15 juin 2023, 23:59

VOIVOD + S.U.P.

@ Wasquehal (The Black Lab)

Alors qu’à Clisson, les portes de l’enfer se sont ouvertes en ce 15 juin pour accueillir l’un des nombreux pèlerinages annuels, The Black Lab et Garmonbozia ont programmé une affiche hautement symbolique puisqu’elle réunit le temps d’une soirée VOIVOD et S.U.P.

Il est 20h lorsque les Nordistes font leur apparition sur scène et que retentit l’inquiétante introduction de "Imago" avant que "Chronophobia" ne vienne glacer l’ambiance avec son tempo lent et pesant. Une telle entrée en matière est délicate car elle n’autorise aucune fausse note aussi bien visuelle que sonore. Malheureusement, la lumière du jour, que la salle ne peut couvrir, vient perturber le light-show et quelques problèmes techniques ne passent pas inaperçus. Heureusement, cela ne va pas durer et "Pseudomic Phantasm" vient lancer la prestation et rappeler que ce concert est aussi une sorte de release-party pour « Octa », l’exceptionnel huitième album que vient de sortir le groupe.
Avec "Far Horizons", S.U.P. affirme son hégémonie sur cette première partie de soirée avant que l’electro "Labimente" invite le public à une étrange prière de l’angélus qui, dans la chambre numéro 7, donne l’illusion d’une "Deliverance" avant que le plaisir procuré par l’enchaînement de "Pain Injection" et "Excision" ne puisse être ressenti comme une anomalie provoquée par une dissymétrie entre la réalité et l’univers musical torturé de S.U.P. Second extrait du nouvel album, les flots de "Atramentous Sea" font voguer vers un étrange édifice cubique nommé "Cathedra" pour un office inoubliable permettant à chaque spectateur d’élever ("The Elevation") son âme ("Soul’s Speculum") afin de se souvenir du sombre voyage de celle du conducteur de la voiture immatriculée "1308JP08". Une prestation qui, bien qu’elle ne soit pas la plus mémorable, a permis au public de la région de retrouver avec délectation un de ses groupes fétiches.

A l’avant-veille de leur prestation au Hellfest, c’est donc à Wasquehal que la tournée "40 Years Of Morgoth Tales" des cousins du Québec fait escale pour nous conter leur histoire commencée à Jonquières en 1981. Quand les lumières de la salle s’éteignent, c’est pour laisser apparaître la scène plongée dans une ambiance bleutée alors que retentit une intro martiale. C’est avec ferveur que le public accueille les quatre conteurs d’outre-Atlantique qui commencent leur set par la chanson-titre de leur album de 1987, "Killing Technology", et il ne fait aucun doute qu’à l’issue de cette interprétation cybernétique, le groupe et le public sont bel et bien connectés. Le temps de demander aux fans comment ils vont, on enchaîne immédiatement sur "Obsolete Beings" qui ouvre « The Wake » (2018), dernier album d’une époque d'insouciance pour une espèce qui devra prouver sa capacité d’adaptation et démontrer qu’elle n’est pas devenue obsolète.

Avant d’entamer la chanson-titre du dernier album en date, « Synchro Anarchy » (2022), Snake s’adresse au public pour rappeler qu’ils viennent du Québec et sont heureux de rendre visite à leurs cousins. Quand il annonce que cette tournée est assez spéciale puisqu’ils fêtent les 40 ans de carrière du groupe, le public entame un chaleureux "Joyeux anniversaire" qui, manifestement, leur va droit au cœur.
"Macrosolutions to Megaproblems", extrait de l’excellent « Dimension Hatross », est l’occasion de faire un bond dans le temps et nous ramener en 1988. Avant d’enchaîner, Snake s’adresse une nouvelle fois au public avec humour. Il en profite pour rappeler que c’est l’époque où VOIVOD évoluait en trio après son départ. Extrait de « Phobos », c’est de manière chaleureuse que "Rise" est accueillie. "Rebel Robot" est l’occasion de se souvenir de la période où Jason Newsted avait rejoint les Canadiens le temps d’un album : « Voivod » (2003) et le dernier avec Piggy, dont le nom est chaleureusement scandé par les personnes qui ont fait le déplacement pour assister à cette exceptionnelle affiche tenant toutes ses promesses.


Une fois de plus, Snake propose de remonter dans le temps jusqu'en 1986. Sans manquer d’humour, il pointe du doigt une personne dans le public en lui disant qu’elle n’était probablement pas née. En effet, il y a de quoi prendre un coup de vieux et pousser un « Rrröööaaarrr » (1986) et se lancer dans une "Thrashing Rage" pour prouver que l’énergie de la jeunesse est toujours bien présente malgré les décennies écoulées. Presque joués simultanément, "Holographic Thinking" et "Sleeves Off" sont l’occasion de mettre en exergue « Synchro Anarchy » au milieu de cette rétrospective des contes de Morgoth. Venant se glisser entre ces deux titres, tel un mystérieux objet volant non identifié, "Nuage Fractal" est extrait de « Angel Rat » (1991). C’est à l’unanimité que le public en redemande lorsque le chanteur lui pose la question... C’est ainsi que l’on poursuit ce voyage avec le progressif-rock "Pre-ignition" tiré de « Nothingface » (1989), avant de terminer le set avec "Fix My Heart", issu de « The Outer Limits » (1993), dernier album qui clôt la première période de VOIVOD avec Snake.

Si le groupe quitte la scène, le public en veut encore et le fait savoir. Les musiciens ne tardent pas à refaire leur apparition pour terminer le set en jouant en rappel l'incontournable "Voivod" qui démarre le premier album « War and Pain », paru en 1984. Les musiciens passent encore beaucoup de temps sur scène à saluer un public conquis par une prestation qui montre qu’en 40 ans, VOIVOD a certes mûri, mais n’a pas pris une ride. Quand Snake annonce qu’ils reviendront nous voir rapidement, on se prête à rêver avec délectation que The Black Lab pourrait devenir une étape incontournable de leurs futures tournées européennes.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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