23 avril 2022, 12:25

Joe Satriani

"Satchurated: Live In Montreal" (2012 - Rétro-Chronique)

Album : Satchurated: Live In Montreal

Si les albums live ne sont pas légion dans le cadre des rétro-chroniques que nous vous proposons à date-anniversaire, ce double-album en concert est cependant incontournable pour la simple et bonne raison que parmi la multitude de disques "vivants" que le guitariste virtuose Joe Satriani a proposés depuis le début de sa carrière, il est le plus technologique de ce guitariste très technique. Au gré de sa discographie, on dénombre ainsi cinq albums live sans oublier l’EP « Dreaming #11 » qui compte trois titres live sur quatre, même si l’on n’inclue pas ici la home-video « The Satch Tapes » disponible au simple format VHS en 1993 et  – mal – rééditée en DVD dix ans plus tard.

Technologique en effet car ce qui fait la particularité de ce « Satchurated: Live In Montreal », et lui vaut sa place plus qu’un autre dans cette rubrique, est qu’il s’est vu projeté en salles et a été tourné au format IMAX 3D. L’occasion pour les fans de Paris et alentours de le découvrir lors de sa diffusion en salles avec une projection à La Géode dans des conditions acoustiques et visuelles optimales. Un seul bémol pourtant alors, sa durée d’1h30 seulement au cinéma, la version intégrale étant sortie ensuite le 23 avril (Europe), le 24 avril 2012 (USA) en double CD et DVD/Blu-ray (pour une durée totale de 2h20) sur laquelle figure l’intégralité du concert plus deux titres studio en bonus.
 


© Jérôme Sérignac


Si vous n’êtes pas spécialement familier avec Satch, sachez que c’est presque un copain d’enfance d’un autre surdoué de la six – et sept ! – cordes, Steve Vai, et qu’il est un ancien professeur d’un dilettante – selon ses dires – Kirk Hammett (METALLICA) et de Larry Lalonde (PRIMUS, ex-POSSESSED). Ou encore qu’il a œuvré à la fin des années 80 en tant que mercenaire pour Mick Jagger (THE ROLLING STONES) à qui il doit d’ailleurs une grande partie du succès qu’il a rencontré ensuite dans sa carrière car cela l’a exposé auprès d’une plus grande audience ou, très brièvement, en live aux côtés de DEEP PURPLE et dont il existe sur internet des enregistrements pirates de ces concerts. Fort de plus de 45 ans de baroud dans la sphère hard rock instrumentale, il œuvre toujours activement à ce jour du haut de ses bientôt 65 printemps. Afin de vous en convaincre, allez donc écouter le nouvel album « The Elephants Of Mars » ou « What Happens Next » sorti en 2018 au format de trio en compagnie de Glenn Hughes à la basse, pour lequel nous ne vous ferons pas l’affront de rappeler le CV, et de Chad Smith à la batterie, titulaire chez les RED HOT CHILI PEPPERS mais aussi acolyte de Joe au sein de CHICKENFOOT.

Montréal oblige, l’audience est majoritairement francophone et le public a donc droit à quelques mots en français lors de l’arrivée sur scène du maître de cérémonie. Ou comment se mettre l’audience dans la poche en quelques syllabes bien placées et correctement ar-ti-cu-lées. D’emblée, et alors que l’on n’a encore rien demandé, Joe et ses G.I. défouraillent direct avec le dyptique "Ice 9" et "Hordes Of Locusts", nous ramenant en une poignée de minutes tout droit en 1988 et à l’EP « Dreaming #11 » dont nous parlions en préambule. A ce propos, Joe a récemment déclaré au sujet de la chanson "Hordes Of Locusts" : « Le titre vient de mon père lorsqu’il parlait un jour des touristes se rendant à Jones Beach au sud de Long Island en les comparant à des "hordes de criquets". Mes amis avaient trouvé ça trop cool qu’il utilise ce terme et ils ont tout fait pour que je ne l’oublie jamais. Cette chanson est donc en son hommage. » Des gemmes inespérées enfilées d’entrée de jeu et alors tout ceci n’est pas un rêve, bien que nous semblions pourtant y évoluer lors de l’écoute des 23 titres. Côté mercenaires, hormis l’indéboulonnable Jeff Campitelli à la batterie qui accompagne le "Professeur Satchafunkilus" depuis quelques décennies, on notera la maestria du claviériste Mike Keneally qui se fend d’un solo en duo avec Joe qu’il finit avec... le nez, provoquant à juste titre l’admiration non feinte du guitariste et s’attirant les vivats du public. Malheureusement, il est difficile de faire oublier un Stu Hamm des débuts à la basse bien qu’Allen Whitmann s’en sorte honorablement. Galen Henson pour sa part, second guitariste qui étoffe les parties en solo du maître, est totalement effacé, sans aucun charisme et donc anecdotique. A sa décharge, on arguera que dans une telle configuration, celui-ci a sûrement le rôle le plus ingrat qui puisse être pour un musicien, celui de faire-valoir (et encore...) à la droite, lorsque l’on regarde l’écran, d’un dieu de la six-cordes.

Côté set-list, c’est l’embarras du choix ou l’inverse tant la discographie de M. Satriani regorge de titres majeurs parfois joués, il est vrai, en mode mineur. L’on se repait donc d’un "Memories" issu de son premier album « Not Of This Earth » paru en 1986, d’extraits de « The Extremist » datant de 1992 ("War" et "Why") ou encore d’une superbe "Crystal Planet" de l’album du même nom, disque paru en 1998. Les extraits plus récents de son répertoire sont également agencés de façon à s’insérer de la meilleure manière possible au milieu de ces classiques et ne dénotent pas dans ce somptueux et roboratif best of live ("Andalusia" et son hispanisante et virtuose introduction à la guitare acoustique qui se poursuit en un hard rock débridé, "Pyrrhic Victoria" ou bien "Revelation") bien que celles-ci ne pourront jamais lutter avec les chansons précitées, toujours extrêmement impressionnantes à regarder jouer et ce, sans parler des "Always With Me, Always With You", "Big Bad Moon" ou de l’apothéose libératrice "Summer Song", finale à rallonge, qui clôt généralement les festivités du maître d’œuvre.


A l’arrivée, même s’il y en a eu pléthore avant celui-ci, impossible pour le fan d’être déçu par cet exhaustif « Satchurated: Live In Montreal » (jeu de mots entre son surnom Satch et saturated, saturé en anglais, qui désigne ici un son de guitare), tout ceci étant interprété bien évidemment avec une dextérité déconcertante, Joe ne regardant parfois même plus ses mains lors de parties pourtant monstrueusement techniques. N’éludant qu’une courte période de sa carrière, pour retrouver des atypiques "Borg Sex" et autres curiosités, il faudra vous référer au « Live In San Francisco ». Et si vous êtes toujours équipés à ce jour d’une installation home-cinema avec option 3D, vous ne pourrez que le revoir avec plaisir.

Pour aller plus loin : album live oblige, focus uniquement sur les disques en concert.

« Dreaming #11 » (1988) : pour les époustouflantes versions de "Ice Nine", "Memories" et "Hordes Of Locusts" captées à San Diego le 11 juin 1988 lors de la tournée « Surfing With The Alien » pour une diffusion radiophonique le 31 juillet 1988 dans le cadre de l’émission américaine King Biscuit Flower Hour (diffusée entre 1973 et 2003) qui retransmettait des concerts d'artistes enregistrés spécialement pour l'émission.
« Time Machine » (1993) : double CD – un rite – où le deuxième disque de 70 mn est une compilation live de nombreux hits du guitariste captés entre 1988 et 1993 sur les tournées « Surfing With The Alien » et « The Extremist ».
« Live In San Francisco » (2001) : set-list intéressante incluant des extraits des albums « Engines Of Creation », un disque à part dans sa discographie et discuté (disputé ?) par certains fans, ou de l’excellent « Crystal Planet »
« Satriani Live! » (2006) : rien que pour la finale et orgiaque "Summer Song" s’étendant sur près de 9 mn.
« Live In Paris: I Just Wanna Rock » (2010) : à écouter, et encore par chauvinisme uniquement, la version vidéo étant absolument atroce, un peu comme si le montage des images avait été effectué dans les années 70 par un enfant de 12 ans sous acide (oui je sais, la comparaison est totalement immorale)


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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