La superbe équipe de rêve, experte et démonstrative TEMIC nous assène d'un metal progressif moderne, polyrythmique éthéré à la vue sidérée d'une scène en pleine révolution tourmentée si positivement par le succès exponentiel de formations comme LEPROUS, POLYPHIA, TESSERACT et VOYAGER dernièrement. L'internationale division de parties complexes en parallèle de compositions non perplexes, rend accessible succinctement l'auditeur dans une dimension sonore littéralement habitée de l'intérieur. Destination imaginaire d'un paysage arbitraire où les règles techniques restent naturellement érigées en barrière d'une médiocrité jamais faussement atteinte d'ailleurs.
Les icônes du genre sacralisé DREAM THEATER et Devin Townsend veillant toujours avec autant d'élégance guitaristique nerveuse et de prestance élitiste vertueuse sur leur trône, c'est indiscutablement la surprise de taille sculptée sur mesure que l'on n'attendait sûrement pas de sitôt. En effet, imaginez simplement la joie incommensurable de retrouver, unie pour un résultat optimal une myriade de musiciens issus du groupe de Townsend, SHINING (la formation Norvégienne), MARATON, NEAL MORSE BAND et le SHATTERED FORTRESS de Mike Portnoy. Un pedigree alléchant, vivifiant et équilibrant qualité et quantité à la quasi perfection s'opère vigoureusement tout au long de ce magistral « Terror Management Theory ». D'un côté, nous avons l'assurance d'une musique fédératrice, non spoliée et novatrice, et de l'autre, une possibilité infinie d'atmosphères assemblées avec justesse, pragmatisme et adresse de premier choix.
Diamétralement superposés en une architecture du sens aiguisé et de raison enchevêtrée, les titres "Count Your Losses", "Falling Away" et "Mothala" sortent admirablement du lot. Fortement expansifs de par leur structure alambiquée et millimétrée, ils dispensent une brève pensée analytique certes labyrinthique mais expressément épique tant sur le fond que la forme de leur œuvre disséquée. D'une géométrie variable à mesure de la vélocité d'ensemble expulsée, la thématique universelle mentionnée loin d'un hypothétique concept complotiste, se veut rassurante par son aspect non conformiste et dénué de rigorisme propre généralement au rock progressif (CAMEL, IQ, CARAVAN...). On défend ici un metal progressif culturel et consensuel de gentlemen, béni du sceau littéral de l'instruction sémantique et stylistique. On se réjouirait presque en complément de (re)découvrir forcément le second album « Unseen Color » (2022) du chanteur de MARATON qui n'est autre que celui de TEMIC, c'est dire la double dose de bonheur savoureux en perspective abordée intentionnellement.
TEMIC signe en lettres majuscules un chatoyant manifeste emphatique et rhétorique parfaitement orchestré, d'une limpidité instrumentale cristalline à souhait à l'image du meilleur instantané perceptif de THRESHOLD, HAKEN et ANDROMEDA, prouvant ainsi que les limites de l'un n'effleurent que les frontières de l'autre. Ce vice-versa philosophiquement plus cérébral qu'astral n'en demeure point ventilé par l'absence de lassitude platonique repérée après plusieurs écoutes opérées secrètement. Grand bien nous fasse en définitive en affirmant exhaustivement que le talent n'est ni une théorie de la terreur intellectuelle ni une flagornerie de la torpeur conceptuelle. L'humanisme musical existe favorablement belle et bien chez ce groupe en devenir, immaculé profondément en leur sérénité ancrée et tatouée à l'encre de félicité.