10 juin 2025, 13:27

KATATONIA

"Nightmares As Extensions Of The Waking State"

Album : Nightmares As Extensions Of The Waking State

Plus de deux ans après « Sky Void Of Stars », les Suédois KATATONIA sont de retour avec « Nightmares As Extensions Of The Waking State », toujours chez Napalm Records. Si les dix titres de ce nouvel album sont effectivement dans la continuité de l’ambiance du précédent disque, il est à noter que le line-up est lui très remanié. En effet, Anders Nyström, cofondateur du projet avec Jonas Renkse, a quitté le navire, laissant son compatriote seul maître à bord du paquebot progressif, à flots depuis 1991. Autre débarqué, le guitariste Roger Öjersson en 2024, cède sa place à Nico Elgstrand (ENTOMBED puis ENTOMBED A.D.) suite à des problèmes de santé qui avaient déjà suscité ce mercato pour certaines dates du groupe. C’est Sebastian Svalland qui complète l’équipage, pour un duo de six-cordistes inédit. 

Côté ambiance, donc, KATATONIA confirme le virage metal progressif qui a pris le pas sur les influences doom passées, pour un son devenu aujourd’hui très reconnaissable. Pour preuve, le morceau d’ouverture "Thrice" allie à la fois une douceur poétique, un groove chaloupé et une mise en tension quasi cinématographique avec sa china obsédante et une voix incantatoire, alors que "The Liquid Eye" affiche une dimension grandiose appuyée par l’envol de la guitare sur le solo. C’est un solo poétique et suspendu qui sera à l’honneur sur la quasi ballade "Departure Trails", avec une belle réponse au piano. Pour autant, l’énergie n’est pas en reste, que ce soit sur "Lilac" où le chant se fait désabusé avant que l’instrumentale ne se muscle pour une fin en montée orchestrale, ou sur "Warden" qui met la basse à l’honneur avec un son quasi frisant et un groove appuyé, avant là aussi une bascule de fin de morceau intense. Du côté de la batterie, j’apprécie la finesse du jeu de Daniel Moilanen sur "The Light Which I Bleed" pour un des chapitres les plus sombres de cet album, aux faux airs de bande son d’un James Bond tragique.

De manière générale, cet album ne décevra pas les fans actuels de KATATONIA, tant il respecte la veine des dernières années, mais il y a quelques subtilités appréciables, comme le son massif de "Temporal" où la voix de Jonas Renkse montre l’étendue de sa puissance au service d’un titre percutant qui affiche un solo nerveux et rageur. "In The Event Of" fait appel à des nappes synthétiques qui reçoivent l’écho d’un solo électrisant comme un soir d’orage, avant que le tout ne bascule dans une spirale d’énergie captivante dont les blasts sauront nous cueillir en live. Je pense que le single "Wind Of No Change" fera office de messe sombre, avec son rythme plus lent et plus hypnotique, et son étonnant « Hail Satan »

Mon coup de cœur de l’album vient du titre "Efter Solen", tout en suédois, avec un extraordinaire travail sur l’harmonie des voix, posées dans l’écrin d’une instrumentale sobre ponctuée de touches électroniques.
Si les thématiques des textes restent du domaine de l’introspection, des sentiments et d’une certaine noirceur dont Renkse a toujours su faire la peinture, je note une touche légèrement plus optimiste globalement, comme si le navire KATATONIA naviguait maintenant sur des eaux moins troubles, à la lueur timide d’un phare dans le lointain. Peut-être poussé par le vent du non changement...

Blogger : Carole Cerdan
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