18 avril 2022, 23:59

GHOST + UNCLE ACID AND THE DEADBEATS + TWIN TEMPLE

@ Paris (Accor Arena)

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Coïncidence ? C’est en ce lundi de Pâques que GHOST faisait son grand retour dans la capitale. Et pas n’importe où : à l’Accor Arena en tête d’affiche. Une progression fulgurante pour Tobias Forge et sa créature qui, 11 ans après avoir foulé pour la première fois une scène parisienne – L'Olympia en première partie d'IN FLAMES – ont gravi les échelons "from the pit to the pinnacle". Il y a eu la Cigale en 2015, L'Olympia à nouveau, en tête d'affiche cette fois, en 2017, le Zénith en 2019. Et aussi la première partie de METALLICA au Stade de France la même année. Mais les conditions sont rarement réunies à cette échelle pour que les groupes d'ouverture puissent, si ce n'est briller, du moins évoluer dans des conditions correctes. Et cette date, quoique prestigieuse, ne dérogeait pas à la règle.

Mais avant la grand messe urbi et orbi, ce sont TWIN TEMPLE et UNCLE ACID AND THE DEADBEATS qui vont préparer le terrain et chauffer encore un peu plus les fidèles. Qui n'en ont pas vraiment besoin, soit dit en passant. Le duo américain, emmené par la voix de la très convaincante Alexandra James, qui n’est pas sans rappeler celle d’Amy Winehouse, s'adonne à ce que le couple a surnommé le "Satanic Doo-Woop". Soit un rock teinté 50's et 60's, mais aux textes à la gloire du Malin. Le set débute d'ailleurs par un rituel satanique avec sabres, eau bénite et "Hail Satan !" à profusion, avant que l'on rentre dans le vif du sujet avec "In Lvx" ou "Let's Have A Satanic Orgy!", leur dernier single en date. Plaisant.


Changement complet de registre et d'atmosphère avec UNCLE ACID AND THE DEADBEATS. Car les Anglais, eux, pratiquent un heavy psyché très 70's dans l'esprit du BLACK SABBATH des débuts et des premiers groupes de heavy metal. Du bon stoner bien gras avec jeu de lumières aussi minimaliste (au grand désespoir des photographes) que les interactions du chanteur/guitariste Kevin K.R. Starrs, alias Uncle Acid, avec le public, et riffs pachydermiques qui bâtissent un mur de son aussi dense que puissant. Une espère de vortex qui happe une large partie du public, avec des chansons comme "Mind Crawler", un titre de 2013 qui ouvre le concert, "Shockwave City", extrait de leur cinquième et dernier album en date sorti en 2018, ou "I'll Cut You Down". Les spectateurs apprécient ce quartet brut de décoffrage qui se démarque complètement du reste de l'affiche, dans sa musique autant que sa démarche, sans pour autant faire figure d'erreur de casting.


Et puis arrive enfin le moment tant attendu par les 10 000 et quelques convertis qui ont fait le déplacement, mais aussi par le frontman et tête pensante de GHOST si l’on en croit l’interview qu’il a récemment accordée à HARD FORCE (on le croit !). Pour ce premier concert "metal" dans le chaudron parisien depuis que la vie tente de reprendre son cours normal, c'est un spectacle de 110 minutes avec un lightshow somptueux qui accompagne à merveille un répertoire imparable qui nous attend. Un rituel, une espèce de parenthèse enchantée, semblable à aucun autre concert, au cours de laquelle les fans ont le sourire, la pêche, la banane et reprennent les refrains à l'unisson. De "Kaisarion", qui ouvre le show, à "Square Hammer" qui le conclut, pas un seul temps mort. Même si l'on pourra toutefois regretter la présence de "Mary On A Cross" et "Kiss The Go-Goat", toutes deux extraites du vinyle « Seven Inches Of Satanic Panic » sorti en 2019, au détriment d'au moins un titre plus marquant, "Ritual" étant la seule chanson tirée de « Opus Eponymous », et "Monstrance Clock" manquant cruellement à l'appel. Mais on le sait, Tobias/Papa Emeritus est le seul maître à bord de son navire (fantôme) et au moins ont-elles l'avantage d'être moins souvent apparues sur les set-lists.


Parmi les nombreux morceaux de bravoure, il y a bien sûr l'incontournable "Rats", un "Cirice" plombé sous des lights rouge sang précédé de "Devil's Church" (avec un micro-bout de "Marseillaise" dedans) et, parmi les quatre représentants de « Impera » à l'honneur sur l'"Imperatour", le hit en puissance "Spillways" et "Call Me Little Sunshine", au cours duquel le chanteur apparaît en Papa Emeritus IV dans toute sa splendeur, mitre comprise. Sans oublier "Year Zero", morceau emblématique de GHOST s'il en est, un très beau "He Is" ou encore "Miasma". Car en ce lendemain de Pâques, qui célèbre la Résurrection du Christ, le groupe a réveillé un mort – Papa Nihil et ses Ray-Ban en l'occurrence. Amené dans son cercueil transparent sur scène, il ressuscite après deux coups de défibrillateur, tente, façon monstre de Frankenstein, d'étrangler celui qui l'a ramené à la vie, avant de se saisir de son saxophone pour le solo final, tout en entamant une brève chorégraphie avec les Nameless Ghouls guitaristes.

Car c'est ça aussi, la magie GHOST. Une bonne dose d'humour et de second degré très "Satanic Panic" (le film), comme la désormais célèbre battle de Ghouls où les deux guitaristes s'invectivent façon pantomime dans un esprit que ne renieraient pas les Minions. Dit comme ça, c'est couillon, mais à voir, c'est un plaisir. Et puis bien sûr, il y a le Tobias Forge show. Un parfait maître de cérémonie à nul autre pareil, charismatique, magnétique et toujours classe qui virevolte et sait mettre en valeur ses musiciens "anonymes". Et dont la voix, comme le vin de qualité, se bonifie au fil du temps. Mention spéciale aux Ghoulettes aux chœurs qui apportent d'ailleurs une indéniable profondeur aux parties vocales.


Certains reprocheront sans doute au frontman de quitter un peu trop souvent la scène pour changer de tenue, mais cela fait partie du show et laisse quelque peu le champ libre à ses musiciens au look steampunk, inspiré en partie par les Hommes des Sables de La Guerre des étoiles. S'il communique toujours avec le public avec un fort accent italien et un sens de la dérision assez jouissif (il y a peu, ne décrivait-il pas au L.A. Times GHOST comme « une espèce de groupe de rock'n'roll occulte, pop et satanique » ?), le chanteur est toutefois moins bavard que dans le passé, ce qui n'est finalement pas une mauvaise chose.

Pas de rappel, les musiciens ne quittant pas la scène, mais trois titres imparables pour finir de mettre le feu : "Enter Sandman" de METALLICA, qui figure sur « The Metallica Black List », "Dance Macabre" et "Square Hammer". Quelques instants après la fin du rituel parisien, les écrans au plafond diffusent une très courte vidéo du chanteur backstage montrant une feuille sur laquelle on peut lire : « Ghost will headline Hellfest on Saturday June 18 » (GHOST jouera en tête d’affiche au Hellfest le 18 juin). Ovations de la foule en délire. Leur règne est arrivé. Une façon d’annoncer le remplacement de FAITH NO MORE qui a annulé toutes ses dates européennes en décembre dernier en raison des problèmes de santé (mentale) de Mike Patton.

Vivement un DVD live !

Les set-lists et les photos de Régis Peylet dans le portfolio

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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