
A l’occasion du premier anniversaire de leur dernier album « Fauna », les Londoniens HAKEN ont sérieusement attaqué leur tournée dédiée, ''An Evening with Haken'', qui permet aux fans de découvrir ledit album en live dans son intégralité. Plutôt cool !! C’est donc le 23 septembre dernier, à l’Alhambra, que Ross Jennings et sa bande ont choisi de délivrer ce sirop de rock/metal progressif à leurs fans français. Après avoir écouté l’album (à la très chouette pochette ''animale'' pleine de détails en relation avec les chansons, appréciable au format vinyle) un bon nombre de fois, j’étais assez enthousiaste à l’idée de le redécouvrir sur scène.
L’Alhambra, salle de taille moyenne, au style music-hall se remplit lentement (et elle finira pleine comme un œuf !! Aucun doute, les fans attendaient le groupe de pied ferme !!), ce qui m’a laissé le temps de découvrir une scène simple avec en toile de fond un décor sur le thème tropical avec une playlist d’attente tirée du Livre de la Jungle, sur laquelle on chantonne sans s’en rendre compte...
Il en faut peuuuuuuuu pour être heureux… Ah vous aussi, maintenant ???
Un point m’a fait sourire en jetant un œil dans la salle : le public est assis, et très varié ! On trouve de tout aux concerts de HAKEN : du metalleux aux cheveux longs, du père de famille en costard en sortie de bureau, des gens chics, et quelques fans arborant fièrement les couleurs hakeniennes ! Le groupe entre en scène (et sans première partie, s’il vous plaît), sous les applaudissements nourris du public, et sans tarder les premières notes du morceau d’ouverture de l’album, ''Taurus'' se font entendre, après une courte introduction pour mettre dans l’ambiance. Explosions de lumières, et c’est parti !

Le son est très bon, même dans les premiers rangs. Et dès le départ, on sait qu’on va avoir droit à un concert d’une précision folle. C’est le style qui veut ça : la musique de HAKEN est celle des plus réfléchie, qui ne laisse pas de place à l’erreur, et tout le concert a été un sans-faute.
C’est au tour de ''Nightingale'', considéré par beaucoup comme étant LE morceau de l’album, et là encore, tout comme ''Taurus'', la perfection du jeu à de quoi laisser bouche-bée n’importe quel musicien amateur ou confirmé !! Les autres chansons s’enchaînent dans l’ordre de l’album, et votre humble serviteur a eu le plaisir de se prendre en pleine poire ses deux titres préférés : ''Lovebite'', selon moi le plus ''fédérateur'' en live, au refrain aérien, tel une percée du soleil dans un ciel nuageux (oui, je sais, je suis mièvre, là) et ''Elephant Never Forget'', au style qui peut faire penser à QUEEN teinté de MUSE saupoudré d’accents jazz (oui, ça fait beaucoup pour un morceau, faut s’accrocher), qui se prête particulièrement bien au cadre music-hall de la salle.

Il est temps d’entendre ''Eyes Of Ebony '' toujours servi à la perfection dans des jeux de lumière parfaits, suivi par ''Crystallised'', issu de l’EP « Restoration » sorti en 2014 (avec un certain Mike Portnoy à la batterie, COMME PAR HASARD !!!). C’est sur ces 19 minutes ininterrompues (oui oui) que se termine cette première partie de concert. Une seule chose à dire : chapeau bas au groupe pour ce tour de force, sans aucun faux pas ! C’est un vrai voyage au cœur de son univers que HAKEN vient de nous servir avec brio. La seule ombre au tableau : un manque cruel de communication entre le groupe et le public (à part le chanteur). Est-ce du au genre musical, demandant un grand niveau de concentration pour ne pas être dans les choux, ou l’attitude habituelle du groupe ? Il y avait de quoi rester un peu sur sa faim mais d’un autre côté, le public assis et très sage n’a pas eu l’air de s’en plaindre.
La première partie s’achève alors que le chanteur, tout sourire, annonce une pause de 30 minutes. Parce que oui, les Anglais ne faisant rien comme tout le monde, ce n’est pas un mais DEUX concerts en un, pour une durée totale de presque 3h30 !!
Il en faut peuuuuuuuuuuu, pour être heuHEOHCAVABIENOUI ??!!

Le groupe revient après cette pause que le public a passée dans la jungle musicale, entre Baloo et Phil Collins, tarzannerie oblige… ! Et ça commence très fort avec ''Puzzle Box'' tiré de l’album « Vector » (2018), on sent d’emblée le public plus réactif, on aperçoit enfin du headbang (et ça fait plaisir !) Juste après, un véritable instant de communion entre le groupe et le public, un de mes morceaux préférés tous albums confondus, ''Earthrise'' (« Affinity », 2016) commence et très vite Ross incite la foule en balançant les bras de droite à gauche sur le refrain, et ce qui est vraiment agréable dans le monde, pour ne pas dire la famille, de la Musique, c’est qu’il suffit d’un rien pour ne faire plus qu’un. C’était clairement le point d’orgue de ce concert, à en donner la chair de poule !! Dans la foulée de cet instant suspendu, comme pour prolonger l’instant, les premières notes de ''Cockroach King'' résonnent et emportent le public de plus belle, et est suivi d’un gros pavé prog à souhait, lourd et agressif : le déjanté ''Nil By Mouth'', headbang material par excellence… !

Les transports parisiens ne m’ayant permis de rester plus longtemps (ô joie de vivre en banlieue sur une ligne en travaux), j’ai quand même eu la joie d’entendre un autre excellent titre, ''1985'', aux notes rétro à souhait et là encore, le public a été plus réactif et prompt au headbang que lors de la première partie.
Le groupe conclura ce concert avec ''The Strain'', ''Canary Yellow'', ''Drowning The Flood'' et en rappel ''Visions''... Un passage sur les réseaux sociaux du groupe laissent à penser que le concert s’est très bien terminé et que le public a été conquis par nos proggeux.
HAKEN fait partie des groupes de metal progressif majeurs, et c’est un vrai privilège d’avoir pu les voir en live, bien qu’un peu déroutant : l’exécution a été parfaite, le son lui aussi était parfait, tout comme l’énergie du chanteur… Mais comme je le disais plus haut, la musique du groupe est une musique intelligente, presque intellectuelle, surtout sur « Fauna ». Le prog demande de multiples écoutes pour en saisir les subtilités, mais qui met tout le monde d'accord quand c’est HAKEN qui s’y colle. Un doute ? Jetez-vous donc sur « Fauna », vous m’en direz des nouvelles !!
Photos © Benjamin Delacoux - Portfolio
