21 octobre 2012, 10:02

50 ans des STONES !

 

 

"But what can a poor boy do/ Except to sing for a rock'n'roll band", chantait Mick Jagger en 1968 dans "Street Fighting Man". Depuis, ce temps est bel et bien révolu, pour les ROLLING STONES comme pour les autres. Un temps où ils incarnaient l’essence même du rock'n'roll, un groupe de mecs incontrôlables, riches, désœuvrés et prêts à tout. Un concept de vie "Out Of Control" qui a foutu les jetons à la très conservatrice société britannique des 60’s. Un temps, où Mick payait les avocats pour toutes les vieilles gloires flouées du Blues, les Muddy Waters et autre John Lee Hooker, afin qu’on leur verse enfin leur royalties. Jusqu’à la fin de sa vie, Hooker racontera cette histoire avec des trémolos dans la voix : "Cette Cad, mec, c’est à Mick et aux Stones que je la dois". Quelle plus belle reconnaissance pour ce pilier de la musique populaire du vingtième siècle que cette Cadillac verte métallisée.

 

 

 

 

 

Pour ce qui est de la reconnaissance, Mick et sa bande, eux, vont passer à la vitesse supérieure.
Car ce temps-là est terminé. Et les idéaux ivres de liberté des années soixante consomment depuis vingt ans les pissenlits par la racine.
Désormais, les ROLLING STONES, ces héros insolents et frondeurs, n’ont plus de Va-Nu-Pieds que leur nom. Un nom de moins en moins approprié, nous allons le voir. Hé oui, tout le monde ne peut pas être Neil Young. Riche peut-être mais fidèle à lui-même, fidèle à une certaine vision de la société, dut-elle être utopique et passée de mode.
A ce stade et afin d’éviter tout malentendu ultérieur, je tiens à préciser que je suis un fan absolu des ROLLING STONES, au moins jusqu’en 78 et particulièrement de la période avec Mick Taylor, guitariste qui sut propulser les Pierres dans une autre dimension, n’en déplaisent aux intégristes de l’iconique Brian Jones.
 
Cette année, donc, le légendaire groupe fête ses cinquante bougies. Et pour ce faire, quoi de mieux que de remplir un petit O2 Arena, sorte de paquebot de béton londonien, froid et impersonnel où peuvent s’entasser des hordes de fans par milliers. Des fans par milliers, oui mais pas n’importe lesquels. Seulement les plus riches d’entre eux. En effet, les prix pratiqués sont juste DÉMENTS et dépassent l’entendement. Cela démarre à 444,92 €, au fond, en haut de gradins, là où le groupe sur scène ressemble grosso-modo à une grosse fourmi hystériques. Pour 672,55 €, vous aurez (peut-être ?) la chance de les voir de la taille d’un Play Mobil. Mais si vous disposez d’un capital 1727,71 € pièce alors, vous pourrez les voir convenablement, aux premiers rangs et de face.
Si vous voulez le détails, voici un lien très éclairant, car les prix sont presque à la carte pour autant que vous disposiez d’une Gold ou d’une Premium justement :
 
 
Les papys du rock voulaient marquer les esprits. Eh bien, voilà c’est fait. Et de rock justement, qu’en reste-t-il ? Rien. nada ! Ces prix, c’est la trahison ultime de ce qu’ils sont justement censés incarner. En réservant leurs places aux plus aisées, les STONES crachent à la gueule de leur public. Quel autre sens donner à cette volonté affichée de privilégier délibérément les nantis en pleine période de crise ? Si ce n’est : tas de cons, casquez pour nous voir bousiller nos standards. Car ce n’est un secret pour personne, les STONES live jouent souvent mal, trop vite, trop fort. Mick braille comme un Johnny sur ressort, Keith et Charlie font le job et l’inénarrable Ronnie joue… n’importe quoi, de préférence à côté de la plaque. Ce n’est pas nouveau, il est d’ailleurs un des précurseurs de ce style, qu’il pratiquait déjà dans les FACES. Mais passons et revenons à nos moutons.
 
Dans une période, où le monde mord la poussière, où les populations peinent à n’avoir rien que l’essentiel, est-il concevable de mettre des places à un tel prix ?
Le rock ne devrait-il pas plutôt incarner la rage, la colère de ces gens dont on brade les existences pour rembourser les dettes qu’une poignée de banquiers ont cyniquement contractés ? Mais rien de tout cela. Le rock aussi est en mode libéral. Et Les ROLLING STONES sont devenus les chantres artistiques de ce système qui est en train de mettre l’Europe à genoux. Plus des artistes, des produits. Comme Rihanna, Lady Machin, et consort…
Ces prix, c’est le retour de l’ancien régime. La sélection non plus par le sang, mais par le fric. Eh mec, tu peux écouter les STONES acheter leur disques, mais pas les voir live. Question de caste. Le danger incandescent porté par les STONES quand les 60’s et les 70’s sont passées à la lessiveuse du pognon à tout crin des années 80. Maintenant et depuis, le groupe n’est qu’une pompe à fric. Entendons-nous, le rock l’a toujours plus ou moins été. Remember LED ZEP et tant d’autres. Mais au moins nous en donnaient-ils pour notre argent. Et ils nous épargnaient la morgue, le dédain et le mépris de celui qui n’est plus Mick Jagger mais Sir Mick. Car oui, désormais, Mick appartient à cet establishment qu’il vomissait en 68. Lui, l’électron libre a cédé à son tour aux sirènes de la reconnaissance et de l’honorabilité.
Et que l’on ne me brandisse pas Keith, l’éternel rebelle !! Dorénavant, ce n’est plus qu’un rebelle de salon, oui ! S’est-il inscrit en faux ? A-t-il refusé de jouer pour ces sommes indécentes ? NENNI !!! Non, non, il va prendre bien sagement son chèque, le rebelle. Un bon gars, ce Keith, on vous dit !
Alors, peut-être ont-ils voulu se venger de n’avoir jamais réussi à intégrer le clan des très gros vendeurs de disques (songez que BON JOVI a vendu deux fois plus de disque qu’eux !!!) ou peut-être ont-ils songé assuré leur retraite. C’est vrai que les maisons médicalisées ce n’est pas donné. Mais dans ce cas-là, fallait faire un téléthon les gars. Sauvons les STONES !!!
 
Quoiqu’il en soit, à ces prix-là, le compte ne peut pas y être. Même feu Michael Jackson pourtant aux abois n’avaient osé aller aussi loin. Songez qu’au premier rang, c’est plus de deux fois le SMIC français. Car pour ce qui est de l’Angleterre, c’est bien plus… Aucun concert, je dis bien AUCUN concert ne vaut ce prix-là. Même si les BEATLES se reformaient avec, Lennon, Harrison et en prime Hendrix revenu d’entre les morts à la guitare.
Ce prix en dit long sur le cynisme des STONES et, in fine, de certaines sphères de notre époque.
Ce prix est juste indécent, IGNOBLE.
Et qu’il émane d’un groupe que je vénère me colle les boules que vous n’imaginez même pas.
Rock is dead ? Surement pas.
Mais il est clair que son esprit, lui, a du plomb dans l’aile.
(Laurent Ducastel)
 
Ah ! J’oubliais ! Pour 14738 €, on peut aussi se procurer le Pass VIP. Si ça tente quelqu’un…
 
Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
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