Si la période de COVID a pu ralentir bon nombre d’artistes dans leur carrière ces deux dernières années, certains en revanche se sont retrouvés à ne plus savoir où donner de la tête, à l’instar du Canadien qui sort son nouvel album intitulé « Lightwork » après une pléthore de projets qui lui ont permis de maintenir sa créativité sans limite durant une période critique mondiale. Un album qui représente une facette plus posée de sa personnalité à l’aube de ses 50 ans et qui souligne son désir de toujours suivre son instinct. Au carrefour entre « Ghost » (2011) et « Transcendence (2016), cette nouvelle production à la puissance tranquille et à la qualité indiscutable offre une porte d’entrée accessible pour celui ou celle qui ne connaîtrait pas encore l’univers de Devin Townsend. Entretien à distance depuis son domicile...
Depuis notre dernière entrevue en 2019 pour la sortie de « Empath », la COVID nous a frappés et a tout arrêté. Tout, peut-être pas complètement car quand on voit ce que tu as accompli en deux ans, on pourrait croire que ça a eu l’effet inverse pour toi : plusieurs concerts en streaming, les deux sessions "Devolution", une émission pour les enfants adapté de Ziltoid, « The Puzzle » qui est l’un de tes albums les plus complexes, progressif, immersif et qui a vu une soixantaine de personnes y participer, un coffret qui accompagne la sortie, un film qui sera diffusé sur Amazon Prime, un autre album, « Snuggles », et pour finir une comédie musicale et une tournée avec DREAM THEATER . Tous ces projets étaient en réaction directe à la pandémie, comme un rejet d’une fatalité ou c’était juste une autre journée normale dans la vie de Devin Townsend ?
Ce n’était pas une période normale et c’est une vision romantique de le voir comme un rejet de la fatalité. Je trouve que c’est une très belle manière de le décrire comme ça. Je pense que ma démarche était plus pragmatique car je devais trouver une solution à un problème. Et le problème, c’est qu’en tant que musicien indépendant en 2020 face à une pandémie, soit tu trouvais une façon d’adapter ton activité, soit tu coulais. A partir de là, tout ce que j’ai composé, je l’ai fait avec deux choses en tête : la première était de trouver un moyen de continuer à travailler, car j’adore mon boulot, et la deuxième, c’est que je sentais que ce que je faisais pourrait aider en quelque sorte. Car avec le taux d’anxiété et de stress qu’ont vécu les gens, pas seulement le public qui me suit mais également ma famille, mes amis et tous les autres, j’avais l’impression qu’il y avait comme un voile de négativité sur les épaules de tout le monde.
De plus, le public demande aux artistes de donner leur opinion sur les affaires politiques, sur le virus, sur le droit du port d’arme ou tout autre problème social, et pour être vraiment honnête, je n’y connais pas grand-chose dans tous ces sujets. Je ne passe mon temps à réfléchir à tout ça, ni à chercher à mener mon enquête. Donc, la seule chose à laquelle je pensais était d’être en mesure de continuer à faire de la musique. Je me suis focalisé sur la composition des chansons, le travail sur des projets qui apporteraient du réconfort au public. Et au final, ça m’a apporté aussi du réconfort de savoir que les gens appréciaient. Et au bout de deux ans, j’ai accumulé une tonne de travail, sans compter que j’ai déménagé et les travaux dans la nouvelle maison. Tout ça a fait un peu trop et j’ai dû faire une pause, j’avais trop de projets en même temps. Mais là, ça va mieux et je suis près pour me remettre en selle. Et qui sait ce que je vais faire la prochaine fois ?
"Je n’avais pas envie de crier mais plutôt de prendre du recul, de calmer le jeu ne serait-ce qu’un instant."
Et après tout ce travail, tu as eu le temps de développer, écrire et enregistrer « Lightwork ». Quel a été ton approche pour ce nouvel album, n’étais-tu pas fatigué ? Ou au contraire, cela t’a-t-il permis de clore en douceur un chapitre de ta vie ?
Je pense que le chapitre s’est terminé avec « Empath » et je décris le projet « Lightwork » comme évoluant entre deux continents dans mon univers musical. D’un côté, il y a celui sur lequel « Empath » se situe et l’autre où je ne sais pas encore vraiment ce qu’il représente. Et « Lightwork » comme « Puzzle » forment un pont entre les deux. « Lightwork » a deux facettes pour moi. La première, c’est qu’il a été difficile à faire car j’étais en plein déménagement et cela implique une grosse organisation mais j’avais profondément besoin de quelque chose sur lequel me focaliser musicalement qui ne soit pas rempli de négativité car c’était la seule chose que le monde extérieur me montrait. Durant la pandémie, j’ai entendu des artistes sortir des albums très agressifs, emplis de colère, des albums passés au vitriol, qui débordaient de haine avec des hymnes qui scandaient des choses comme : « On n'en peut plus ! » ou « Voilà ce qu’on a traversé ! ».
Mais pour être franc, je ne sais pas où ils ont pu trouver cette énergie négative, en tout cas ce n’est pas ce que j’ai ressenti, je n’avais pas envie de crier mais plutôt de prendre du recul, de calmer le jeu ne serait-ce qu’un instant. La pandémie semble être passée alors, avant de reprendre nos vies et notre activité, prenons le temps de nous asseoir, de boire un bon café et de faire le point. « Lightwork » représente cet état d’esprit. Il est plus calme et plus équilibré. C’était un effort créatif dans lequel je me suis investi durant une période de chaos total qui m’apportait une lumière vers laquelle je pouvais me diriger. C’est pour cela que la pochette représente un phare, c’est un album plus détendu et je ne voulais pas sortir de cette pandémie en étant en colère, je ne pouvais pas, ça n’avait pas de sens pour moi. Peut-être parce que je prends de l’âge ou que j’ai eu la chance de trouver l’équilibre durant cette période, mais ça me semblait absurde de sortir de cette crise dans un mauvais état d’esprit.
Tu as écrit l’album en même temps que tu travaillais sur « The Puzzle », y avait-il des moments où tu ne savais plus où tu en étais ?
(Rires) Pour être tout à fait honnête, la plupart du temps, je ne sais pas où j’en suis ! Toutefois, la manière dont je fonctionne du point de vue créatif est assez instinctive. Je n’arrive pas à travailler ou à réussir ce que j’entreprends quand je veux guider mon travail, ça ne fonctionne pas comme ça pour moi. Je suis mon instinct et peu importe où je me trouve, j’ai toujours une guitare pas loin et donc, je suis toujours en train de jouer un truc. J’ai tellement eu d’expériences où j’étais également en train de jouer de la guitare que beaucoup de mes chansons découlent de moments précis dans ma vie. Comme avec la COVID, par exemple, ou durant la perte d’un être cher, une nouvelle amitié qui se forme, ou n’importe quoi d‘autre, durant chaque moment de vie, j’ai une chanson qui y est directement reliée. Et vu que je compose sans essayer d’analyser ce que je fais, je me retrouve avec des tonnes de morceaux et quand je fais une pause et que j’écoute tout ça, je découvre celles qui sont en phase avec mon état d’esprit ou qui correspond avec le moment que je traverse.
Il m’arrive également de travailler sans relâche sur un projet, pendant un mois, comme un lapin terré dans son trou, et de me dire après plusieurs semaine : « Merde, je ne vais pas dans le bon sens, là ! ». Pour « Lightwork » et « The Puzzle », j’ai commencé avec le premier car je voulais composer quelque chose d’équilibré, qui ait un effet rassurant pour le public, mais après deux mois de travail, j’ai réalisé que ce n’était pas ce qu’il me fallait car tout ce qui se passait dans ma tête n’était que chaos. J’ai donc mis « Lightwork » de côté et j’ai commencé à travailler sur « The Puzzle ». Ce deuxième album n’était pas prévu mais en suivant mes idées et mon instinct, tout est devenu clair, la direction que je devais suivre, quel était le but de cet album, la vision que je voulais partager. J’ai mené ce projet à bien et ce n'est qu'après que je suis revenu sur « Lightwork » car à ce moment-là, je pouvais me focaliser dessus car tout le chaos dans ma tête avait été purgé.
"Cela faisait longtemps que je voulais essayer de travailler directement avec un producteur et c’était super constructif d’avoir quelqu’un qui avait un regard objectif."
Avoir un producteur était nécessaire pour canaliser ton énergie et ta créativité et Garth Richardson semble avoir été le bon choix car l’album montre une belle homogénéité tout en gardant la signature sonore de Devin Townsend. De quelle manière a-t-il pu se montrer le plus efficace dans ce que tu attendais de lui ?
Je pense qu’une des raisons pour lesquelles le fait de prendre un producteur était la bonne chose à faire, c’est que j’ai passé beaucoup d’années à produire ma propre musique. Et même si j’ai adoré le faire et que je continuerai après ces deux années très compliquées en tant qu’être humain face aux difficultés qu’on a traversées, au décès de nos proches, je n’arrivais plus à avoir les idées claires. Quand je me regardais dans le miroir ou que j’écoutais ce que je composais, j’étais trop éparpillé et je n’arrivais plus à déterminer quelles chansons me représentaient concrètement.
Et donc avoir un producteur qui me connaît et qui sait me dire : « Selon moi, voilà où tu te trouves musicalement », « Selon moi, tu es plus calme que tu ne le penses », « Selon moi, tout ce que j’entends dans tes démos ne transmet pas d’agressivité », couplé à la perspective de ce qu'il apporte, c'était très important pour moi. La deuxième chose, c’est qu’il m’a beaucoup aidé avec les arrangements. Et vu qu’on a coproduit l’album, j’ai pu prendre le temps de le travailler chez moi, de m’investir à fond et de tomber amoureux de ce projet. Et ça a été un bon pas en avant de procéder comme ça car cela faisait longtemps que je voulais essayer de travailler directement avec un producteur et c’était super constructif d’avoir quelqu’un qui avait un regard objectif. Qui pouvait me dire : « Voilà qui tu es en ce moment » et j’étais du genre : « Bon sang, tu as raison, je n’avais pas réalisé ! ». La plupart du temps, je suis assez objectif envers moi-même mais à la fin de la pandémie, des concerts en streaming et de la réalisation de « The Puzzle », franchement, j’étais un peu perdu.
Qui ne l’aurait pas été !
Exactement, qui n’était pas perdu à cette période-là ? C’est pourquoi j’ai trouvé si étrange de voir des artistes qui montraient qu’ils n’étaient pas perdus ou qui prétendaient ne pas l’être. Et dans les deux cas de figure, ce n’est pas ce que je ressentais. Je ne comprenais pas que certains d’entre eux aient cette rage du genre : « Allez tous vous faire foutre » après tout ce qu’on venait de traverser. Et pareil pour ceux qui racontaient que ça ne leur avait rien fait, qu’ils n’étaient pas du tout affectés par cette situation mondiale. Personnellement, j'ai eu besoin d’un moment pour me recalibrer et une fois encore, l’image du phare dans la nuit pour « Lightwork » représente très bien le propos. Durant cette tempête je cherchais à voir ce qui se trouvait de l’autre côté de l’horizon et j’ai hâte de voir ce qui viendra par la suite car à ce jour, je ne le sais pas encore. Mais je pense que ce sera très beau. « Lightwork » étant au carrefour de mes univers musicaux, il m’a permis de prendre une grande inspiration, une bouffée d’oxygène.
"Call Of The Void" est ton appel à prendre du recul sur les événements et à garder l’esprit clair, à ne pas céder à la panique. Cette chanson est en réponse directe face à la pandémie et aux réactions des gens que tu as pu observer ?
Comme je te le disais, inconsciemment, chaque chanson que je compose est reliée à un événement, mais j’admets que je ne sais pas toujours ce que j’écris sur le moment. Enfin, non, ce n’est pas que je ne sais pas mais j’écris plus par instinct que par un effort intellectuel. Donc, quand j’écris quelque chose ou que je chante des trucs qui me passent par la tête et que ça me fait me sentir bien, c’est que je suis dans la bonne direction. Mais parfois, j’écris un mot ou une phrase qui, sur le papier, quand je relis, n’a pas vraiment de sens, même pour moi (rires). Ça peut être super abstrait ou ça na rien avoir avec le sujet de base, mais ça me fait réagir d’une certaine manière et c’est toujours en lien d’une façon ou d’une autre avec la vision globale que j’ai. Quand je travaille sur des paroles ou des idées, je sais très bien analyser les choses et trouver les réponses une fois que j’ai terminé, mais sur le moment, je fais tout à l’instinct et je sais que c’est du bon travail quand ça arrête de m’agacer (rires). Je peux très bien avoir une phrase sur laquelle je vais buter et tous ces petits détails de merde que j’ai en tête peuvent avoir leur solution d’un moment à l’autre. Et je suis du genre : « Ça y est ! » et les autres me demandent : « Quoi ? » et je leur réponds : « Je n’en sais rien mais je sais dans quelle direction aller », c’est une sensation qui surgit et à ce moment-là, je sais que c’est la bonne voie à suivre.
"Le plus important à mes yeux dans cet univers de l’industrie musicale, c’est lorsque tu rencontres des gens avec qui tu travailles et avec lesquels tu te sens bien, ces choses sont rares."
Parle-nous des musiciens qui ont contribué à cet album. Côté voix, on aura reconnu la participation d’Anneke van Giersbergen, Ché Aimee Dorval et on entend même des enfants sur "Heavy Burden".
Oui, on retrouve Anneke, Ché Aimee, de l'Elektra Women's Choir, à la batterie on a Morgan Ågren et Darby Todd, sur quelques chansons il y a Nathan Navarro à la basse, j’ai fait toutes les guitares et voix et les autres parties de basse. En revanche, pour la batterie, je préférais avoir de vrais bons batteurs car mon niveau n’est vraiment pas terrible et même si je sais ce que je veux entendre, mon corps ne fait pas ce que je lui demande (rires). En ce qui concerne l’enfant qu’on entend dans la chanson, c’est une histoire intéressante. Une grande partie des effets de guitares que j’utilise viennent du système Fractal Axe et ma relation avec les gens qui travaillent pour cette marque est devenue amicale, peut-être parce qu’on a des intérêts en commun ou que nous pensons de la même manière.
Mais l’un d’entre eux, Matt Picone qui est chargé de clientèle et qui rédige les manuels de leurs produits, est devenu un très bon ami. Matt a deux filles de 13 et 14 ans, elles sont juste un peu plus jeunes que mon fils. Un jour, Matt me dit que sa fille Echo, la plus jeune, chante très bien et que si j’ai besoin d’une voix d’enfant pour une chanson, elle serait ravie de participer. Je lui ai donc demandé de faire quelques voix la première fois pour « The Puzzle » où on peut l’entendre dans "Kittenhead" et elle a fait un travail incroyable. Alors je lui ai envoyé certaines pistes de chansons et même si ce n’est qu’une enfant, j’ai procédé de la même manière qu’avec Anneke ou Ché ou n’importe quel musicien. Elle utilise Cubase pour s’enregistrer, son père lui donne un coup de main et elle me renvoie les pistes avec sa voix dessus. Elle a chanté sur "Lightworker", "Heavy Burden" et on l’entend à la fin de "Children Of God". Elle est incroyable, elle s’appelle Echo Picone et elle a un réel talent. Je ne serais pas étonné qu’on entende parler d’elle dans quelques temps.
J’ai discuté avec Steve Vai il y a quelques mois pour la sortie de son album « Inviolate » et nous avons parlé un peu de toi et de votre longue amitié. Ce n’est donc pas une surprise qu’il vienne jouer les invités sur « Lightwork » et c’est toujours un plaisir de voir les artistes s’entraider dans un esprit de franche camaraderie...
Oui, il est venu faire quelques prises sur certaines chansons comme "Dimensions" sur lequel on retrouve également Mike Keneally. Le plus important à mes yeux dans cet univers de l’industrie musicale, c’est lorsque tu rencontres des gens avec qui tu travailles et avec lesquels tu te sens bien, ces choses sont rares. On travaille avec une grande quantité de personnes tout au long de notre carrière et même si la plupart sont très talentueux et gentils, ils ne deviendront pas forcément des amis car l’alchimie n’a pas vraiment eu lieu, mais ce n’est pas grave. Alors quand tu trouves quelqu’un avec qui tu te sens libre de communiquer naturellement et qu’il y a un réel lien qui se forme, c’est très important pour moi de maintenir ces relations. Et certaines de ces relations qui importent sont celles où tu as aussi des hauts et des bas mais ce sont des personnes avec lesquelles tu peux discuter ouvertement et tu peux te confronter car c’est ce qui forge une amitié honnête.
Avec Steve Vai, on se connaît depuis plus de trente ans, avec des hauts très hauts et des bas très bas, mais je tiens beaucoup à lui car c’est un ami génial, une personne de grande qualité, on pense de la même manière et rares sont ceux dans ma vie dont je peux dire la même chose. Morgan Ågren est également quelqu'un qui me ressemble et lui aussi m’est très cher, non seulement parce que c’est mon batteur préféré mais on a de gros points en commun psychologiquement parlant. Ces deux personnes sont celles avec lesquelles je fais en sorte de garder toujours le contact, de maintenir une relation solide et de les inclure dans mes projets. C’est pareil avec Ché Aimée et Anneke, j’ai envie qu'elles soient dans mes projets car évidemment, elles sont douées dans ce qu’elles font mais aussi parce que je tiens à elles. Et c’est dans ce sens que j’ai conçu « The Puzzle » car une bonne partie des personnes qui y ont collaboré n’étaient pas des musiciens mais des amis. Et donc pour Steve Vai, il est venu poser quelques riffs par-ci, par-là mais rien de majeur, c’était surtout pour que mon ami participe à mon nouveau projet du moment.
Tu as eu 50 ans en mai dernier. Que de chemin parcouru depuis tes débuts dans NOISESCAPE jusqu’à nos jours ! Quel regard portes-tu sur tout ce que tu as réalisé ? S’il fallait que tu retiennes trois éléments majeurs de ta carrière, lesquels seraient-ils ?
En termes d’accomplissement, la chose dont je suis le plus fier serait que j’ai réussi à faire ce que je voulais sans avoir à me justifier ou devoir donner des réponses aux gens. Je n’ai pas d’engagement à tenir, je n’ai pas à négocier la façon dont sonnent mes chansons ou à expliquer et argumenter leur structure ou que leur son ne va pas être adapté pour passer à la radio. C’est une réelle liberté, ça me permet d’évoluer, de m’accomplir en tant qu’être humain. Le fait d’avoir pu rester authentique dans mon travail est sûrement ma plus grande réussite. Je suis également très fier et heureux d’avoir des personnes qui m’accompagnent depuis de nombres années, des amitiés de plus de quarante ans, je suis marié depuis plus de trente ans, j’ai des personnes dans ma vie qui me disent quand je suis un connard et ça a été très important durant certains moments de ma vie.
Et la troisième chose, de pouvoir encore faire mon métier, c’est tout ce que je désire. J’adore mon travail mais aujourd’hui, à 50 ans, je réalise aussi que ce n’est qu’une partie de ma vie. Quand je composais cet album, que j’écoutais les titres et que je réalisais que c'était plus calme et moins fort, j’ai adoré le fait que c’était vrai. J’aurais toujours des gens qui viendront me parler du passé et qui me parleront d’albums que j’ai faits il y a plus de la moitié de ma vie, comme avec STRAPPING YOUNG LAD, et qui me diront que j'ai changé. Et ma réponse est qu’on est censé changer justement, c’est la chose essentielle, on évolue. Quand ces personnes ont ce genre de critique, je pense que ça en dit long sur qui ils sont, eux-mêmes. Je respecte mon passé, j’ai aimé ce que j’ai fait avec STRAPPING YOUNG LAD ou « Ziltoid » car à cette époque-là, c’est exactement ce dont j'avais besoin, tout comme « Lightwork » représente ce que je devais faire et qui je suis aujourd’hui. L’année dernière, c’était « The Puzzle » et demain, qui sait ce que ce sera ? En tout cas, il est essentiel pour moi de suivre mon instinct •