
« Deuxième service ! Deuxième service ! » A la suite d’une première édition l’an passé, le Heavy Week-End part two s’est déroulé les 6, 7 et 8 juin derniers, toujours à Nancy et sur le même site car le Zénith de la ville permet une double configuration. La première, d’intérieure, comme n’importe quel Zénith de France et l’autre, d’extérieure, en ouvrant les portes à l’arrière de la scène qui dévoilent un grand parvis – goudronné et anti-boue, le festivalier averti saura apprécier ! – et des gradins en amphithéâtre permettant d’accueillir en tout près de 16 000 personnes.

Ensuite, on ne compare pas car certains ont pris des raccourcis – ou chemins de traverse pour les fans d’Harry Potter – avec le Hellfest. Grossière erreur... Ce ne sont pas les mêmes durées, nombre de groupes à l’affiche et nombre de scènes (une seule le cas présent), pas les mêmes dispositions logistiques et, que ce soit tant en termes techniques qu’en ceux d’accueil du public, les deux n’ont strictement rien à voir. Si le terme festival s’applique pleinement au Hellfest, on ne peut en dire autant du Heavy Week-End qui s’apparente plutôt à plusieurs plateaux consécutifs comme on peut en avoir parfois au long de l’année et tournées de groupes. 4 groupes, 3 jours : une douzaine de. Cela s’avérant d’ailleurs de très bons points car personne n’a à courir de marathon, à choisir entre voir le début de l’un et pas la fin de l’autre ou inversement et on peut se poser/restaurer/abreuver/vidanger (rayez la ou les mentions inutiles) entre chaque prestation donc enchaîner trois journées de suite sans montrer quelque signe de fatigue. A moins de s’être arsouiller mais c’est là un autre débat...
Idem côté restauration, entre 17 et 23h, pas besoin de pléthore de choix, on n’y vient pas pour faire bombance donc un p’tit burger (mais oui mais oui, les végés aussi avaient le leur) ou un hot-dog et une crêpe/gaufre font bien l’affaire. Quelques bars bien situés et achalandés sur le site sans avoir à y faire la queue trois plombes et pof ! le tour est joué, le hardos a le bidon rempli, le gosier étanché mais... le portefeuille essoré, les prix étant un tantinet gonflés chère Vahiné. Le petit point de côté qui fait un peu mal maintenant car, comme disent les jeunes, « on va pas se mentir » (vous aussi, vous avez vos ados ?), on n’a pas donné cher de la peau du concept. Pourquoi ? Car l’an dernier, au vu du faible nombre de préventes malgré une belle affiche, la production avait décidé de brader les places pour attirer le chaland, ce qui avait eu pour effet de déchaîner la colère – justifiée – des fans ayant payé plein pot leur pass dès leur mise en vente. Quid de cette année ? Le public aurait-il pardonné, se serait-il fendu du prix demandé ? Cette fois, pas de 70 %-de-remise-tout-doit-disparaître-avant-liquidation. Quel impact cela a-t-il eu sur la fréquentation ? Et est-ce que le prix serait l’unique responsable en cas de faible affluence ? Réponse de normand dans la suite de ce reportage : pt’être ben qu’oui, pt’être ben qu’non.
Oui car certains ont avancé que les noms des têtes d’affiche n’étaient, dans leur majorité, pas ceux trustant le haut du pavé des gros festivals (Allemagne, Belgique, Pays de la Loire, si vous m’entendez...). C’est pas faux me souffle Perceval mais, je le répète haut et très fort : ON N’EST PAS AU WACKEN / GRASPOP / HELLFEST ! Donc avec les noms de cette année, il y aurait pu avoir un petit effort supplémentaire de la part du public pour se déplacer en périphérie nancéenne les deux premiers soirs. Oui donc car ces deux premières soirées n’ont pas fait le plein et seule la grosse machine du dimanche en provenance de Des Moines, Iowa aura fait se blinder le site. Et non car, pour le prix des pass journée ou la formule complète œuf-jambon-fromage – comprendre le pass 3 jours, on est à peu près dans une fourchette standard des tarifs de concerts avec des noms très établis – hors forfaits VIP cependant. SAXON, POWERWOLF, EUROPE, DREAM THEATER, MASS HYSTERIA, SLIPKNOT pour le haut du panier, c’est pas de la gnogotte quand même ?! Alors ? Public fainéant, frileux de la bourse – aucune d’entre elles n’ont eu à subir de mauvais traitements – un peu blasé ? Je dirais un mélange des trois. A l’approche de l’été et des trempettes, je ferai donc l’analogie en disant qu’elle a l’air un peu froide comme ça mais une fois qu’on est dedans, elle est bonne. Donc ouais les aminches, fallait se mouiller un peu, y aller et en nageant – surf crowd! – se rendre compte à l’arrivée qu’on s’éclate bien. « Dis Tonton Jéjé, c’était comment la musique alors ? » « Allez viens mon petit, prends tes BN, je vais tout te raconter. »
Jour 1 : vendredi 6 juin
A 17 heures pétantes, l’ancien guitariste de WHITESNAKE, le Néerlandais Adrian Vandenberg s’avance et étrenne la sono en faisant résonner un set exclusivement constitué de morceaux du Serpent Blanc, plus précisément extraits des albums « Whitesnake » (appelez aussi « 1987 » et paru en... 1987. Sans déc’ ?!) et « Slip Of The Tongue » (1989) qu’il a, pour ce dernier, composé seul hormis le titre "Fool For Your Loving" qui se trouvait à l’origine sur « Ready An’ Willing », sorti en 1980. Y’a des dates, des faits, des noms, je vous le concède, j’ai l’impression de faire cours d’Histoire-Géo. Accompagné par l’excellent chanteur Mats Levén, le blond six-cordiste aligne les hits du haut de ses 71 ans (eh ouais, ça nous en fiche un coup...) sans en mettre une à côté, doté d’un son très satisfaisant pour profiter de ces compositions et soli intemporels, permettant au public à majorité grisonnante et dégarnie de se rappeler ses jeunes années au son des "Bad Boys", "Crying In The Rain", "Fool For Your Loving", "Give Me All Your Love", "Here I Go Again", "Judgement Day" avant de prendre congé sur un "Still Of The Night" définitif. Pas d’esbroufe, un logo en fond de scène, une paire de jeans et quelques amplis Marshall, l’essentiel est dans la musique.

Du blond encore, peroxydée cette fois, avec la chanteuse cornue Noora Louhimo – je parle de sa tenue de scène et non de sa vie privée – et le groupe BATTLE BEAST qui se voient déjà plus grandiloquents dans leur approche. Remise de sérieux problèmes de santé survenus en 2023, on est heureux de constater que la vocaliste assure la prestation de voix de maître(sse), le sextet piochant dans ses trois derniers albums de façon équilibrée, proposant également en avant-première les versions live de deux chansons qui figureront sur l’album « Steelbound » à paraître en fin d’année : "Last Goodbye" tout d’abord et le morceau-éponyme. Propre, carré, entraînant, fédérateur, le public adhère avec force voix et bras levés au heavy/power metal du gang finlandais. Au passage, (Initiales) BB sera en tournée à la rentrée dans l’Hexagone si vous aviez loupé l’info.

Avant les trois dates prévues en septembre à Paris, Nantes et Toulouse, les vétérans de SAXON montent sur scène avec l’assurance de vieux briscards, nantis d’un répertoire constitué de tables de loi du heavy metal. C’est clair qu’avec un tel juke-box à disposition, il n’est pas aisé de monter une set-list. Mais un peu de diversité serait de bon aloi, les concerts ayant tendance à se suivre et se ressembler, un seul morceau différant de leur dernière prestation en France l’an dernier lors du Hellfest. Alors ok, le récent et excellent « Hell, Fire And Damnation » est mis à l’honneur par trois salves ("Hell, Fire And Damnation", "Madame Guillotine" et "1066") mais on aurait aimé que l’arrivée de Brian Tatler (DIAMOND HEAD) à la guitare leur donnent l’envie de dépoussiérer le catalogue et d’aller piocher dans une discographie féconde qui ne manque pas de hits. Un peu comme lorsque Axl Rose avait assuré l’intérim chez AC/DC et remis au goût du jour quelques vieilleries. Ok à nouveau, on ne boude pas le plaisir d’entendre et réentendre, même pour la énième fois, "Wheels Of Steel", "Dallas 1 PM" ou le final sur "Princess Of The Night". Lors de "Denim And Leather", un gimmick toujours sympa où Biff Byford emprunte aux spectateurs du premier rang quelques vestes patchées pour les distribuer au groupe qui les enfilent – les vestes, ils enfilent LES VESTES, bandes de nazes !!! – avant d’interpréter le titre. Reste maintenant à savoir si, arrivant au terme de sa carrière, SAXON a encore envie ou non de faire plaisir à ses fans ou bien s’il se contentera de cachetonner les festivals avec des set-lists idoine.

Première de cordée sur le "Summer Of The Wicked Tour 2025", la France accueille les Allemands POWERWOLF, la vingtaine échevelée, le groupe ayant démarré en 2004. Quel parcours pour cette formation qui, depuis quelques années, gravit les échelons de la hiérarchie metal un par un, s’étant hissée progressivement jusqu’au faîte des affiches. Le nombre de t-shirts estampillés d’un loup est tout bonnement ahurissant et on peut donc logiquement en déduire que la formation joue en terrain conquis. Le décorum de cathédrale en ruines est prêt, la grand-messe peut commencer et le lycanthrope foule les planches, s’élançant hurlement en tête sur la bénédiction "Bless ‘Em With The Blade". Amen. Là encore, festoche oblige, pas de prise de risque, la carte de la sûreté est de mise et pendant 1h30 sont déroulés les meilleurs titres des quatre derniers albums plus deux-trois reliques sauvées des limbes ("Werewolves Of Armenia" plus la doublette de fin de gig "Sanctified With Dynamite" et "We Drink Your Blood"). Heureusement cependant que l’audience est tout acquise au chanteur Attila Dorn et à ses sbires car le temps passé à parler entre les titres est tout bonnement désespérant. Un morceau de 3mns 30 ? Un discours de 2mns ! Et ainsi de suite tout au long du show... Une dynamique inexistante qui n’empêche pas les dévots de sauter, chanter en chœur et répondre aux invectives d’Attila, s’avérant comme à l’accoutumée plein d’entrain et s’exprimant dans un français remarquable (ça fait toujours son petit effet chez nous, bien joué). Mais on ne peut s’empêcher de penser que ces longs palabres et sketchs avec le claviériste/zébulon Falk privent les fans de morceaux supplémentaires. Et puis, vu qu’ils sont des mêmes contrées, on va faire un parallèle et dire que les rapports entre chanteur/claviériste évoquent forcément le kolossal RAMMSTEIN sauf que les deux ne jouent pas dans la même cour d’école... « Un peu moins de bavardages au fond s’il vous plaît, merci. »

Jour 2 : samedi 7 juin
« Straight from Los Angeles, California, please welcome WINGS OF STEEL !!! » L.A. baby ? Ben oui, ça en étonnera plus d’un car la NWOTHM (pour New Wave Of Traditional Heavy Metal) est plutôt l’apanage de formations européennes voire scandinaves, le nom d’ENFORCER venant en premier à l’esprit de bibi. Mais l’honneur est sauf, le chanteur Leo Unnermark est suédois, ouf ! Comme téléportés des 80’s via l’USS Enterprise, le quintet n’évite aucun écueil ou poncifs du genre mais force est de reconnaître que ça marche sur un public très réceptif bien qu’encore clairsemé. Loin d’être ridicule donc, WINGS OF STEEL assure le show avec, au micro, un Unnermark atteignant les cimes des plus hautes notes sans forcer lorsque Parker Halub quant à lui, étale sa dextérité et maestria à la six-cordes tous muscles – qu’on aurait aimé huilés mais bon, c’est comme ça... – et crinière dehors. Nantis d’un EP et deux albums dont un « Live In France » enregistré à Lille en 2024, WINGS OF STEEL aime la France qui le lui a bien rendu à nouveau. Histoire de le tester en condition live, le premier extrait de leur prochain album, "Winds Of Time", passe l’épreuve du feu haut la main si on se fie au retour bruyant du public. A suivre.

Vient ensuite VANDEN PLAS (eh ben dis donc, ça en fait du VANDEN ce week-end…), adeptes d’un metal progressif qui convient à la couleur du jour, si l’on se réfère à un groupe d’américains maitre-étalon en la matière et s’apprêtant à jouer quelques heures plus tard. Un line-up qui accueille depuis peu en son sein le claviériste Alessandro Del Vecchio que les adeptes du label Frontiers Music SRL connaissent bien puisqu’il l'a dirigé. Andy Kuntz – aucun lien – au chant et l’excellentissime Stephan Lill à la guitare piochent dans la quasi-intégralité de leurs albums afin qu’en 1h soit effectuer une révolution autour de leur discographie, l’accent étant logiquement mis sur le petit dernier en date, « The Empyrean Equation Of The Long Lost Things ». Une formation injustement méconnue du grand public et un vrai coup de cœur de votre serviteur. Les franciliens seront bien avisés d’aller les voir au Forum de Vauréal (95) où VANDEN PLAS se produira le vendredi 14 novembre. Vous voilà prévenus.

Comme SAXON la veille, EUROPE en configuration festival est un juke-box vivant et une DeLorean musicale. Lorsque les Suédois tournent en tête d’affiche pour promouvoir leurs albums, excellents et d’une qualité constante il faut le souligner, ils peuvent se permettre de mettre en avant leurs dernières compositions, ce qui n’est pas le cas en festivals et c’est bien compréhensible. Aussi active-t-on le mode [groupie-fan /ON] lorsque le club des cinq choisit de commencer son concert avec "On Broken Wings", face B du single "The Final Countdown" et d’enchaîner avec "Rock The Night". La double gifle est magistrale et EUROPE n’aura cesse de planter des clous dans le perf’ à grand renforts de boulets de canon qui rivalisent avec les plus récentes "Last Look At Eden", "Walk The Earth" et la très heavy "War Of Kings", rappelant à ceux qui ricanent dans le fond que l’on a un groupe de hard rock extrêmement solide, classieux qui plus est, bénéficiant de l’aura de son chanteur Joey Tempest (« Quel bel homme » rappellerait Jack Lang) et d’un guitariste bluesy en diable, John Norum, au four et au moulin, donnant du grain à moudre aux mauvaises langues. Pour mémoire, en 2018 au Hellfest, même les black métalleux et leur corpse paints ou adeptes de chapelles extrêmes avaient posé genou à terre et fait comme tout le monde, à savoir chanter l’intro et le refrain de l’hymne universel "The Final Countdown" qui referme bien évidemment et comme à chaque fois leurs concerts, ayant ainsi interprété ce jour les faces A et B de ce single. EUROPE aura une fois de plus été impossible à prendre en défaut au travers de quatorze chansons, faisant uniquement l’impasse sur la période 1991-2006 mais, je le rappelle, nous sommes en festival. Putain, que c’était bon, vivement la prochaine !

Ce n’est qu’à quelques minutes de l’entrée en scène de DREAM THEATER que je réalise soudainement que l’homme derrière le méga-kit de batterie ce soir sera à nouveau Mike "Octopus" Portnoy, de retour au sein du groupe qu’il a cofondé après une absence de treize ans, retour célébré par un nouvel album sorti il y a quelque mois, « Parasomnia ». C’est d’ailleurs avec l’un de ses titres, "Night Terror" que DT (pas de chichis, restons simple) entame les hostilités après une introduction visuelle sophistiquée au cours de laquelle on embarque dans un vaisseau spatial qui traverse l’espace-temps, les visuels des albums du groupe défilant sur l’écran. Petite mise au point/poing : ce groupe ne fait pas dans la demi-mesure, on aime ou on déteste. Et ceux qui critiquent sont logiquement ceux qui détestent mais qui assistent pourtant à leurs concerts. Va comprendre l’ambivalence mais aujourd’hui, plus rien ne m’étonne. « Le son était pourri », « LaBrie met tout à côté », à chaque fois c’est la même !!! Alors certes, la voix de James LaBrie divise, ayant moi-même mis du temps à m’y habituer, je peux le concéder. Mais je ne verrais personne d’autre à sa place, le grand gaillard faisant partie de l’identité sonore du groupe, point barre. En tout cas, hormis quelques passages flottants pouvant être mis sous le coup des conditions sonores que le groupe a sur scène (on aura pu l’observer demander à son ingé-son scène de régler les retours), il a fait le job de façon convaincante. Et puis hein, il n’est pas non plus la pièce maîtresse vu la longueur des parties instrumentales. Pour le son pourri, (r)achetez-vous des oreilles, mettez des VRAIS noise breakers au besoin et pas des vieux bouchons mousse qui filtrent des fréquences, les gens... Car personnellement, plein axe à dix rangs des barrières, je me suis bien régalé.

John Petrucci, appliqué comme de norme, reste et restera à jamais inaccessible au commun des gratteux. Ah oui c’est vrai maintenant que j’y pense, ses collègues aussi ! S’évertuer à rester concentré sur un seul musicien lors d’un titre s’avère d’ailleurs une expérience immersive permettant de se rendre compte individuellement à quel point la complexité d’exécution est poussée. Portnoy lui, avec ses trois grosses caisses, navigue l’air de rien entre deux kits de batterie tout en donnant de la voix aux chœurs lorsque nécessaire. Côté set-list, quelques belles pépites heavy en symbiose avec le thème de cette manifestation telles que "The Enemy Inside", "A Rite Of Passage" et "Panic Attack" quand la planante "Peruvian Skies" sera l’un des moments forts du show incluant des extraits de "Wish You Were Here" (PINK FLOYD) et "Wherever I May Roam" de qui-vous-savez. Sans surprise, "Pull Me Under" achève les sceptiques dans la fosse (aucun mérite, je l’ai piquée à Manard d’ULTRA VOMIT) et ceux qui ont fait l’effort de rester jusqu’au bout de repartir sous des cieux "zétoilés" en attendant, côté actu, la date de parution d’un album live enregistré lors de leur passage à l’Adidas Arena de Paris le 23 novembre dernier.

Jour 3 : dimanche 8 juin
La météo se prénomme Max et menace le public en ce jour dominical, rien de plus désagréable généralement en fin de week-end. Et il n’y a que NOTHING MORE pour conjurer le sort pour le moment. Pas la came à ma pomme mais le genre de groupes qui cartonnent aux USA, à l’instar d’un SHINEDOWN ou d’un SKILLET. A mille lieues du style des patrons du jour, la formation texane de metal alternatif force le respect de par sa longévité, fondée en 2003, et par la longue période qu’elle a eue à éditer des albums indépendants tout en luttant contre les multiples changements de line-up ayant émaillé son parcours. Vous serez étonné aussi d’apprendre si vous ne suivez pas le groupe, que le chanteur Jonny Hawkins fut le batteur de 2003 à 2009 avant de prendre les devants (de scène) et le micro. Charismatique et doté d’un organe puissant, il sait comment mener une foule et celle de Nancy se range à ses côtés dès "Carnal", premier des cinq extraits de son dernier album en date, « Carnal », sur les neufs chansons interprétées ce jour, c’est dire s’ils défendent bien leur petit et c’est tout à leur honneur.

Un changement de style pour le moins radical à l’entrée de RISE OF THE NORTHSTAR et son mixage qu’on dira fusion (musique metal sur voix rappée). Fortement influencés par la culture japonaise et plus particulièrement celle des mangas, le décorum où se trouve notamment un (faux) cerisier japonais en fleur rend plutôt bien. Cela change des crânes et des visuels macabres pour le coup. Hormis la section rythmique arrivée en 2023, le reste du crew est en place depuis un bon moment mais on ne sent pas de différence et le groupe d’évoluer comme un gang. Musicalement, ça tricote bien et ROTN s’appuie fort logiquement sur le récent « Showdown » et, plein d’audace, se permet de dégainer un nouveau morceau, "Neo Paris". Le chanteur Vitha lui, a fait tomber le masque, ses cheveux aussi apparemment et l’on entraperçoit à peine ses yeux sous sa casquette vissée. Le gaillard arpente la scène de long en large, harangue les premiers rangs constitués de jeunes fans ou excités du jour et le tout fonctionne pas mal du tout au vu du retour public. Cependant, l’attitude du chanteur Victor "Vitha" Leroy est emplie de clichés (manquait plus qu’un « Yo zy’va » en guise de cerise sur le chinois) et les postures empruntées aux cadors du genre ne lui permettent pas de s’approcher de leur légitimité. C’est bien peu de reproches à faire à cette formation qui s’appuie pourtant grandement sur son vocaliste kawai. J’arrive donc un peu tard me direz-vous, ROTN étant dans la place depuis une quinzaine d’années et ne suis peut-être qu’un vieux con (« pourquoi peut-être ? » arguent déjà certains, Vitha en tête) mais ça me tenait à cœur de le dire, biberonné que j’ai été au son du hip-hop US 80’s entre autres.

MASS HYSTERIA est dans la place et, une fois encore, en haut de l’affiche. On ne va pas à nouveau narrer le chemin ascensionnel que parcourt le groupe depuis une très grosse trentaine d’années maintenant mais on les en félicite encore. S’appuyant à Nancy sur ses albums-phares « Matière Noire » et « Maniac », le groupe joue la carte du tape-fort/tape-dur, un raisonnement somme toute logique en termes de cohérence ce jour et de grosse configuration. Même les extraits choisis des deux volumes de « Tenace » sont ceux qui envoient le bois comme on dit. Exit donc les festives "Furia" et "Respect To The Dance Floor" qui ont plus leur place en salles avec un public autre qu’en apéro de SLIPKNOT. Choix de set-list judicieux donc et ici, pas le temps de débander, MASS la joue be aggressive même si les tempos restent globalement les mêmes et donneront parfois aux néophytes une sensation de redite dans la durée.

Pour la couleur du jour dans le public, on observe 1/3 de t-shirts MASS et 2/3 de SLIPKNOT, belle démonstration de force et de solidarité de leur fan-base, l’Armée des Ombres, qui n’hésite jamais à faire des kilomètres pour les supporter. Entre circle-pits, wall-of-death et slams, voilà un beau moment de communion et un sérieux échauffement avant la suite. Côté musiciens enfin, Mouss est très en verve et s’empare bien d’un public hyper réceptif. Les interactions de Jamie sont toujours bienvenues mais je les trouve plus efficaces dans un cadre de pluralité de nationalités, le Hellfest l’an dernier ayant été un parfait exemple de ce binôme. Là, ils se marchent parfois dessus et donnent une impression d’amateurisme malvenue. Son aide aux chœurs donne par contre toujours plus de corps aux morceaux et on ne peut que les encourager à perdurer en ce sens. Du côté des six-cordistes, rien à signaler, Fred Duquesne et Yann "Muscle" Heurtaux sont irréprochables. En fond de scène, ça tape-fort/tape-dur (again!) avec un Rapha qui se pose toujours là et bien là. Merci les gars, je ne sais pas pour vous fidèles lecteurs mais moi je ne m’en lasse pas.


« Here comes the Knot! » En parlant de DeLorean pour EUROPE plus haut, je ne croyais presque pas si bien dire mais c’est ici sur les réminiscences d’une Pontiac Firebird Trans Am 1982 à calandre luminescente rouge que l’on voyage. Et oui, vous l’aurez deviné, je parle bien de l’insolente KITT. Le thème de la série Knight Rider (K 2000 en France) introduit l’académie des neuf sur scène avant que ne retentisse les bandes de "742617000027", préfigurant vous l’aurez deviné encore, le culte "(sic)" qui fait juste péter un câble à l’assistance. Vu d’en haut, je vous assure que le pit s’excite méchamment dans ces premiers instants et ce n’est pas "People = Shit" (« Iowa » en 2001) qui vient ralentir la cadence. Appelez-ça le double effet Kiss Cool ou double lame Gillette, en tout cas, ça remet les idées en place.
SLIPKNOT a fêté l’an dernier les 25 ans de son premier album et celui-ci est toujours à la noce avec cinq titres sur les quatorze de la soirée. C’est d’ailleurs un triptyque apocalyptique (et ça rime !) qui clôturera la boucherie lors du rappel avec l’enchaînement "Spit It Out" préfigurée elle-même par la délicate "Mudslide" (on vous laisse chercher de quoi il retourne si vous n’êtes pas un initié), "Surfacing" et "Scissors". Les plus récents « We Are Not Your Kind » (2019) et « The End So Far » (2022) auront aussi leur place à table, ce qui permet de constater que l’hydre ne la joue pas nostalgie uniquement. Ce qui fera surtout plaisir, c’est l’entrain et la jovialité de Corey "8" Taylor qui trancherait presque avec le côté bourrin et sérieux de l’affaire. Les derniers passages du groupe en France ne l’ont en tout cas pas vu à pareille fête. Il demandera aux fans d’applaudir Shawn "Clown" Crahan, absent, nous expliquant avoir été retenu pour raisons familiales. Pilier de la formation, on s’était aperçus d’entrée de son absence, merci Coco. L’autre membre à applaudir n’est autre que Eloy Casagrande, batteur-transfuge de SEPULTURA, encore une fois plus qu’impressionnant. Il ne fera bien sûr jamais oublier Joey Jordison mais on peut dire qu’il porte le flambeau avec une fougue et une assurance que Jay Weinberg, son prédécesseur et avec tout le respect qu’on peut lui porter, n’avaient pas. 1h40 d’entreprise de démolition sonore acquittée avec brio. SLIPKNOT est venu, SLIPKNOT a vu, SLIPKNOT a (encore) vaincu.
Le p’tit débrief de fin de parcours s’avère totalement positif même si, on l’a dit, la jauge n’a pas affiché complet chaque soir mais un bon bilan tout de même, ouvrant le champ à une troisième édition qui se déroulera les 5, 6 et 7 juin 2026, même endroit et – on le suppose – mêmes heures. Une troisième édition qui se voudra quitte ou double, ce genre d’événements devant se reposer généralement sur plusieurs essais pour savoir s’il peut être transformé sur le long terme. On se doute que l’affiche restera majoritairement heavy metal mais il faudra effectuer des choix judicieux pour que chaque soirée voit le public répondre présent et faire de cet événement un rendez-vous annuel pérenne, c’est en tout cas à souhaiter vivement, les initiatives de ce genre dans le milieu metal étant à soutenir par tout amateur de musique de sculpteurs de menhirs comme dirait notre bon Tonton Zégut. Métalleux, métalleuse, hardos pour les vieux dégarnis (je peux me permettre, j’en fais partie !), tu sais où c’est, t’as les dates, tu sais quoi faire donc. Alors à l’année prochaine, nan ?! Si !!
Portfolios : Jour 1 - Jour 2 - Jour 3
