15 novembre 2022, 17:54

NICKELBACK

"Get Rollin'"

Album : Get Rollin'

Si, vous aussi, vous n’arrivez pas à faire taire vos pensées qui tournent inlassablement, lorsque vos neurones font chaque nuit un interminable marathon dans votre crâne, vous réveillant encore plus fatigués que la veille au soir ; si vous avez envie de vous vider la tête, de vous mettre sur pause et de ne penser à rien, NICKELBACK possède l’inestimable capacité de vous débrancher la cervelle, pour, à sa place, laisser le pied taper en rythme, les doigts pianoter sur la table et la tête dodeliner comme un chien en plastique à l’arrière d’une Mustang. Et ce n’est absolument pas une critique ! Car, oui, c’est un talent de pouvoir pondre des tubes à la pelle, que votre esprit retient bien malgré vous, des chansons dont les thèmes principaux tournent inévitablement autour du sexe, de la picole et du rock'n'roll. Dans l’ordre ou dans le désordre. Avec la voix rocailleuse de Chad Kroeger, les guitares mélodiques et les riffs efficaces de Ryan Peak et Chad, ainsi que la rythmique en béton de Mike Kroeger (basse) et Daniel Adair (batterie), on est assurés de passer un moment agréable. Et il est à noter que le line-up n’a pas changé depuis 2005, ce qui assure au groupe un son identifiable dès les premiers accords.

Pas de spoiler possible : on connait le menu, de l’entrée au dessert. On sait à quoi s’attendre, sans surprise, ou seulement à dose homéopathique. Ce « Get Rollin' », dixième album des Canadiens, ne déroge donc pas à la règle. Et ça fait du bien, de temps en temps, de ne pas avoir à analyser, décortiquer, étudier en détails les compositions d’un groupe. Il n’y a, chez NICKELBACK, rien à analyser, la dimension psychologique étant étrangement absente des chansons du groupe. C’est juste du bon gros rock alternatif "in your face" adapté au marché américain ("Saint Quentin", "Skinny Little Missy"), avec sa dose de propos graveleux ("Vegas Bomb"), ses morceaux punchy ("High Time" avec ses relents country fort bienvenus, "Standing In The Dark", "Just One More", "Those Days"), et son quota – plus que largement dépassé sur cet album – de ballades dégoulinantes de bonnes intentions, calibrées pour les radios, et qui pourraient presque nous faire croire que l’amour existe ("Tidal Wave", "Does Heaven Even Know You’re Missing ?", "Steel Still Rusts", "Horizon"). Presque. Parce qu’il ne faut tout de même pas abuser : NICKELBACK est un pur produit de la consommation de masse nord-américaine, au même titre que les Mac Do’, Pepsi, Coca et consorts, qui voudraient nous faire croire que la vie est une aventure multicolore, et que nous sommes tous des Maverick et des Charlie dans Top Gun. Même si l’on sait pertinemment que c’est un effet placebo, on se laisse facilement contaminer par ces fausses images de bonheur en paillettes. Et notre cerveau nous remercie de lui offrir un peu de répit.

« Get Rollin' », à ce titre, est un album divertissant, au sens noble du terme, même s’il est moins inspiré que le précédent, « Feed The Machine » (chronique à lire en cliquant sur ce lien). Si "Those Days" nous fait immanquablement penser à "Photograph", issu de « All The Right Reasons » (2005), avec sa nostalgie hypocrite en mode "c’était mieux avant", d’autres morceaux tels que "Saint Quentin", "High Time" et son rock sudiste, ainsi que "Vegas Bomb" sont bien plus réjouissants. L’overdose de ballades nous fait malheureusement frôler l’indigestion, comme lorsque belle-maman vous exhorte, au repas dominical, à reprendre une louche de son éternelle mousse au chocolat, qui n’a de mousse que le nom, tant elle se rapproche d’un plâtre gastro-intestinal qui vous leste le ventre d’un quintal supplémentaire à chaque cuillérée. Mais, vous le savez bien, on ne peut se permettre de refuser la gâterie de belle-maman, vu qu’elle a promis de garder les mioches le week-end prochain. Au rayon sucreries, entre "Tidal Wave" et "Horizon", on trouve donc le temps bien long - "Tidal Wave" étant, selon nous, la plus digeste des quatre, avec son refrain mémorisable : « Loving you is just like surfing on a tidal wave » (« T'aimer, c'est comme surfer sur un raz-de-marée ») – et quand démarrent les premières notes de "Standing In The Dark", puis "Just One More" qui clôt l’album, on prend plaisir à se laisser porter par le rythme irrésistible du quatuor.

Car il faut bien reconnaitre que NICKELBACK s’y entend merveilleusement bien pour nous faire tortiller du cul, et nous donner envie de rêver d’une vie artificielle, au Royaume des muscles en mousse polyuréthane, des faux cils en plastique et des seins en silicone. Avec une production gonflée à la testostérone et aux stéroïdes, « Get Rollin' » est la parfaite bande son pour oublier les tracas, et calmer ses insupportables neurones surexcités qui vous pourrissent la vie.  Et si toutefois vous n’assumez pas ce plaisir coupable, vous pouvez toujours, comme Chad Kroeger dans "Saint Quentin" affirmer que c’est votre cerveau rebelle qui a pris le contrôle : « I’m gonna... testify that I was right out of my mind » (« Je vais... témoigner que j’avais perdu la tête »).
Allez, avouez : vous en reprendrez bien encore une petite louche ?

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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