6 septembre 2022, 18:45

BLOODBATH

Interview Nick Holmes


Déjà six albums pour le supergroupe BLOODBATH qui revient cette année avec son death metal typique et un « Survival Of The Sickest » qui devraient ravir les fans de la première heure. Nick Holmes, chanteur de la formation nous donne des détails sur la composition des onze titres et sur une musique qu'il veut authentique et percutante.
 

La dernière fois que nous avons parlé ensemble, c'était pour la sortie de « Obsidian » de PARADISE LOST et nous voilà aujourd'hui ensemble pour parler de « Survival Of The Sickest », le nouvel album death metal old-school de BLOODBATH. Est-ce que ces deux groupes sont pour toi deux choses totalement différentes ou finalement les côtés d'une même médaille ?
Musicalement, ce sont deux projets très différents et le public n'est pas le même pour chacun. On le voit bien en concert : la foule réagit différemment. Mais le fond est le même et je suis très impliqué dans les deux groupes donc pour moi, ce sont deux facettes de moi-même.

« Survival Of The Sickest » est le sixième album de BLOODBATH. Quel en est le thème ? Qui sont les "plus malades" ?
En fait, je n'en ai pas vraiment idée. C'est juste un titre typique de death metal old-school des années 80 ! En général, il ne faut pas accorder trop de sens aux titres de nos albums. On fait un point d'honneur à rester fidèles à ce style, aux créatures qui vont avec, à tout ce qu'on aimait dans le death metal lorsque nous étions adolescents en fin de compte. Le titre est donc un mélange de tout cela, sans prétention aucune. Mais bien sûr, chacun peut l'interpréter à sa façon.

L'album contient dix chansons d'un death metal très efficace, comme d'habitude, classique donc mais brillamment écrit et joué. Quel était ton état d'esprit lors de son écriture ?
Il a été écrit sur une assez longue période de temps. J'ai commencé par écrire la musique, puis les lignes de chant. Jonas (Renkse, le bassiste) a écrit quatre chansons, le premier titre a été écrit par Tomas Akvik (le nouveau guitariste) mais pour chacune, on se faisait passer nos compositions de l'un à l'autre pour arriver avec quelque chose de fini et complet pour l'enregistrement. Je n'aime pas trop répéter les morceaux plusieurs fois, pendant des heures. J'ai besoin de les travailler calmement, pendant une journée par exemple. Puis les écouter les jours suivants afin de voir s'ils sonnent aussi bien que ce que je pensais au début. Aujourd'hui que tout est numérisé et que l'on peut partager des fichiers simplement, tu n'as pas besoin de voyager partout dans le monde pour rencontrer les gens. On a juste besoin de partager nos idées, elles passent de l'un à l'autre sans difficulté.

C'est plus simple techniquement de composer un album aujourd'hui qu'il y a quelques années ?
Oui, tout à fait. Je ne me souviens même plus comment on faisait pour écrire de la musique il y a quelques années ! Aujourd'hui, tu peux vraiment composer tout ce qui te passe par la tête. La critique par mail n'est pas facile car les gens peuvent interpréter tes paroles de la mauvaise façon. Mais avec la visioconférence, tout devient à porter de main. Les jeunes groupes ne savent même pas ce que c'est de rester enfermer dans une pièce pendant des heures pour discuter de la musique !

Tu parlais de votre nouveau guitariste, Tomas Akvik. Il a dû être ravi de pouvoir prendre part au processus d'écriture de l'album non ?
Oui, il joue dans le groupe LIK qui est un groupe de death metal suédois qui, musicalement, n'est pas si éloigné de BLOODBATH. Il y joue depuis des années donc il sait composer des titres de death. C'est un super guitariste qui joue beaucoup en live, il n'y a donc pas eu de problème à le laisser composer des morceaux pour BLOODBATH. Et nous sommes ravis de sa production.


Comment avez-vous enregistré l'album ? Y'a-t-il eu des sessions live ou chacun a-t-il enregistré ses parties de son côté ?
Comme pour l'écriture, l'enregistrement s'est fait sur une période assez étalée. La batterie a été enregistrée il y a plus d'un an et j'ai enregistré le chant il n'y a pas longtemps. Les guitares ont été enregistrées entre les deux. Par contre, tout a été enregistré à Stockholm en studio bien que de nos jours, comme je le disais, avec le digital, on n'aurait même plus besoin d'y aller pour enregistrer nos parties. Il n'y a que pour la batterie où c'est nécessaire.

Si l'enregistrement a été long, est-ce que les chansons ont changé pendant cette période ? As-tu vu une évolution dans la façon dont vous les avez jouées, chantées ? Leur ossature a-t-elle été modifiée ?
Non pas vraiment car quand on compose, on passe du temps à peaufiner nos morceaux pour arriver à quelque chose de vraiment satisfaisant pour tous. Donc quand on enregistre, globalement, les chansons restent similaires à ce que l'on apporte en studio. Il peut y avoir quelques différences dans la façon de chanter car il faut tout de même un peu de spontanéité. Mais pour le reste, une fois que le titre est écrit, on l'enregistre tel quel.

Même si « Survival Of The Sickest » est un album de death metal classique, les titres sont très différents les uns des autres. Si on prend par exemple la première chanson "Zombie Inferno" et la dernière "No God Before Me", on voyage de riffs rapides et agressifs vers des rythmes plus lents et plus lourds. Est-ce une façon de véhiculer différentes émotions et d'avoir différentes atmosphères ?
Oui, dans le death metal, il y a plusieurs genres. Certains sont plus sombres, d'autres plus rapides et comme nous venons de groupes qui sont assez sombres, notre death metal s'en ressent. Tout en jouant du death metal des années 80/90, on garde les personnalités qui nous sont propres.

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur une chanson très particulière qui s'intitule "Environcide" ? Est-ce une dénonciation de notre société ?
C'est Jonas qui a écrit cette chanson alors je vais te lire ce qu'il en a écrit « On ne sépare pas la nature et la culture. L'environcide est la destruction de l'infrastructure environnementale de la société en y déplaçant les gens  et en y invitant les maladies, la famine et le déclin environnemental. »

Ce pourrait être une espèce d'hymne pour BLOODBATH...
On pourrait penser qu'elle parle de réchauffement climatique mais pas du tout. Mais oui, cette chanson est impactante.

Est-ce que notre société est un sujet d'inspiration sans fin ?
Oui, je pense car les choses changent tout le temps. En particulier la politique qui devient vraiment folle. J'aime beaucoup la politique mais en général, je ne donne jamais mon point de vue dans ma musique. Pour moi, la musique est un exutoire donc le but n'est pas d'embêter les gens avec ça. Et puis quand tu donnes ton opinion, tu te dévoiles beaucoup et il faut être prêt à te justifier, ce que je ne veux pas. Je me contente donc d'en discuter avec mes amis. La musique permet de s'évader et je veux que ça reste ainsi.


Est-ce que ta façon de composer est différente pour PARADISE LOST et pour BLOODBATH ? Est-ce que tu peux écrire une chanson pour l'un ou l'autre indifféremment ou ton état d'esprit se doit-il d'être différent lorsque tu écris pour chacun des groupes ?
Non, c'est à peu près la même façon de faire pour l'un et l'autre. J'essaye à chaque fois de donner le meilleur de moi-même. Parfois, je réfléchis trop mais le processus est le même, que ce soit des chansons de death ou de doom, la créativité est similaire. Et puis, pour moi, les paroles n'ont pas besoin d'avoir du sens, j'écris juste des mots qui semblent bien s'assembler. J'aime les phrases puissantes mais pas forcément des textes complets plein de sens. Je n'ai pas besoin d'histoire, juste quelques phrases qui vont bien ensemble. Parfois les gens aiment s'exprimer, s'expliquer même sur ce qu'ils écrivent mais je ne crois pas que ce soit le rôle de la musique, je ne l'ai jamais pensé. En fait, tout vient de la façon dont la musique me fait vibrer. Si la musique est agressive, les parties de chant le seront, si la musique est sombre, tes paroles seront probablement plus tristes. La façon dont je me sens détermine ma façon d'écrire.

Donc tu as besoin de la musique avant d'écrire les paroles ?
Je pense que je pourrais écrire les paroles en premier mais je pense aussi que les voix et la musique sont deux parties d'un tout. Je ne pourrais pas séparer les deux. J'aime quand la musique provoque les paroles plus que l'inverse. C'est un jeu avec les émotions comme je le disais avant.

Est-ce que tu peux nous parler de votre collaboration avec plusieurs invités qui apparaissent sur l'album : Barney Greenway de NAPALM DEATH, Luc Lemay de GORGUTS ou encore Marc Grewe de MORGOTH ?
Quand on a terminé l'album, on s'est demandé quels amis nous pourrions faire venir pour agrémenter un peu les chansons. En particulier "Putrefying Corpse" qui a une section à la NAPALM DEATH. Barney nous a paru donc idéal, sa voix y correspond totalement et il a accepté gentiment de nous prêter main forte. C'est un peu pareil pour Marc de MORGOTH sur la chanson "To Die", sa voix y est appropriée, un peu plus aiguë et death. Et puis Luc sur le titre "Born Infernal" qui apporte aussi un petit plus à l'album. Cela permet d'apporter un peu de fraîcheur et de surprise.

Est-ce que l'on pourrait imaginer un festival où tous vos groupes respectifs joueraient l'un après l'autre ? Fatigant pour vous j'imagine mais intéressant non ?
Oui, si on a assez de temps entre chaque concert pour qu'on puisse se reposer ! J'ai déjà joué avec PARADISE LOST et BLOODBATH le même jour à Leeds mais honnêtement, je ne le referais pas souvent. Mais pourquoi pas oui, c'est quelque chose d'envisageable.

Tu as des concerts de prévus avec BLOODBATH ?
Pas vraiment de tournée mais des festivals jusqu'à la fin de l'année et une tournée avec PARADISE LOST en octobre et novembre. Je pense que l'été prochain sera très actif en terme de festivals et c'est ce que nous voulons faire avec BLOODBATH. On ne fait pas de longues tournées pendant plusieurs semaines, cela nous tuerait ! On veut que ça reste sympathique et frais, pas une lourde machine à tirer. Quoique maintenant, avec tous les festivals possibles pendant l'été, ça peut vite ressembler à une tournée !



Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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