29 octobre 2022, 13:16

ELECTRIC CALLBOY

"Tekkno"

Album : Tekkno

Ils sont allemands et depuis quelques années ils bousculent l’establishment musical. Pas seulement electro, pas complétement metalleux, mais complètement barrés. On les connaissait sous l’appellation ESKIMO CALLBOY, mais des affreuses créatures de la police des mœurs 2.0, les "e-woks", les ont obligés à changer leur nom en ELECTRIC CALLBOY. Un comble que d’invoquer la bonne pensance pour un groupe en tout point "azimuté". Voici donc la nouvelle production « Tekkno ». Voyons si elle a sa place ou non parmi les rockers chevelus.

"Pump It Up" est une invitation sur le dancefloor en mode Véronique et Davina ? Oui. Comme c’est louche, mais la sauce prend avec ce lourd riff de guitare et des growls metalcore en refrain. Entraînant et lourd, tu as trop envie de groover en secouant la nuque. "We Got The Moves" est peut-être quant à lui trop techno ? Grave, ELECTRIC CALLBOY est allé déterrer MODERN TALKING. Pourtant il y a un côté jouissif dans ce plaisir coupable. Ça me rappelle comment CROSSFAITH a su me conquérir il y a une dizaine d’années. Pas le temps de philosopher alors qu’arrive "Fuckboi", régressif et entraînant à souhait. Mixage improbable d’une voix féminine pop, d’un chant rageur, d’une rythmique syncopée et de guitares saturées. On enfile la combinaison en aluminium et les moon-boots pour surfer sur "Spaceman". House-music des 90's et hurlements metalcore, nous ne sommes plus à une improbabilité près ! Si tu aimes bouger, tu es au bon endroit !

Titres cours et énergiques qui s’enchaînent, nappes de brumes électroniques et riffs brutaux, on poursuit avec "Mindreader" et "Arrow Of Love", toujours avec une joie certaine. Ça martèle, les styles s’entremêlent et force est de constater qu’au final c’est un excellent rendu metal bien énervé. La techno qui "Parasite" notre rock bien aimé, accouchant d’un OVNI musical ? Tout à fait. J’imagine sans peine le rendu assez fou de cette musique en live. Tout comme je visualise la tête de citron effrayé de certains puristes si ELECTRIC CALLBOY débarquait enflammer une mainstage du Hellfest !

Embarqués dans le "Tekkno Train" la farandole electrocore semble ne pas avoir de fin. Une vraie "rêve" party, des cheveux chelous au pays des chevelus. Ça fracasse son riff sur les beats 80's. MODERN TALKING rencontre cette fois le death hurlant. Réellement original. Puis c’est une chenille synthé-pop qui lâche son "Hurrikan", avec un growl rempli de grumeaux. Ames sérieuses s’abstenir. Dernière envolée intemporelle sur "Neon", là vous pouvez chanter « You're My Heart, You're My Soul » avant d’aller chez le coiffeur pour une coupe mulet de rigueur.

Voilà, ELECTRIC CALLBOY et son "Tekkno". Et j’ai apprécié son electronicore. Amis metalleux, avant d’éditer une fatwa contre moi, avant de me dénoncer aux amis des eskimos bien-pensants, essayez l’écoute de ce disque original, musicalement insolent, mais incroyablement jouissif. Et avec tout de même un profond son... metal.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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