musiciens ont à peine la vingtaine (19 ans même pour le guitariste Brad Whitford). Et, sorti des archives personnelles du guitariste Joe Perry, voilà que surgi presque sans crier gare, l’enregistrement d’une répétition, le tout premier enregistrement connu dixit le groupe. Paru en vinyle et cassette tout d’abord le 26 novembre dernier à l'occasion du Record Store Day, il vient d’être édité également au format CD, ne faisant ainsi plus de jaloux et devenant de suite plus accessible, commercialement parlant.

La cassette originale de cet enregistrement historique n’avait semble-t-elle pas été jouée depuis des décennies et l’on y retrouve sept chansons dans une forme brute et épurée. Le disque a été produit par le chanteur Steven Tyler, Joe Perry et le producteur Steve Berkowitz. Il contient des photos inédites, des notes rédigées par le journaliste de Rolling Stone Magazine, David Fricke ainsi que de nouvelles interviews et commentaires du groupe concernant cet enregistrement oublié capté par Mark Lehman, alors seul technicien d’AEROSMITH, qui avait sauvegardé la session sur l’enregistreur multi-pistes de Perry. Point d’inédits cependant, tous les morceaux présents ont été enregistrés et sortis de manière officielle entre 1973 sur « Aerosmith » pour cinq d’entre elles et 1979 pour « Night In The Ruts » (la reprise de Jazz Gillum, "Reefer Head Woman") voire 1986 si l’on tient compte de la chanson "Major Barbara" (ou "Major Barbra" initialement) qui figure sur l’album « Classics Live! » et qui est une chute de studio des sessions de « Get Your Wings », paru en 1974. Après un petit échauffement des doigts et des cordes vocales où la bande tourne déjà, on entre dans le vif du sujet et le premier constat est que le son est bougrement bon. A tel point que l’immersion est totale pour peu que l’on ait pris soin de pousser un peu le volume avant d’appuyer sur la touche lecture ou poser l’aiguille sur sa platine. Si les fioritures et le son professionnel d’un enregistrement en studio proprement dit manquent encore à l’appel, l’essentiel est déjà là, comme une pierre précieuse pas encore taillée mais qui révèle déjà son potentiel ("Dream On" ou plus encore, "Mama Kin"). La reprise précitée ainsi que celle du bluesman Rufus Thomas, "Walkin’ The Dog", ne laissent d’ailleurs planer aucun doute sur les racines blues qui imprègnent la musique d’AEROSMITH et qui ont contribué à façonner au fil des années leur style de hard rock imité mais jamais égalé.

Tant pour le format vinyle que nous vous conseillons en priorité et que l’on peut se procurer facilement en ligne ou pour les versions des chansons que l’on y trouve et qui se veulent inespérées, datant d’il y a tout de même maintenant cinquante ans, ainsi que pour tous les fans d’AEROSMITH bien sûr, « 1971: The Road Starts Hear » est un achat indispensable, une petite bulle de bonheur sonore dans un monde actuel bien malmené. Et rien que pour ça, on les remerciera car – désolé pour les rageux qui n’ont certainement pas manqué de s’insurger contre cette sortie – il ne s’agit assurément pas là d’une démarche mercantile de leur part, le groupe n’allant assurément pas en vendre des palettes et il n’a nul besoin de cela de toute façon pour continuer à vivre confortablement. Allez, assez écrit, let the music do the talking!

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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